12 mai 2015

Sous assistance respiratoire

C-est-mon-choix_portrait_w858 

La logique de la laïcité, c’est que la société ne présage pas de l’existence ou de la non-existence de Dieu, et qu'elle réside en terrain neutre, laissant au seul individu la prérogative du religieux. A lui de décider.

Du domaine religieux, cette logique semble à présent s'étendre à celui de la vie elle-même : ce qui transparaît du débat récent sur le suicide assisté, ou même celui sur la suppression du délai de réflexion obligatoire pour l’avortement, c'est que la société, idéalement, ne devrait pas entretenir d’a priori plus favorable envers la vie qu’envers la mort. Elle devrait observer une sage neutralité et laisser l’individu juger seul.

D’un côté on ferait savoir au mourant que rien ni personne ne le retient s’il lui prend l’envie d’en finir. De l’autre, il ne faudrait surtout pas ralentir la décision d’une personne qui a choisi d’interrompre sa grossesse.

Après tout, qui sommes-nous pour attribuer une valeur à la vie en dehors de celle que lui accorde l'individu concerné ? Sous l'angle de la Raison, pourquoi aurait-on une meilleure disposition à être qu'à ne pas être ? A l'individu, désormais, de confirmer à chaque étape de sa vie qu'il souhaite bel et bien poursuivre. On promet de ne pas l'influencer dans son choix !

Si tu veux de l'oxygène tape dans tes mains !

Ce qui motive cette vision des choses bien entendu, c'est un supposé attachement absolu au libre arbitre. Mais, ce que l’individu a le droit de penser (par exemple que la vie ne vaut pas ou ne vaut plus la peine d’être vécue), la société n’a pas forcément à se le permettre. Nous avons là un habile tour de passe-passe rhétorique qui interchange les échelles individuelle et sociale auxquelles se situe le débat. Le mariage pour tous avait déjà fait le coup, en remplaçant l’égalité de tous les couples devant le mariage par l’égalité de tous les individus. Merdoiement dans les unités de mesure !

Ce que l’individu a le droit de penser de la vie, la société n’a pas à se le permettre, et il est heureux que mon médecin ou mon système de santé ait un préjugé favorable à la vie plutôt qu’à la mort, qu’il ne soit pas tout à fait impartial, voire qu’il se fasse un « pro-life » un peu emmerdant ! A contrario, il est symptomatique qu’une société rechigne à être catégoriquement affirmative envers la valeur de l’existence. Sous l’amour du libre arbitre, se cache un empressement morbide (mais se cache-t-il encore ?), le signe d’une société terriblement fatiguée, attirée par le vide, cherchant à regagner la sortie.

Ces histoires ont enfin ceci d’effrayant qu’il ne se trouve bientôt plus personne pour comprendre que tout n'a pas sa solution dans la loi et qu’il puisse exister des domaines où l’Etat cesse de jouer un rôle. L’homme a une existence antérieure à l’Etat, une liberté en dehors de la société. La mort, le suicide, devraient paraître une frontière suffisamment évidente derrière laquelle tout s’arrête et derrière laquelle l’homme doive s’avancer seul, sans plus personne.

2 commentaires:

  1. Je chercherai les défauts plus tard, pour l'instant, faut l'avouer, c'est bien écrit.

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  2. Belle synthèse.
    Tu es pro-avortement/euthanasie, tu es un chouette humaniste, républicain, caractéristique d' un esprit libre.
    Si tu es un anti, tu as dû te faire endoctriner par l' esprit réactionnaire des puissances vaticanes obscures(si, si, rapelle-toi le da vinci code).
    C'est pas grave, si toi tu es irrécupérable, Big najat récupérera au moins tes enfants.

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