12 juillet 2014

Le son du jour qui lui brise son coeur de garce


Après la vidéo de Bill Withers, la semaine dernière, on m'a demandé si j'avais une music list soul sous le coude, pour diffuser. Ce n'est pas vraiment le cas. En matière de musique comme en général, rien ne vaut les découvertes qu'on fait par soi-même, au gré des conseils et des hasards. Ceci dit, puisque j'évoquais 1972 comme une année remarquable, restons-y.

1972, Stevie Wonder a déjà dix ans de carrière derrière lui, bien qu'il ne soit âgé que de 22 ans. Il sort l'album Music of my mind, très grand cru. Il y joue tous les instruments (sauf une partie de trombone et, ici, la guitare solo) et donne la mesure de ce qui va devenir sa période classique, sa décennie miraculeuse. Il se place au sommet de la soul et définit pour quarante ans sa grammaire. Nos chanteuses actuelles de néo soul n'arrivent toujours pas à sortir du phrasé du maître, comme si plus rien n'était possible après lui. Elles ne manquent pas de voix, ces petites, mais elles manquent totalement d'intérêt. On ne fait pas de la soul après Stevie Wonder, c'est tout. Et puis, on ne peut pas chanter cette musique si le moindre soupçon d'y avoir un intérêt commercial subsiste. La soul, c'est sincère, c'est religieux, ou ça n'est rien du tout.

Superwoman (Where Were You When I Needed You) est une chanson en deux parties, deux parties bien distinctes, comme son titre à rallonge l'indique. Autant le dire tout de suite, la première partie ne me semble pas exceptionnelle. C'est une chanson comme Stevie Wonder et d'autres soul men en ont fait beaucoup. Mais à partir de 3.05, la deuxième partie nous entraîne dans un des plus beaux morceaux soul jamais réalisés, tout simplement. Où étais-tu quand j'avais besoin de toi l'hiver dernier, chante Stevie Wonder, il ne dit presque rien d'autre que ça, et pourtant le morceau prend une ampleur épique, chaud et vivant comme le feu d'un amour bafoué. La mélodie atteint immédiatement son but : le cœur. Et l’orchestration fait le reste avec une sorte d’évidence insensée. C’est le propre des grandes chansons d’amour : elles font passer la perfection pour de la simplicité. Elles nous consolent des sommets, qu’elles déposent là, entre nos mains.




2 commentaires:

  1. "un des plus beaux morceaux soul jamais réalisés"
    T'as été privé de soupe quand tu étais gamin ?

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  2. Non, j'ai eu de la soupe, du pot-au-feu, choses chaudes et qui font du bien.
    Les salsifis à l'eau et les cornichons, je les laissais aux autres. Une habitude que j'ai prise.

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