28 février 2013

Bienvenue en IndigNation

Remember Stéphane Hessel... (Publié en janvier 2011)
Stéphane Aisselle
« 93 ans. La fin n’est plus bien loin. ». Dès le début d’Indignez-vous, il vous prend comme un regret… L’âge a manqué un brin d’avancement. Une ultime promotion qui se sera fait cruellement attendre, et ne nous aura donc pas épargné l’adoubement de Stéphane Hessel par le Spectacle, en tant que dernier super héros des droits de l’homme, promotion 48. Indignez-vous, une bienpensance testamentaire manifestement écrite à titre posthume... L’âge n’est pas une excuse au terrorisme intellectuel ! Que diable l’a-t-on sorti de sa maison de retraite dorée d’ancien dignitaire ?! Indignez-vous nous intime-t-il, telle une métaphore de son incontinence.
« Buvez ! Ceci est ma pisse !»
Hessel, c'est donc le héraut qui débarque à H - une sec avant destruction terminale du monde par la bête immonde, dont on sait aujourd’hui qu’elle peut porter blush et gloss. Le grand bluff dans cette passe d’arme ! Ne fallait-il pas déterrer le dernier des mohicans droitsdel’hommistes pour contrer la barbarie à visage féminin ? Cette bête immonde psychopathe dont on nous promet l’éternel retour du monde des assassins assassinés, tel un Jason de série B sous masque de hockey, tandis qu’avance une aliénation mentale sans précédent. Hessel est hanté par ses spectres ; les nazis ne sont définitivement pas morts, empêcheurs qu’ils sont d’accueillir festivement en rond… de chapeau ! A force de faire tourner les tables sur leur dos, ma foi, qui sait ?...

2012, l'odyssée terminale a un peu d'avance

Hessel, c’est l’arche de Noë de la pensée, Gandhi et Superman réunis. « Je suis convaincu que l’avenir appartient à la non-violence, à la conciliation des cultures différentes.» A coup sûr Indignez-vous est le pamphlet subversif de l’année, du siècle, de l’Histoire ! De la fin de l’Histoire, cet avenir dont on ne cesse de percevoir qu’il est désespérément dépourvu de tout futur… « Je me suis toujours situé du côté des dissidents », écrit-il. Que l’éternité est longue, surtout vers la fin, disait Kafka... Mais Hessel fait mouche, car à son invitation à l’insurrection pacifique, nous nous indignons avec Stéphane Hessel, ou plutôt contre Stéphane Hessel. Sitôt cette sénilité achevée, fruit d’un vieil homme qui s’est payé à moindre frais une immortelle épitaphe humaniste, nous l’avons offerte à l’hygiénisme crépitant d’un autodafé d’enfer. Devant l’éloge unanime, le salut rom(ain) synchronisé au vieux sage, au nouveau guide et gourou, en un authentique et assourdissant Heil Hessel ! nous nous insurgeons avec fatalisme. 500 000 exemplaires vendus, décidément, on ne pensait pas la France en si piètre Etat…

Numéro zéro
Tout d’abord, il convient de commencer par le début, la page numéro zéro de cet opuscule festivus fascistus.
« Indigène est une maison d’édition dédiée aux savoirs et aux arts des cultures non industrielles des Premières Nations – Aborigènes d’Australie, Indiens d’Amérique, Tibétains, Inuit, Maoris… - sans oublier les « Indigènes » de nos propres sociétés, ces pionniers, chez nous, qui entendent rompre avec les logiques mercantiles, protectionnistes, standardisées, tout en dégageant de nouveaux pôles d’autorité intellectuelle et de viabilité économique. »
Ainsi s’ouvre Indignez-vous, avec la présentation de cette maison qui édite « Ceux qui marchent contre le vent. » Nous commençons donc cette farce par un anachronisme juridique. Aborigènes, Indiens, Tibétains, pris à témoin et catapultés Premières Nations ? Que ne les expose-t-on sous vitrine dans un musée de la pensée politique, potentielle annexe du musée du quai Branly ?! On devine tout de suite que ces témoins, par leur dénominateur commun de supervictimes du Progrès, sont appelés à la barre pour éclairer le jugement du jury post-moderne sur la responsabilité de l’homme… blanc. « La pensée productiviste, portée par l’Occident », peut-on lire dans le corpus Christi Indignez-vous. Et non, n’oublions pas les « Indigènes de nos propres sociétés » que la maison d’édition propulse « pionniers », mais sans nous qualifier de quoi. D’une conquête ? D’une reconquête ? De la rétrocolonisation ? eux qu’on nous présente comme étant les seuls à « entendre rompre avec les logiques mercantiles, protectionnistes, standardisées », de l’homo oeconomicus. C’est tout Debord, qu’on entend crier de dedans ses quatre planches ! Cet incipit, on le croirait écrit de la main même de Die… Jacques Attali ! Ces Indigènes (notez la majuscule, car c’est une Nation qui se lève, tout droit sortie de la côte des non alignés), dont il nous promet l’importation en masse, ne sont-ils pas une chance pour la France ? Et en effet, car il est désormais déclaré qu’ils sont les nouveaux et uniques Prométhée autoritaires et jaloux, détenteurs du feu de l’innovation et de l’eau de vie filtrée de la viabilité, promulguée seule eau propre à la consommation par les nouveaux gardiens du Temple de la Bienpensance, dernière pensée autorisée avant terminus... Cette ligne éditoriale ne peut sonner à des oreilles qui lisent, que comme une déclaration de guerre. Autant dire qu’Indignez-vous, livre pacifique, commence fort mal, et avant même d’avoir débuté… Une page zéro, un matricule qui lui va comme un gant… de fer.

Le Père Noé de la pensée bien mise

Un auteur au dessus de tout soupçon
De la page zéro, passons directement à la posface de l’éditeur qui nous présente l’auguste auteur. D’origine allemande, Hessel est né « d’un père juif écrivain (…) et d’une mère peintre, mélomane ». La mélomanie serait donc devenue une religion ? Hessel a été naturalisé en 1937. De plus, mobilisé pendant la drôle de guerre, il s’exile en 1941 Outre Manche pour y rejoindre le Grand Charles. On lui confie même une mission de contre espionnage et le voilà parachuté en 1944 en France occupée. Il ne tardera pas à se faire arrêter par la Gestapo. Torturé, il sera déporté à Buchenwald et on vous passe détails et péripéties, vous les connaissez sûrement. Hessel additionne donc la figure d’un non juif de culture juive, celle de l’immigré naturalisé, et celles du résistant et du déporté. Quelle meilleure combinaison pour tuer dans l'œuf toute pensée critique de réplique ? Le réagissant sera forcément déclaré fasciste et pendu haut et court sur la Cène médiatique et pourquoi pas, dans ses cours judiciaires de récréaction. Tenez, ceci est le corps d'un faf : bouffez-le ! Tout ça fleure bon la manipulation. Stéphane Hessel serait-il la Liliane Bettencourt de la pensée ?...

Hessel nous est présenté comme le dernier survivant des rédacteurs de la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948.  « J’ai, avec d’autres, été amené à participer à la rédaction de cette déclaration. » Il y a de quoi tempérer l’assertion, alors qu’il occupait la fonction de secrétaire de la Commission des droits de l’homme. Mais le grand homme la joue humble ( en rendant à César !) : « Je ne saurais oublier, dans son élaboration, le rôle de René Cassin, commissaire national à la Justice et à l’Education du gouvernement de la France libre, à Londres en 1941, qui fut Prix Nobel de la paix en 1968. » Et c’est heureux, car il fut le principal rédacteur de cette déclaration, si bien qu’on la nomme souvent Déclaration René Cassin.

Avoir deux mains gauches, un handicap ?

Un livre qui ignore les ambidextres
Revenons à la postface : « Il va devoir sa consécration comme diplomate à « cette modification dans le gouvernement de la France, écrit-il encore, que constitue l’arrivée de François Mitterrand à l’Elysée », en 1981. » Stéphane Hessel est décidément intouchable, car sacré chevalier de la table ronde de gauche par son roi soleil. De plus, il ouvre son livre en se référant au Conseil national de la résistance qui comporte un numéro de renvoi vers la note suivante : « Créé clandestinement le 27 mai 1943, à Paris, par les représentants des huit grands mouvements de Résistance ; des deux grand syndicats d’avant-guerre : la CGT et la CFTC (confédération française des travailleurs chrétiens ; et des six principaux partis politiques de la Troisième République dont le PC et la SFIO (les socialistes). » Dans ce livre, nous sommes bien entre gens de bonne compagnie, et qu’importe si Charles de Gaulle, duquel se réclame également Hessel, n’a jamais fait partie d’aucun de ces mouvements. Cela dit, son admiration pour le grand homme s’accompagne très bien d’un léger coup de griffe : « Il fallait que l’Algérie devienne indépendante, c’était évident. » Et il en aura fallu du temps au Général pour se rendre à l’évidence… Passons sur l’appel d’Hessel à voter pour des Kohn Bendit ou des DSK, émis sur le plateau du Grand journal… La campagne présidentielle, tel le Vietcong, ne s’arrête même plus pour pisser… 

Faites des bizous pas la guerre

Cogito comme une gentille peluche, ergo sum
Les déclarations de bonnes intentions se tirent la bourre dans Indignez-vous. Elles pleuvent comme à Gravelotte !
« L’écart entre les plus pauvres et les plus riches n’a jamais été aussi important »,  « L’indifférence, la pire des attitudes », « dans ce monde, il y a des choses insupportables », « Il faut lui préférer (à la violence) l’espérance, l’espérance de la non-violence », « Il faut arriver à une négociation pour faire disparaître l’oppression », « Il ne faudrait pas ex-aspérer, il faudrait es-pérer », « Il ne faut pas laisser accumuler trop de haine », « Il est grand temps que le souci d’éthique, de justice, d’équilibre durable devienne prévalent. »
Oui, l’injustice, c’est mal. Les inégalités, c’est mal. Le réel, c’est très, très mal. Préférons-lui les contes de fée, les bonnes intentions qui pavent les grands boulevards en Enfer.
Hessel parle aux jeunes, et en un mot comme en sans, à l’avenir !  On est resté coi devant son intervention sur les antennes de Canal+, la chaîne spécialisée dans le fascisme consumériste pédophile. Comme il nous a rajeuni Denisot, le viel homme ! Hessel invite les jeunes à prendre le relais de l’indignation car le « motif de la résistance, c’est l’indignation ». Il précise :
« Je vous souhaite à tous, à chacun d’entre vous, d’avoir votre motif d’indignation. C’est précieux. Quand quelque chose vous indigne comme j’ai été indigné par le nazisme : alors on devient militant, fort et engagé. On rejoint ce courant de l’histoire et le grand courant de l’histoire doit se poursuivre grâce à chacun. Et ce courant va vers plus de justice, plus de liberté mais pas cette liberté incontrôlée du renard dans le poulailler. Ces droits, dont la déclaration universelle a rédigé le programme en 1948, sont universels. »
Encartez-vous (au PS) qu’y disait… Hessel nous enjoint de nous mobiliser contre le fascisme, dont l’étalon or restera à jamais le nazisme et qu’importe sa mise à jour light et qu’il avance désormais masqué de derrière un sourire humaniste Ultra bright, inhumain car figé, forcément cruel... On se demande s’il est bien utile de rebondir sur son hégélianisme de Bisounours.
« L’hégélianisme interprète la longue histoire de l’humanité comme ayant un sens : c’est la liberté de l’homme progressant étape par étape. (…) L’histoire des sociétés progresse, et au bout, l’homme ayant atteint sa liberté complète, nous avons l’Etat démocratique dans sa forme idéale. »
Sens de l’histoire qu’il contredit par ailleurs, dans un moment de lucidité, quelques pages plus tard :
« Nous sommes dans un univers de violence », « les risques les plus graves nous menacent. Ils peuvent mettre un terme à l’aventure humaine sur une planète qu’elle peut rendre inhabitable pour l’homme », « Les dix premières années du XXIème siècle ont été une période de recul. Ce recul, je l’explique en partie par la présidence américaine de Georges Bush, le 11 septembre ».
Tout est tellement simple, simpliste, simplet, à travers les yeux miros, aveuglés par tant de salons à dorure, de Stéphane Hessel, ce gentil diplomate du bien. Pourquoi le fascisme, s'interroge-t-il ? Les possédants, avec leur égoïsme, ont eu terriblement peur de la révolution bolchévique, nous répond-il. Certes, et le traité de Versailles n'a jamais mis à genoux l'Allemagne, ni exaspéré le nationalisme völkisch, avec le krach au cul de 1929 derrière... Et inutile non plus de s’interroger sur ce sens de l’Histoire qui nous amène par bétaillères volantes, en tongs et bermudas, sur des plages du tiers monde toutes conformes et ensoleillées, avec leurs cocktails parapluisés, et leurs dunes de béton enClubMédisées. Piteuse liberté de tourisme équitable. Une turista, une véritable chiasse en barre, sous vide, pour tout avenir radieux.
Citant Sartre, il nous rappelle également ce fabuleux progrès qu’est la solitude de l’homme post historique.
« Vous êtes responsables en tant qu’individus » C’était un message libertaire. La responsabilité de l’homme qui ne peut s’en remettre ni à un pouvoir ni à un dieu. »
Construction bien malheureuse de cette phrase toute en négation, censée scander la libération de la Liberté ! Et debout les morts, Hessel de déterrer les icônes pacifiques mondiales de la lutte pour les droits civiques :
« Le message d’un Mandela, d’un Martin Luther King trouve sa pertinence dans un monde qui a dépassé la confrontation des idéologies et le totalitarisme conquérant. C’est un message d’espoir dans la capacité des sociétés modernes à dépasser les conflits par une compréhension mutuelle et une patience vigilante. Pour y parvenir, il faut se fonder sur les droits, dont la violation, quel qu’en soit l’auteur, doit provoquer notre indignation. »
D’où peut-il bien tirer le dépassement de la confrontation des idéologies, quand une brève analyse de la situation nous promet le retour des guerres de religion (si tant est qu’elles aient cessé un jour) ? D’où tire-t-il le dépassement du totalitarisme conquérant, quand les Etats-Unis sont toujours en goguette en Irak et en Afghanistan, et aux quatre coins du globe, et que la Chine s'élève ? Quant à la question des droits, ma foi, vous savez tout de suite de quoi il en retourne quand il vous faut prendre avocat pour vous défendre. L’égalité était censée se résoudre juridiquement. Elle s’y est abominablement dissoute dans un acide d'hypocrisie.

Tout le monde a le droit de devenir un crétin

Le droit à l’école, le droit à la sécurité sociale
« L’idéal de l’école républicaine, trop au service d’une société de l’argent ». Et poum ! Nous voici en accord avec Stéphane Hessel, qui fustige, à sa décharge, l’argent roi. Cependant, le voilà déjà qui poursuit : « et ne développant plus assez l’esprit créatif et critique », sentence sonnant nouvelle pédagogie appliquée, dont on sait qu’elle a justement irrémédiablement atomisé l’école républicaine.
Référons-nous maintenant à une nouvelle note de renvoi, concernant le droit à la sécurité sociale inscrit à la Déclaration de 1948 : « L’accès à une complémentaire de qualité est désormais un privilège dû à la position dans l’emploi, que les plus fragiles renoncent à des soins faute d’assurances complémentaires ». Les éditeurs semblent ignorer les dispositifs de l’Aide médicale d’Etat, qui transforme certains de nos halls d’hôpitaux en véritables hôpitaux de campagne humanitaires sous tente, et la Couverture mutuelle universelle, dispositif qui ouvre sur des abus honteux, véritables escroqueries à la solidarité. L’assertion reste néanmoins vraie, et y compris pour le bas du panier de la classe moyenne…

United of drapeau tricolore

Le communautarisme pour tout horizon
Hessel y va également de son jet d’allumettes dans la flaque d’essence sur laquelle nous piétinons tous, nous rabâchant aux oreilles l’indépendance de l’Algérie (un passé instrumentalisé à des fins de division et de confrontation communautaire, qui attise la haine et détruit le ciment républicain) et consacrant une partie non négligeable de son pamphlet consensuel au conflit israélo-palestinien, perpétuant ainsi son importation critique sur notre territoire, et tout ça pourquoi, pour construire le citoyen de demain, celui de la Gouvernance mondiale, le fameux citoyen du monde, cet interventionniste solidaire aux vieux relents coloniaux, ce paternaliste bon enfant, chez lui nulle part et partout, toujours enclin à brandir son sauve-conduit, son supra et super droit d'ingérence estampillé à des fins humanitaires, partout où le mèneront ses pas, guidés par ses envies de découverte et d'aventure, l'air du temps.
« Il faut absolument lire le rapport Richard Goldstone de septembre 2009 sur Gaza, dans lequel ce juge sud-africain, juif, qui se dit sioniste, accuse l’armée israélienne d’avoir commis des « actes assimilables à des crimes de guerre et peut-être, dans certaines circonstances, à des crimes contre l’humanité » pendant son opération Plomb durci qui a duré trois semaines."
Et Hessel, lyrique, d’y aller de son portrait angélique, idyllique, des super victimes palestiniennes, dont nous sommes au passage à cent lieues de nier les souffrances :
« Plus encore que les destructions matérielles comme celle de l’hôpital du Croissant rouge par Plomb durci, c’est le comportement des Gazaouis, leur patriotisme, leur amour de la mer et des plages, leur constante préoccupation du bien être de leurs enfants, innombrables et rieurs, qui hantent notre mémoire. »
Que celui qui n’a pas la larme à l’œil me lance la première pierre de l’Intifada mondialisée par ce genre de discours manichéen.

Tir ami ?

Le terrorisme victimaire consacré
Bien sûr, la violence, c’est pas bien et c'est le vieux sage Stéphane Hessel qui nous l'dit ! Cela dit, elle se comprend parfois, y compris lorsqu’il s’agit d'expédier rockets sur des civils, et pourquoi pas, de se faire péter au milieu d'un bus, et nous ne parlons pas du RER parisien et du Tube londonien... Mais allons, nous savons bien qu’il n’ait pas de civil israélien. Inch Tsahal !
« On nous a confirmé qu’il y avait eu mille quatre cents morts – femmes, enfants, vieillards inclus dans le camp palestinien – au cours de cette opération Plomb durci menée par l’armée israélienne, contre seulement cinquante blessés côté israélien. »
« Seulement » ? Le saint homme semble regretter l’absence de morts israéliens, certainement pour mettre en lumière le déséquilibre, mais quelle triste phrase. Tandis qu’il omet de préciser la configuration du théâtre des opérations palestinien : une guerre menée au beau milieu des civils. Il ne s’agit pas d’excuser, mais d’expliquer, à l’instar de Stéphane Hessel, mais dans tous les sens, à moins de dénier une bonne fois pour toute à Israël le droit à une existence :
« Je sais, le Hamas qui avait gagné les dernières élections législatives n’a pas pu éviter que des rockets soient envoyées sur des villes israéliennes en réponse à la situation d’isolement et de blocus dans laquelle se trouvent les Gazaouis. Je pense bien évidemment que le terrorisme est inacceptable, mais il faut reconnaître que lorsque l’on est occupé (…) On peut expliquer ce geste par l’exaspération des Gazaouis. Dans la notion d’exaspération, il faut comprendre  la violence comme une regrettable conclusion de situations inacceptables pour ceux qui les subissent. L’exaspération est un déni de l’espoir. Elle est compréhensible, je dirais presque qu’elle est naturelle, mais pour autant elle n’est pas acceptable. Parce qu’elle ne permet pas d’obtenir les résultats que peut éventuellement produire l’espérance.»
Le meurtre, l’assassinat, d’origine résistante ou terroriste, sont donc à bannir, non parce qu’ils sont des actes inhumains, qui tuent (épargnons-nous l’usage du mot criminel, pour ne pas que le pied nous glisse dans le sang), mais parce qu’ils ne sont pas « efficaces ». Triste et barbare euphémisme… Et voilà le pompon, Pim et Pam !
« Se dire la violence n’est pas efficace, c’est bien plus important que de savoir si on doit condamner ou pas ceux qui s’y livrent. »
Une contradiction pour notre héros des droits de l'homme ? Peut-être pas, car là se dévoile peut-être bien la nature de l’indignation de Hessel : une indignation consécutive à une violation des droits universels, non suivie d’effets. C’est entendu, et nous voyons depuis longtemps en local, quel avenir cet angélisme criminel nous promet : l'impunité, l’enfer sur terre.

Paris under attack

Pour un lâcher de ballons insurrectionnel
Hessel nous appelle pour conclure à une « insurrection pacifique ». Nous passerons sur ses dernières contradictions concernant l’environnement et l’un des huit objectifs du millénaire tendant à réduire de moitié la pauvreté dans le monde d’ici 2015, qui en passera nécessairement par une production/consommation à l’impact écologique certain, même si l’on nous vend cette dernière rationalisée par la grâce des concepts de développement durable, de commerce équitable, de consommation juste, soi-disant purgée de toute espèce de résidu colonial. Nous nous interrogerons sur la nature d’un oxymore. Un oxymore est-il un paradoxe ? Un cul de sac ?  Nous nous focaliserons également sur cet appel à la jeunesse,
« Aux jeunes, je dis : regardez autour de vous, vous y trouverez les thèmes qui justifient votre indignation – le traitement fait aux immigrés, aux sans-papiers, aux Roms. », que nous combinerons à l’article 15 de la Déclaration des droits de l’homme de 1948, qui dispose que « Tout individu a droit à une nationalité. » (française ?) et à cet avertissement interdisant toute espèce de débat contradictoire : « Non, cette menace (barbarie fasciste) n’a pas totalement disparu. » Comment ne pas y voir un jugement définitif sur l’atavisme du racisme de l’homme blanc, sur fond de chantage au fascisme ?

Miss Tic, ghostwriter de Stéphane Hessel

Conclusion Miss Tic’s style
Hessel conclut ainsi, nous récupérant au passage in extremis :
« Aussi, appelons-nous toujours à une véritable insurrection pacifique contre les moyens de communication de masse qui ne proposent comme horizon pour notre jeunesse que la consommation de masse, le mépris des plus faibles et de la culture, l’amnésie généralisée et la compétition à outrance de tous contre tous. »
Pour nous reperdre aussitôt, à deux doigts du point final, dans un éclat de rire à se taillader les veines :
« A ceux et à celles qui feront le XXIème siècle, nous disons notre affection : CREER C’EST RESISTER. RESISTER, C’EST CREER. »

Bienvenue en indigNation

Hessel nous ordonne de nous indigner, quand le Spectacle n’a de cesse de nous aligner les scandales, sans que cela ne provoque plus que des tempêtes d'indignation dans un verre d'eau. Hessel prône la négociation, quand celle-ci n’est devenue qu’une machine à piéger la contestation, un simulacre. Alors que tout le monde festoyait pour en finir avec l’année 2010, la réforme du régime des retraites de droit commun était publiée au Journal officiel. Hessel nous commande de défendre les plus faibles, quand il en fait le tri ethnique, discrimine positivement, nous abandonnant au passage tels des chiens mal léchés sur une aire d’autoroute, coupables de tout. Allez ! Au rebus de l'humanité ! La moraline de Stéphane Hessel sent de dessous les bras. Indignez-vous n’aurait mérité pour toute critique qu'un silence gêné, respectueux de l'homme âgé, au coeur tendre et au passé de résistant passé, dépassé et repassé, un point de suspension : ... comme les ponctuations chevrotines vomies par le canon d'un fusil à pompe.
Tout le Spectacle au garde à vous, ça valait bien une canonnade. Nous souhaitons toutefois à Stéphane Hessel le prochain prix Nobel de la paix...
Indignez-vous ? Pfff. 
Révoltez-nous ! Pfff, même plus...
Enculez-vous  ! On pourrait prendre le risque d'y prendre du plaisir...

1 commentaire:

  1. Tu as systématiquement cités des passages écrits avec les pieds, c'est pas gentil. Tes procédés rappellent les heures les plus sombres de notre histoire !
    4 millions de gens ont lu cette prose sans disparaître d'indignation dans le cosmos ? ça paraît incroyable...

    Alors je préviens, au nom du CGB: un texte aussi mal branlé que "L’exaspération est un déni de l’espoir. Elle est compréhensible, je dirais presque qu’elle est naturelle, mais pour autant elle n’est pas acceptable. Parce qu’elle ne permet pas d’obtenir les résultats que peut éventuellement produire l’espérance.» n'aurait AUCUNE CHANCE d'être accepté sur ce blog.

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