24 janvier 2013

Emprunts russes

FRANCE-EMPRUNT

Au contraire de ceux qui feignent l’indifférence et prétextent qu’il y a des choses plus importantes, je trouve « l'affaire Depardieu » et les réactions qu’elle suscite absolument signifiantes. Elles en disent long sur notre société et notre époque.

Au moment où l’acteur est « parti » en Russie et que Brigitte Bardot menaçait de le rejoindre, on a pu entendre les sarcasmes de ceux qui, piqués au vif et vexés quoi qu'ils en disent, se réjouissaient, disaient tant mieux, qu’ils partent ! Et qu'en échange on accueillerait volontiers les trois Pussy Riot !

On entend ça et tout à coup les choses deviennent très claires. Tout à coup l’Hexagone se fracture selon une ligne très nette. Le monde se divise en deux catégories, Tuco ! Il y a ceux qui, sans même très bien les connaître, sans être particulièrement aficionados, pressentent tout de même qu’à eux deux, Depardieu et Bardot comptent pour un petit quelque chose dans l’imaginaire et le prestige français des 50 dernières années… et il y a ceux qui sur un coup de tête mettraient tout ça à la poubelle et le troqueraient en échange de l’apport culturel des Pussy Riot.

Pour eux, le deal est équitable : ils s’estimeraient quittes voire y gagneraient au change. Les Pussy Riot, groupe de punkettes comme il en existe dans toute ville de plus de 3 000 habitants, comptaient il y a quelques mois encore très exactement pour rien aux yeux du monde. Aujourd’hui, elles représentent à peine plus. Y compris dans l’esprit de ces gens qui les réclament en échange. C’est-à-dire qu'ils ne savent toujours pas qui elles sont, n’ont rien entendu d’elles, ne les connaissent absolument pas autrement que par l’écho, aussi tonitruant que passager, que les médias ont fait de leur scandale. En dehors de quelques curieux qui se seront peut-être donné la peine de cliquer sur un lien, personne n’a jamais entendu une seule de leurs chansons, ni ne réalise que ce qu’elles ont à leur actif se résume à des performances d’obscénité publique. Mais peu importe ! A leurs yeux, le symbole téléphoné d’une liberté d’expression bon marché muselée par la religion et la tyrannie vaut bien les centaines de films, la poignée de chefs-d’œuvre, les milliers d’images cumulés sur un demi-siècle de nos deux icônes culturelles. Ces gens-là ont fait leur choix : si l’une des deux œuvres est à démolir au burin, leur main ne tremblera pas.

 
destruction monuments

La question, dès lors, est la suivante : comment vivre avec ces gens-là ? Comment vivre parmi ces gens-là ? Comment constituer avec eux une seule et même société, une seule et même patrie ? Quelle communion est possible avec un voisinage qui a atteint un tel degré de nihilisme jovial ? Et en quoi, après tout, une Caroline Fourest qui se réjouit de « perdre » Depardieu si seulement elle obtenait les Pussy Riot, m’est-elle moins étrangère qu’un réfugié du Baloutchistan ? Ces personnes-là sont nos talibans. On parle de cohésion et d’intégrer l’immigration, mais le vrai défi qui exige qu'on se retrousse les manches serait en réalité de réintégrer ces autochtones déculturés.

Mais la tâche est immense, et plutôt que d'espérer les convertir, il semblerait plus aisé de convaincre les personnes qui ont encore la tête à l’endroit de partir, ensemble, tout recommencer en Sibérie.
A propos de l'emprunt russeAu cours du XIXème siècle, la Russie emprunte à plusieurs reprises des capitaux à la France. En 1917, elle déclare de façon unilatérale l'annulation de ses dettes. Plus d'un million et demi de Français qui avaient investi dans ces emprunts perdent leur placement. Dans les années 20, on révèle que la presse française, corrompue par le gouvernement russe à partir de 1900a fortement participé à promouvoir le placement des emprunts russes auprès du grand public. 

8 commentaires:

  1. Dans quel camp est-ce que vous rangeriez ceux qui comme moi ne veulent pas des pussy riot (qu'ils les gardent au frigo!) et qui en même temps n'ont plus que faire de deux anciens monstres sacrés qui certes font partie intégrante de notre patrimoine culturel mais qui en tant qu'êtres humains ont depuis largué les amarres avec la décence commune? En effet qu'est-ce qu'on a derrière le mythe? Un gougnafier égocentrique et aviné se croyant tout permis, faisant le tapin pour divers tyranneaux et une mégère hystérique prête à dézinguer du muslim pour sauver des moutons (quand on sait qu'en plus il y a en Russie quelque chose comme 17% de musulmans ça fait rire). Leur gloire est derrière eux mais les oeuvres marquantes que Gégé et B.B ont illuminé de leur présence seront toujours là, et c'est ce qui compte. Leur pauvre carcasses peuvent aller où bon leur semble.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je pense qu'on pourrait réconcilier tout le monde en décidant de rapatrier nos deux monstres sacrés, en les momifiant et en les exposant sous forme de "gisants" en la cathédrale de St Denis. Avec quelques photos et DVD habilement disposés autour, on ne garderait ainsi d'eux que les bons souvenirs.

      Supprimer
    2. Le blaireau-garou25 janvier 2013 à 20:44

      Ouais bonne idée, mais je crois que BB est déjà momifiée...

      Supprimer
  2. "Quelle communion est possible avec un voisinage qui a atteint un tel degré de nihilisme jovial ?"

    Ah mais pardon ! C'est tout à fait possible !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. C'est dans ''big lebowski'' des cohens qu'on a cette réplique
      ''C'est des nazis?ils vont nous casser la gueule ?'
      ''Non,c'est seulement des. Nihilistes''
      La preuve qu'on peut vivre avec....en se courant sur la gueule....
      Que du bon,si t'aimes la baston...
      Mais ça fatigue,à la longue...

      Supprimer
    2. Non, c'est impossible car les nihilistes coupent les zézettes...

      Supprimer
  3. Très bon article ! Tout à fait d'accord avec votre conclusion !
    Je me pose régulièrement la question quant à ce type de concitoyen beaucoup trop proches de leur suffixe. Par contre, tout recommencer en Sibérie... euh,, non, sans façon même avec quelques litres de Zubrowka !

    RépondreSupprimer
  4. J'ai halluciné quand j'ai découvert d'où venait l'expression populaire "iconoclaste".

    RépondreSupprimer