23 novembre 2011

Les évangélistes du numérique sniffent de la poudre d'informaticien concassé.


Le travailleur français est en première ligne pour se prendre les effets désagréables du mondialisme en pleine tronche. Parce que le travailleur français coûte trop cher. Le travailleur français, il exige une sécu, des congés payés, un salaire qui lui permette de payer un loyer à lui tout seul. Des privilèges qu'il est en train de perdre, comme l'atteste le dernier rapport de l'OMS, mais qu'il perd pas assez vite pour être compétitif. Alors en attendant qu'il se résigne à vivre au niveau du Brésil, on délocalise chez des peuples moins gourmands, prêts à bosser pour un bol de riz par jour.

Le mondialisme est un grand magicien: il y'a des secteurs comme ça où, abracadabra, plus y'a de l'embauche et plus y'a de chômage.

L'informatique, il y'a 20 ans c'était un métier de riche, parce qu'il y'avait très peu d'informaticiens. Aujourd'hui ils sont légion et, comme il faut bien répartir le fric, les salaires baissent. Le niveau des formations aussi. C'est donc en train de devenir un métier de pauvre. Alors on délocalise progressivement en Inde et en Chine.

Pour empêcher l'informaticien occidental de se révolter, on a mis en place un savant système de destruction psychologique afin de le pousser à la division, au silence, à la honte, au suicide et à la toxicomanie.

Un lynchage médiatique sournois.

A l'instar du rom, du musulman, du chômeur, du paysan ou de la viande à h.p., l'informaticien fait partie des bouc-émissaires publics sur lesquels on a le droit de chier en toute impunité.

L'informaticien est obèse, puceau, moche, sale, attardé mental, il bouffe que des pizza et du macdo, il est fan de star wars et passe son temps à mater des films porno. Alors allez-y, balancez-leur toutes les pierres que vous voulez à la tronche, ça fait du bien de se défouler sur des innocents et c'est sans risque.

Une révolution technologique tous les 6 mois.

Des commerciaux avec un charisme et des arguments de scientologue nous bombardent incessamment de news méga géniales qui nous expliquent que la programmation va devenir encore plus super high tech révolutionnaire.

C'est incroyablement facile de faire une révolution artificielle en informatique à partir du moment où on a le fric pour se payer du tapage médiatique. Investissez dans la promo d'une tentative de programmation de chat en javascript qu'un stagiaire dyslexique a complètement foirée, ça donne un truc révolutionnaire comme twitter.

Ces révolutions sont complètement bidon, parce que ça fait belle lurette que l'inventivité est complètement gelée côté programmation, l'innovation est plutôt côté hardware de frimeur et autres gadgets inutiles pour gros beaufs qui savent pas quoi foutre de leur fric. L'informaticien n'a déjà pas le temps de s'adapter aux machines qui changent sans arrêt, il passe sa vie à traduire des algos préhistoriques, en inventer des nouveaux est devenu le cadet de ses soucis.

Ces super géniales méga power top révolutions de la programmation servent en fait à justifier les licenciements. Bon coco, désolé mais c'est la révolution là, tes compétences sont démodées, allez hop, à la porte, t'avais qu'à passer tes nuits à t'auto-former au lieu de dormir.

Et, loin de se serrer les coudes entre eux contre les méchants escrocs qui les enculent, les travailleurs de l'informatique se livrent une guerre sanguinaire, chacun défendant bec et ongles la technologie qui le fait bouffer à un instant T. En plus le codeux se fait la guerre à lui-même à l'intérieur de sa tête, parce qu'il doit jongler entre plusieurs technos dont sa vie dépend.

Ca fait rêver, hein ?

Les formations d'experts en branlette.

Non seulement les révolutions-wanking justifient de jeter le travailleur à la poubelle, mais ça justifie également de ne plus jamais l'embaucher. On cadenasse la poubelle à double tour et direction l'incinérateur.

L'informaticien au chômage pour cause de désuétude est sensé faire des formations pour mettre ses compétences à jour.

Car c'est bien connu, le chômage c'est la faute aux chômeurs.

D'ailleurs, la famine c'est la faute des crève la dalle, ils avaient qu'à pas être pauvres. Les tremblements de terre c'est la faute des morts écrasés sous leur baraque, ils avaient qu'à se payer des baraques de riches. Et la pratique de la torture, c'est la faute des torturés, ils avaient qu'à courir plus vite.

Bon, je m'égare. Enfin, à peine.

Manque de bol, une fois qu'il a fini sa formation, il y'a de grandes chances pour que ses nouvelles compétences soient déjà démodées. Alors, histoire d'économiser du temps et de l'énergie, les formateurs leur enseignent des trucs complètement bidon pour les endormir.

Il y'a des types qui sont payés à former des développeurs, ou même à écrire des bouquins, alors qu'ils ne savent pas ce qu'est une propriété statique, une interface ou une adresse mémoire, qu'ils sont capables de confondre mosaïque et z-buffer, qui ne connaissent aucun langage à part le javascript, qui ignorent à peu près tout des concepts élémentaires de la programmation puisqu'ils vivent en récupérant du code gratuit à l'usage des bras cassés, voir en cliquant sur les boutons de générateurs automatiques de code.

Et j'invente rien, c'est des mecs que je connais.

Le développeur a donc bien plus de chances de se refaire en auto-formation, mais là encore c'est un terrain miné.

Première mine: les forums d'experts en overwanking qui racontent n'importe quoi, se la pètent à mort en balançant une tonne de termes techniques et autres noms d'algos savants auxquels ils ne connaissent strictement rien, ça fait classe de tartiner du jargon de frimeur, à les écouter on pourrait croire qu'ils sont spécialistes en tout et qu'ils ont dix carrières derrière eux. Il y'a d'ailleurs des centres de formation qui se sont spécialisés dans cette technique d'enfumage immonde et qui se sont fait des couilles en or en abrutissant les chômeurs. Non, non, je donnerai pas de noms, c'est pas que j'en ai pas envie, hein, mais la dernière fois que j'ai essayé, l'hébergeur a fermé mon site parce qu'il a été menacé de procès pour diffamation.

Seconde mine: les bouquins bidon rédigés par les escrocs des formations bidon.

Troisième mine: les sources super pédagogiques mais inutilisables vu qu'elles ne servent à rien. Toujours rédigées par les mêmes connards.

Décidément les fonblards sont partout.

Etant donné que l'informaticien n'est pas forcément un abruti, il peut être amené à comprendre que s'il s'est trouvé au mauvais endroit au mauvais moment, il a intérêt à changer de métier.

Mais quand on a passé 10 ou 20 ans à apprendre à faire marcher des machines ultra compliquées... c'est... comment dire... Prenez l'éleveur de boeufs qui a passé sa vie à apprendre à faire tourner une laiterie. Il n'arrive pas à vendre son lait. Ben, en général, plutôt que de foutre le feu à son exploitation et se reconvertir en balayeur, il préfère se suicider.


Les professionnels du sabotage.


L'ignominie ne se cantonne pas au cadre des chômeurs/précaires/intérimaires/formés/etc. Au sein des entreprises c'est pareil, on a mis en place des savants stratagèmes pour empêcher tout le monde de bosser.

Vous allez me dire, quel interêt de couler sa boîte ? Hé bien, ça s'appelle du noyautage, et c'est assez facile en réalité car les patrons ne comprennent rien à l'informatique, leur boulot consistant à amasser de la thune, pas à comprendre comment ça marche un programme.

Le sabotage professionnel profite à la concurrence, qu'il s'agisse de boîtes concurrentes ou de nations concurrentes, ça se fait. Imaginez que Bébert, chef d'entreprise, a embauché à son insu des spécialistes du sabotage qui vont ruiner sa société. Cela va immédiatement profiter à Marcel, chef de la boîte concurrente, qui a promis une belle promotion aux saboteurs - et qui lui couleront sa boîte à leur tour, on rivalise pas avec des enfumeurs professionnels formés par les pires crapules des écoles de commerce.

Ce stratagème fonctionne aussi à l'échelle des nations. A qui profite la destruction de l'informatique en France ? Regardez où foutent le camp nos ingénieurs, nos techniciens et nos investisseurs, et tout s'éclaircit.

Suivez mon regard: ma clientèle franco-belge ayant coulé, j'ai deux alternatives:
- sauter sous un train
- bosser pour les ricains

Vous comprenez mieux ?

Et ça marche, et nos boîtes coulent.


Et maintenant, un peu d'humour.

Regardons de plus près avec quelle stratégie vachement subtile ils cassent tout. On a déjà une petite connaissance des méthodes de harcèlement moral utilisées pour bousiller des salariés ou couler une boîte, voyons comment ça marche en informatique.

En fait c'est simple. On a réussi à convaincre nos patrons que la façon la plus intelligente de gérer une équipe, c'est de mettre un commercial ou un graphiste au poste de chef de projet, bref tout ce que vous voulez sauf un développeur, alors que seul un développeur de haut niveau avec une expérience de brute est apte à occuper ce genre de poste.

Prenez une entreprise du bâtiment qui construit un immeuble. Remplacez l'ingénieur par un trader ou un dessinateur de b.d., normalement l'immeuble s'écroule.

Ca provoque des situations fort cocasses. Par exemple, prenons l'image d'une construction de maison:

"Hep l'ouvrier, l'architecte a oublié la cuisine, la salle de bains et les chiottes sur les plans. Tu te démerdes pour les caser. T'as deux jours. Et si t'es pas content t'es viré. De toutes façons si la baraque s'écroule, c'est toi qu'on va accuser."


Mais... et le droit du travail là dedans ?

Ca existe encore le droit du travail, en dehors de la fonction publique ?

De toutes façons, à partir du moment où une profession est précarisée, le droit du travail est un luxe révolu qui a rejoint le néant.

Quand le travailleur est occupé à s'écorcher vif pour essayer de se vendre, le droit de grève n'existe pas.

A l'époque où le droit de grève n'existait pas, la seule façon de se défendre, c'était d'occuper l'usine avec des flingues. Et puis quand on a même pas d'usine à occuper, il reste la rue.

Dormez bien en attendant la guerre civile.

John Salecon.

Texte reproduit avec l'aimable autorisation de l'auteur.

15 commentaires:

  1. " A l'instar du rom, du musulman....sur lesquels on a le droit de chier en toute impunité."

    Ha bon , parce-qu'aujourd'hui ont peut chier sur les roms et les musulmans en toute impunité ?
    j'en suis outré ! et comme il n'y a pas une pinute a merde je préviens immédiatement S.O.S. racisme , la L.I.C.R.A. , la L.D.H. ainsi que JOSIANE BALASKO car il est intolérable que le pays des droadlomme retombe dans une situation nous rappelant les heures les plus ...etc.etc.

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  2. Même réaction que Koudiat sur ce passage, toutefois totalement annexe par rapport à la teneur du texte, qui elle, est vraiment intéressante. Sacrée insight perspective ! Il est peut-être sale, mais sûrement pas con.

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  3. @Koudiat le passage que tu relèves me semble n'être qu'un point de détail dans le texte et le sujet qu'aborde John Salecon.

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  4. Oh la la, d'abord les heures les plus sombres, et maintenant le point de détail, c'est la nauséabondance !

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  5. Ça sent le vécu tout ça, et un peu du mien de vécu aussi d'ailleurs. C'est percutant, merci pour ce texte.

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  6. Je soupçonne l'auteur d'être pas tout à fait français depuis 15 générations, voir même basané.

    Je croyais que c'était un blog nazi aryen pur race ici!

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  7. Je ne me sens pas concerné, je travaille dans les réseaux. Ceci dit, je confirme la baisse générale des salaires dans l'info depuis au moins 2001 (beaucoup de pilotes d'éléphant, de vendeurs de cacahuétes dans le métro et d'adorateurs de vaches sacrées à la place d'honnêtes travailleurs français).

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  8. Très bon texte, j'aime le style, on entend la colère. sabotage de l'informatique français ...le développeur remplacé par un graphiste ...
    une nation fout le camp .

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  9. Brillant et authentique tableau de la divine comédie que je vis depuis quelques temps.
    Merci !

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  10. salut salecon,
    je reviens pas sur l'aspect professionnel des informatichienchiens. Par contre le droit du travail ça s'applique au privé, pas dans le public ( en théorie). Merci pour le blog

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  11. vous me foutez la pétoche , les aminches, mon gosse termine sa formation d'ingénieur informap'tit' chien , je tremble pour lui
    remarquez que ça fait 21 ans que je tremble pour cui là

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  12. le bon plan c'est ouvrier du btp, frontalier domicilier en haute savoie et bosser en suisse

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  13. Bande de bouffon vous êtes trop cons de vous faire exploiter.

    Moi je fous rien de ma vie et je me branle en regardant canal+, donc je vous suis supérieur.

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  14. C'est devenu un blog gauchiste, ici ? Vous devriez prévenir.

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  15. Ah parce qu'on peut pas chier sur les roms et les musulmans en toute impunité ?
    Vous êtes au courant que le blog le plus lu en France c'est François Desouche? J'ai pas le souvenir que quiconque y ait été inquiété pour les nombreux messages de menaces de mort que l'on peut y trouver.

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