5 mai 2011

Sectarisation

Texte rédigé il y a longtemps et que j'avais mis de côté. Il existe des fautes et des phrases à retravailler, mais dans l'ensemble, ça se tient. Je le balance tel quel, car j'ai la flemme et j'ai perdu l'envie de le fignoler. Alors, évitez de me les casser pour son côté rubrique-à-brac et son imperfection.

Il est intéressant de voir comment Pierre Bellanger s’y prenait pour manipuler ses adeptes et de lire les différentes révélations de la vie au cœur des mouvements religieux sectaires.
L’alternance entre la douche gelée et la fellation pour le compte de Bellanger n’est rien d’autre qu’une technique pervertie des travaux de Pavlov. Elle repose sur le couple de dictat comportemental « punition/récompense » engendrant « douleur/plaisir » physique et psychologique, mais avec une dose de manipulation psychologique, plus spécifiquement issue de la psychologie comportementale et sociale (propagande & désinformation à l'échelle individuelle).
La jeune fille subit une punition physique, donc aussi une dégradation psychologique de l’image qu’elle a d’elle-même. Lorsqu’on est dans l’impossibilité de se rebeller contre une domination non consentie, on retourne cette violence symboliquement contre soi. On se dénigre par réflexe psychologique, car l’on adopte inconsciemment l’idée que l’on est faible, donc inférieur. Vous avez ici la raison pour laquelle les victimes de viols ont tendance à culpabiliser d’un acte dont elles ne sont pas responsables. Suite à cet auto-dénigrement, il ne reste plus qu’à proposer sa contre-partie, sa solution, son soulagement : la récompense.
Dans cet exemple-ci, le « Sky rape » Bellanger (déposé par Gaby) lui propose une sympathique et innocente fellation, dont le sens de cet acte « négatif », jugé comme négatif par la morale publique dans le cadre d’une jeune fille (et je souscris à cette morale), aura été perverti en une croyance « positive » (désinformation ; les sectes sont très friandes de pseudo développement spirituel par la libération sexuelle). Si cette croyance « positive » est assimilée avec sincérité, donc véracité, par l’inconscient de cette jeune fille, alors s’ensuivra une gratification narcissique (besoin empiriquement influencé par l’auto-dénigrement en amont). Je donne ma main à couper que lorsque Bellanger se faisait lustrer la perche, il utilisait la célèbre « technique du toucher » (petite tape affectueuse et gratifiante similaire à un père qui pose une main sur l’épaule de son fils et le félicite d’un « c’est bien mon fils »). Avec le temps et la répétition, le gourou n’a plus besoin de trop créer d’actes humiliants en amont, quand la victime est arrivée à une totale soumission. Cependant, il doit de temps en temps affirmer l’ancrage psychologique du procédé.

Tout ceci est d’autant plus facilité par une préparation psychologique de la victime (affaiblissement mental), de la présence de la mère (ou de la soeur ; à vérifier) en une complicité passive, parce qu’elle-même sous emprise, d’une propagande et d’une désinformation soutenue au bénéfice du gourou (moi, très merveilleux, moi, très puissant, moi, ton sauveur).
Alors bien sûr, on en arrive pas là du jour au lendemain. C’est un processus de plus ou moins de longue haleine en fonction des aptitudes psychologiques initiales de la victime, en gros de son degré de subjectivité (naïveté et degré de maturité).

Comment les sectes s’y prennent-elles pour entuber les pigeons ?
Je vais utiliser un cas caricatural, l’archétype de la secte new age « positive ». Le recrutement d’adeptes se fait généralement soit par le prosélytisme d’autres adeptes dans un cadre de recrutement urbain, soit par des cadres de la secte rompus à la manipulation psychologique dans le cas de recrutement plus alléchant (bourgeoisie ; comme dans le cas de l'Ordre du Temple Solaire).
On sait par exemple que la scientologie, lorsqu’elle oeuvrait en France, créait des associations pour enseigner le dessin, la peinture ou proposait des cours d’apprentissages du français. Une technique qu’elle a aussi employée consiste à proposer un test de personnalité gratuit et rapide sur le trottoir, pour ensuite vous contacter et vous annoncer que ça déconne large dans votre tête, mais qu’elle, Oh par miracle !, peut résoudre ce dilemme.
Le profil psychologique adéquat pour intégrer une secte est tout simplement le bobo. Le bobo bien-pensant, narcissique et infantilisé est une cible de premier choix. D’autant plus que la mentalité du bobo est construite elle-même à partir d’un autre procédé sectaire, le monde de la communication, de la culture pub et son autorité spirituelle suprême : le marketing. Plus encore, cette catégorie (car il y a plusieurs types de bobos et quelque soit sa catégorie sociale (ici, le bobo de statut et de mentalité mystique ou uniquement de mentalité mystique)) susceptible de parcourir le rayon « ésotérisme et sciences occultes » de la FNAC. Le bobo qui recherche en vain les sensations de la petite enfance (très important, vous verrez plus bas), qu’il en est un manque d’affection effectif ou pas. Le bobo qui a une psychologie dissociative du sens du réel, apte à une grande subjectivité, donc un esprit apte au mysticisme. Le bobo du chakra, de l’énergie cosmique universelle et de tata Gaïa. Le bobo qui croit baigner dans un océan de puissance énergétique invisible, le grand tout (ou rien), exactement comme un nouveau-né est persuadé, jusqu’à a un certain âge, que le monde extérieur et lui ne font qu’un, puisqu’il n’a pas encore expérimenté le dualisme de la réalité et qu’il est encore un certain temps conditionné par son expérience intra-utérine. Cette catégorie fait fi de la réalité et se projette par le truchement de l’imagination dans ses arrière-mondes mystique. C’est une tentative de régression infantile et la secte, comme la pub ou la Com, va jouer sur ce levier.

Première phase :
Lorqu’il débarque dans la secte, ses vœux sont aussitôt comblés. Joie, bonhomie, bienveillance, accolades, attention particulière comme si on était le centre du monde. Tout un univers de chaleur humaine d’autant plus efficace qu’il n’est pas simulé par les disciples, uniquement par le gourou et ses sbires. L’adepte est d’un seul coup capable de retrouver ses mêmes sensations de la petite enfance que dans le cadre de la cellule familiale, excepté cas particulier. C’est le bonheur. Il est reçu comme un G.I. venu libéré Paris de l’oppresseur allemand. Il a enfin trouvé son paradis avec cette communauté qui lui fait des honneurs dont il n’avait jusqu’ici qu’imaginé.

Deuxième phase :
Ensuite, il est présenté au gourou qui l’accueillera tout aussi chaleureusement que les autres, sur un ton paternaliste. Le gourou va de suite faire la propagande suivante : Le monde externe et matériel est le mal absolu, corrompu, vicieux, perverti, qui pue de la guoule et du cul. La secte est un rempart à cette décadence qui ne peut l’atteindre grâce aux « pouvoirs magiques » du gourou, qui est en fait un prophète des temps modernes, un nouveau messie. De plus, notre demi-dieu n’est pas venu les mains vides. Il prodigue un enseignement spirituel de purification du mal et de révélation du divin, caché dans les profondeurs de l’adepte. L’adepte est un être spécial dont le destin l’a mené jusqu’au maitre (l’adepte se nourrira souvent de ce fier sentiment d’être élu). Grâce à cet enseignement arrivé à terme, qui n’arrivera jamais à terme, l’adepte sera sauvé et deviendra l’égal du gourou et même de Dieu. Ce qui est plutôt pas mal comme projet.

Troisième phase :
Maintenant commence un processus d’affaiblissement mental de l’adepte à travers des techniques de soumission et qui lui sont présentés en tant qu’« exercices de purifications spirituelles ». Privation de nourriture (juste de quoi survivre), le fameux jeûne, parfois en vantant les mérites du ramadan et comme quoi les musulmans auraient tout compris (on se tient les coudes entre mouvements religieux, en ne les appelant qu’ainsi pour être sympa), privation de sommeil, oppression psychologique permanente : genre musical, pour désorienté totalement la psychologie de l’adepte ou concentration sur un point fixe ou mouvant comme une flamme de bougie, en lui ordonnant de suspendre le cours de la pensée (bien que ce soit impossible). Ces techniques, proche de l’hypnotisme professionnel dans leurs effets, ont pour but d’affaiblir le mental, de le perturber, pour amoindrir très nettement la vigilance du conscient. Dans un même temps, le gourou ou ses cadres, parfois via vidéo, n’ont plus qu’à déféquer leur propagande et désinformation dans l’inconscient de l’adepte par une répétition insatiable, tel un mantra, jusqu’à un résultat satisfaisant.
Il faut comprendre que la propagande n’est pas réellement faite à l’insu de l’adepte, bien au contraire. L’adepte a été désinformé sur la nature de la propagande, son sens n’est pas d’être un « lavage du cerveau », mais un « enseignement libérateur ».

Quatrième phase :
Le dressage comportemental pavlovien, comme « sky rape », dont le but est de retourner le désir contre lui-même, en association avec une pulsion biologique, afin de créer des pulsions d’ordres psychologiques, est perçu comme une norme par l’adepte et peut être aisément déclenché par des stimulus externes.
En général, ce dressage cherche l’obéissance absolue et cela comprend l’obéissance sexuelle. Toutes les sectes ne vont pas jusque-là avec leurs adeptes.

Tout le monde n’est pas susceptible d’intégrer une secte, même dans le cas du modèle bobo chakraïsé dont je me suis servi. Toutefois, le pourcentage d’élu potentiel est suffisamment important pour que le phénomène perdure, même si les mouvements pseudoreligieux (pour être sympa avec les « vrais » mouvements religieux) ont mauvaise presse.

Le Mandasoralom. Le messie qui repoussa les légions astrales sionistes et les petites bites acnéiques dégénérés.

Les différents courants et leurs gourous des gourous

Il existe tout type de sectes différentes et parfois radicalement antagonistes à mon exemple. Je vous présente maintenant ceux qu’on peut qualifier comme : les gourous des gourous.

Georges Ivanovitch Gurdjieff (1877-1949)
Surnommé le gourou des gourous, né en Arménie et décédé à l’hôpital américain de Neuilly-sur-Seine, est le créateur d’une puissante nébuleuse sectaire, créé à Fontainebleau, à caractère « pot-pourri ésotérique », mélangeant hindouisme tantrique, yoga, astrologie, soufisme, théosophie et des versions très personnelles de l’ésotérisme chrétien et de la pensée de Nietzsche.
Gurdjieff sera le gourou par excellence du dressage comportemental pavlovien (qui a toutefois des limites et inopérant chez certaines personnes).
Pour Gurdjieff, l’homme est un robot organique mu par des routines de pensées automatisées issues de l’inconscient, contrôlable par des stimulations psychologiques externes (stimulus ; y a une part de vrai là-dedans, mais Gurdjieff ne prend pas en compte, ou plutôt feignait, la capacité d'un individu lucide à limiter ses empirismes inconscients). Seuls des individus en travaillant sur eux, enseignement bien sûr fourni par Gurdjieff, sont capables de s’émanciper de cette fatalité en développant une conscience supérieure, une volonté autonome puissante, ainsi qu’une âme immortelle (tout ceci sans préciser la bonne blague suivante : un être supérieur qui aura fait disparaitre son inconscient ! Ouah… balaise le mec !).
Il appela son enseignement la « quatrième voie », ou voie de l’homme rusé, une synthèse, selon lui, de la voie des fakirs (mortification physique), de la voie des moines (contrôle des émotions) et de la voie des yogis (contrôle du mental). Bien sûr, seule la quatrième voie est réellement efficace et bien plus rapide que les autres, vous vous en doutez bien, surtout grâce à une petite pilule (on se croirait dans Matrix). Oui, car la quatrième voie était saupoudrée de psychotropes.
Gurdjieff est un mystère en soi. Il était inculte, vulgaire, mais cependant doté d’un charisme fascinant, d’un sens de l’humour désopilant et d’une pertinence écrasante. Il parlait un français rudimentaire et souvent inintelligible. Il était grossier, avait une hygiène douteuse, bouffait et buvait comme un porc, ce qui ne l’empêchait pas de réussir à soumettre des personnalités de l’intelligentsia parisienne. Il était un fin stratège d’après Louis Pauwels (guerre psychologique, je vous dis). Il côtoya Aldous Huxley et René Barjavel, qui ne sont jamais devenus disciples. Pour ceux qui connaissent le personnage historique, on croirait la description de Raspoutine.
Il dispensait un enseignement oral obscur et impénétrable pour ses adeptes, excepté par les voies anales et buccales. Il pratiquait la désinformation (guerre psychologique, je vous dis). Il avait réussi à faire croire à ces adeptes que le mot « idiot » signifiait « une personne supérieure à la moyenne ».
Il était d’une brutalité franche et âpre dans la parole. Il répétait à ses adeptes qu’ils étaient « comparables à des ordures ». Il s’entourait de jeunes filles, comme notre Bellanger, qu’il nommait « mes génisses, pas encore vaches » et les consommait d’un appétit sexuel débridé.
Gurdjieff faisait une véritable chasse aux sentiments qu’il interdisait radicalement comme dans le film « Equilibrium ». Il séparait les enfants de leurs parents pour les donner à ceux qui les détestaient le plus, pour éviter toute éducation sentimentale et ne recevait aucune éducation, puisque le maitre était contre (ainsi que la lecture).
Les « exercices spirituels » étaient très éprouvants physiquement et psychologiquement. Des adeptes avaient tendance à finir en psychiatrie.
Selon Louis Pauwels, comme Gurdjieff se sentait supérieur, il avait tendance à considérer ses adeptes comme des rats de laboratoire.

« Il est bien évident que lorsqu'on tient pour acquis que tous les hommes sont des machines et qu'on commence soi-même à ne plus en être une, une dangereuse tentation risque de naître : si les autres sont des machines, pourquoi ne pas les utiliser comme tels ?
La duplicité devient alors une forme très légitime de l'entraînement à une conscience de soi plus aiguë.
Et c'est là qu'une sorte d'inversion spirituelle intervient, infiniment plus périlleuse que l'immoralisme accepté comme tel.
… Le véritable danger spirituel commence au moment où le Bien est appelé Mal, et le Mal Bien. La perversion ainsi créée est presque irrémédiable »


Jean François Revel dans son ouvrage « Mémoires, le voleur dans la maison vide » fait une analyse très intéressante de son expérience auprès de Gurdjieff qu'il traite d'imposteur et d'escroc (p152)
« Ce qui m'intéresse rétrospectivement, dans ma mésaventure gurdjeffienne, c'est l'expérience que je fis sur mon propre cas de l'aptitude des hommes à se persuader de la vérité de n'importe quelle théorie, de bâtir dans leur tête un attirail justificatif de n'importe quel système, fût-ce te plus extravagant, sans que l'intelligence et la culture puissent entraver cette intoxication idéologique ».

À la mort de Gurdjieff, alors qu’en apparence le prieuré de Fontainebleau semblait mort, son courant sectaire devint une pieuvre très puissante se développant aussi vite que le fit la théosophie et fonctionnant presque sur le même principe que les cellules autonomes terroristes, ce qui avait été voulu par Gurdjieff lui-même. Les sectes Gurdjeffiennes se présentent souvent comme de simples « cercles ésotéristes », un peu comme s’ils étaient une franc-maçonnerie, sauf qu’on n’y discute pas autour d’une table, selon un protocole précis, de politique, de philosophie et de société (on s’y fait plutôt mettre ; pour les sectes, la franc-maçonnerie sert souvent de « bon exemple et de carte de visite » malgré elle). Aujourd’hui, les différentes écoles Gurdjieffiennes se disputent la parenté légitime et se sentent toutes unique continuatrice de l’œuvre du maitre. Bien que commençant en France, ses sectes sont présentes aux US, en Angleterre, en Allemagne, en Amérique du Sud, en Asie de l’est et de l’ouest. La « psychologie transactionnelle » ou les pseudosciences genre « PNL » (programmation neuro-linguistique), en vérité habillage pseudoscientifique d’ésotérisme gurdjieffien, sont très à la mode aux États-Unis jusqu’à avoir intégré des multinationales (la fameuse « culture d’entreprise » positiviste, dite « esprit corporate », est un procédé sectaire. De nos jours, beaucoup d’entreprises envoient des employés, essentiellement des cadres (les autres se soumettront aux cadres), en séminaire de développement personnel (ou de manipulation psychologique), semblable à nos abrutis de « Lifestyle Conseil »).
Gurdjieff avait une particularité à la différence de ses confrères, c’est qu’il n’a pas hésité, à ouvrir complètement ses enseignements, dans le sens où certains sont de parfaits petits manuels pour des gourous en herbe, d’où son surnom de « gourou des gourous ».

Helena Petrovna Blavatsky (1831-1891)
Esotériste russe, créatrice de la légendaire société théosophique qui donna par expansion dans le temps tout le courant des sectes new-age ou affiliés. Wiccan ou différentes écoles de magies, pensée positive, chakra, aura, voyage astral, énergie cosmique universelle, corps subtils, magnétisme personnel, astrologie moderne, Gaïa, voyance, ère du verseau, etc. ne sont pas des créations de Blavatsky, mais elle est celle qui démocratisa au niveau mondial, beaucoup en inde et aux US, toutes ces fadaises entubatrices. Elle influencera même Gurdjieff qui ensuite la vomira (comme tout le monde toutefois).
Le système sectaire de Blavatsky est typiquement l’exemple que j’ai cité dans la première partie sur la prise en charge de l’adepte.
Elle créa la bible la plus importante du monde ésotérique, occultiste et magique moderne : La doctrine secrète - Synthèse de la Science, de la Religion et de la Philosophie. (même Nietzsche n’aurait jamais osé une telle prétention dans le titre).
Aujourd’hui, sa « pensée » a beaucoup influencé l’écologie moderne, non pas que les écologistes appartiennent à des sectes new age, mais leur vision de la nature est Gaïaisée jusqu’au trognon, une vision mystique et pervertie.
Blavatsky inventa aussi la venue prochaine du mahatma, une sorte de messie, un nouveau Jésus qui syncrétisera toutes les religions existantes pour en créer une nouvelle (en vérité, la théosophie) et qui sauvera définitivement le monde, sinon attention, y aura un 21 décembre 2012, reporté toutes les décennies lorsqu’il n’a pas lieu).
René Guénon, opposant farouche de Blavatsky, affirmait que le système Blavatsky était la perversion ultime du véritable ésotérisme et un énorme danger pour la pensée contemporaine (bien que je ne crois pas plus à la pensée Guenonienne et au véritable « ésotérisme », on est peut-être très loin de se rendre compte de l’influence de la grosse russkof sur la société moderne et que Guénon avait certainement raison).
Toute la dictature de la pensée positive moderne est d’essence Blavatskienne, mais dans une version un peu spéciale. Une vision mystique de la vie, mais non « magique », essentiellement relayée par le développement personnel, les médias, en particulier la pub et l’industrie des relations publiques (Bernays n’a pas inventé cette pensée, mais des techniques d’implantation dans les masses par voie médiatique).
Blavatsky a aussi remis au gout du jour les théories sur les continents perdus de l’Atlantide, de Mu et de l’hyperborée.
Philippe Muray n’a-t-il pas écrit dans « Le XIXe siècle à travers les âges » sur les influences certaines des milieux occultistes dans la pensée socialiste ?
Qu’en penser si on considère que le système Blavatsky a été de loin le plus omniprésent des courants de pensées ésotériques au XIX et au XXe siècle et que ses enseignements ressemblent à s’y méprendre à la mentalité de l’homo festivus qui festoie dans nos rues ? Qu’en penser lorsque la société théosophique proclame, à sa fondation en 1875, « développer les sentiments de tolérance mutuelle et de bienveillance entre peuples de différentes races et de différentes religions » ?
Lorsque vous laissez un raëlien s’exprimer devant une caméra et qu’ensuite vous laissez un festivus tolérant faire de même, que constatez-vous ? Troublant non ?
La littérature de développement personnel/pensée positive n’est que des versions transformées de la littérature théosophique/pensée positive, à caractère pseudoscientifique.
Dans la première, on vous explique que d’avoir une attitude positive donne du charisme et qu’ainsi les autres se plient en quatre pour vous, donc que le monde sera à vos pieds.
Dans la deuxième, que la concentration de pensées positive jusqu’à un seuil critique aimantera magiquement à vous toutes sortes de bonnes providences.
La communication aurait-elle fait haro et une récupération d'apparence plus « rationnelle » des propagandes sectaires ?

« Devrais-je le redire cent fois, le socialoccultisme est la croyance de l'âge de l'indifférenciation. L'ère où tout le monde est pareil, optiquement, audiovisuellement, psychologiquement, métaphysiquement et socialement. Le temps du pareil. Du pareil au même. De la progression vers le pareil. »
• Le XIXe siècle à travers les âges (1984), Philippe Muray, éd. Gallimard, coll. Tel, 1999, partie L'école nécromantique, p. 449


Les adeptes ne sont-ils pas tous indifférenciés, pareils aux yeux du maitre ?
Le monde ne se sectarise-t-il pas sous vos yeux ? Les idéologies politiques qui reprennent du poil de la bête et montent en intensité. Le marketing qui devient l’autorité des enfants et même des parents. La culture pub et la gestion de l’image qui assujettissent les spectateurs par une positivité infantilisante, destructrice de sens commun au profit de nouveaux mythes postmodernes.
La culture d’entreprise et ses aliénations psychologiques dont le refoulement psychotique.
M6 et ses émissions de servitude volontaire. D&CO avec Valérie Damidot est typique de la domination fun. Je sais que vous avez d’autres choses à foutre que de regarder ses merdes, mais elles sont d’un certain point de vue très instructives. Les familles sélectionnées qui auront l’honneur de voir un hippopotame femelle prendre à leur place des décisions d’ordres esthétiques pour leurs habitats ont toujours le même profil psychologique : celui du moderne positif qui le parait avec une certaine maladresse parce qu’on sent qu’il se force, des personnalités molles au caractères rabotés, un esthétisme vestimentaire rebello-fun, un humour gentillet de bienséance qui en temps normal ne fait rire que les enfants et un langage minimaliste. Valérie Damidot représente l’autorité qui casse/punition et gratifie/récompense le narcissisme de ses cobayes pour les persuader. Idem pour cet enculé d’agent immobilier à l’attitude cool et sympathique qui sera l’autorité décisionnaire pour la vente de votre bien. Loft Story, La Ferme Célébrité, la Nouvelle Star et ses concurrents préformatés dont seuls quelques-uns auront la joie de finir leurs formations de soumission.
Un monde de micro-sectes d’apparences légitimes. Servitude volontaire et guerre psychologique, je vous dis.
John Lennon - Imagine par hushhush112
Aleister Crowley (1875-1947)
Il est certainement le gourou le plus culte des trois, alors qu’il a été le moins influent en terme de diffusion sur les masses que les deux premiers. On doit sa notoriété essentiellement aux Beatles (son visage apparait sur la pochette de l’album : Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band), Jimmy Page, David Bowie, Ozzy Ousborne, Jimy Hendrix, Iron Maiden, Ministry, Red Hot Chili Peppers, Anton Lavey et à Marylin Manson. En fait, il a eu un impact considérable, mais cantonné à certains milieux artistiques et à certains courants occultistes dont sont friands les gothiques et une part des métalleux. Anton Lavey, créateur de l’église de Satan et de la bible satanique, a été très influencé par Aleister Crowley, ainsi que par Ayn Rand (Ayn Rand à qui on peut faire le même reproche qu'à Gurdjieff, à savoir que son type humain transformé par son enseignement, qui n'est pas mystique ou sectaire, sous-entend l'inexistence de l'inconscient).
Il est difficile d’aborder Aleister Crowley, car ses écrits sont les plus hermétiques qui soient. Vous pouvez aussi bien en déduire que la magie cérémonielle existe vraiment, si vous êtes un peu con, ou que son œuvre consiste en de la psychologie métaphorique entubatrice. Aleister Crowley faisait partie de ses gourous qui ont réellement eu des croyances occultistes, souvent aidées par l’héroïne, et des délires automythomaniaques et fantasmagoriques. Il était un « mage noir » et se prénommait « la grande bête 666 », copyright Saint-Jean (d’ailleurs, il a vécu dans un manoir sur les bords du célèbre lac du Loch Ness. Certains émettent l’hypothèse que le monstre du Loch Ness n’est qu’une métaphore de Crowley la bête. Assertion gratuite et invérifiable).
Aleister Crowley débuta sa carrière individualiste occulte suite à son éviction de l’ordre hermétique de l’aube dorée, une organisation rosicrucienne (toutes les organisations rosicruciennes modernes y compris celle-ci se sont toujours réclamés de la rose-croix originale, qui n’a jamais existé puisqu’elle était un canular d’un groupe d’intellectuels luthérien « le cénacle de Tübingen » sous la houlette du théologien Johannes Arndt, en 1607 environ, en réaction de la montée du jésuitisme et de son orthodoxie. Comme quoi certaines rumeurs mystificatrices traversent les siècles. Même Descartes y avait cru) composé de franc maçon incroyablement barge (dont sois-disant Bram Stoker, l’auteur de Dracula. Ça n’a jamais été prouvé). Aleister Crowley intègre l’O.T.O. (l’Ordre du Temple d’Orient, qui inspira l'Ordre du Temple Solaire), gravit les échelons rapidement et en devient le maitre incontesté.


En général sur les gourous
On peut considérer que toute personne, parfois à tort, à laquelle est voué un culte du chef est un gourou, s’il n’a jamais accompli d’actes jugés héroïques, donc acquiescé consciemment par un groupe social (là, on parlera plutôt de mégalomanie s’il en développe une perversion consciente).
Le gourou est de la catégorie des pervers narcissiques conscients. Ces narcissiques-ci sont pervers parce qu’ils sont conscients de leur état, ils sont lucides de leur narcissisme, au contraire du narcissique psychotique qui le refoule (genre certaines stars du show-biz qui parle d’amour du public avec une sincérité réelle, alors que c'est de la fascination recherchée inconsciemment par eux).
Cette perversion, il compte l’assumer et l’affirmer pour la nourrir, car elle est la source et le but de sa vie. Pour ça, il a besoin que d’autres jouent un rôle de soumission. Qu’il ait appris des méthodes de manipulations psychologiques ou pas, la manipulation psychologique est une seconde nature chez lui et lui procure l’essentiel de son plaisir. C’est un pervers qui sait se maitriser. Il est très ambitieux, d’où aussi une part de mégalomanie. Il est le grand gagnant social de tout temps, mais selon les époques, il dévoile sa nature ou pas (aujourd’hui avec la communication et la sainte gestion de l’image de soi, un pervers narcissique conscient peut simuler le psychotique, qui ne sera de toute façon pas perçu comme tel par l’opinion publique par manque de connaissance sur ce sujet. Un doute qui a été émis par des spécialistes de la question sur le cas Michael Jackson, (dit « Bambi », dit « Peter Pan » que des symboles positifs) alors qu’on sait qu’il adorait manipuler les médias au travers de storytelling à caractère excentrique (caisson à oxygène, le coup de la guenon), qu’il a tout fait pour se faire anoblir par la Reine d’Angleterre et qu’il demandait lui-même maintes décorations, comptabilisant un total de 230, record mondial à ce jour).
Avec lui, il n’y a que deux relations possibles, dominant et dominé.
Ce qu’il cherche au fond est une permanence de gratification narcissique. Il ne veut plus subir les alternances sans fin douleur/plaisir du commun des mortels, ainsi, il tente en faisant subir des souffrances aux « inférieurs », de ne connaître uniquement que le principe de plaisir.
George Orwell illustre à merveille et comme personne le pervers narcissique conscient, ses motivations, ses buts et même ses propres justifications mensongères. Dans cet extrait, vous avez tout le principe de sectarisation d’une société et des croyances corrompues qui ne vont que dans l'intérêt des Big Brother :

"Nous ne cherchons pas le pouvoir en vue de nos propres fins, mais pour le bien de la majorité tel que nous le définissons. Les hommes, ces créatures frêles et lâches, ne peuvent endurer la liberté ni faire face à la vérité. Ils doivent être dirigés par ceux qui sont plus forts qu'eux. L'espèce humaine a le choix entre la liberté et le bonheur, or le bonheur vaut mieux.
Le bien des autres ne nous intéresse pas, nous ne recherchons que le pouvoir, le pur pouvoir. Les nazis et les communistes se rapprochent beaucoup de nous par leurs méthodes, mais ils n'eurent jamais le courage de reconnaître leurs propres motifs. Ils prétendaient s'être emparés du pouvoir pour une période limitée; passé le point critique, il y aurait un paradis où les hommes seraient libres et égaux. Nous ne sommes pas ainsi, nous savons que jamais personne ne s'empare du pouvoir avec l'intention d'y renoncer. On n'établit pas une dictature pour sauvegarder une révolution. On fait une révolution pour établir une dictature. La persécution a pour objet la persécution. La torture a pour objet la torture. Le pouvoir a pour objet le pouvoir.
L'esclavage c'est la liberté. Seul, libre, l'être humain est toujours vaincu. Mais s'il renonce à son identité, s'il se soumet entièrement et totalement, il se fond dans le pouvoir collectif, il est alors tout-puissant et immortel.
Ce pouvoir est aussi le pouvoir sur d'autres êtres humains, sur les corps mais surtout sur les esprits. Le pouvoir sur la matière n'est pas important, notre maîtrise de la matière est déjà absolue. Ce qui importe c'est de commander à l'esprit. La réalité est à l'intérieur du crâne... Le réel pouvoir, le pouvoir pour lequel nous devons lutter jour et nuit, est le pouvoir non sur les choses, mais sur les hommes. Comment assure-t-on le pouvoir sur un autre? En le faisant souffrir. L'obéissance ne suffit pas. Comment, s'il ne souffre pas, peut-on être certain qu'il obéit, non à sa volonté, mais à la nôtre?
Le pouvoir est d'infliger des souffrances et des humiliations. Le pouvoir est de déchirer l'esprit humain en morceaux que l'on rassemble ensuite sous de nouvelles formes que l'on a choisies. Commencez-vous à voir quel sorte de monde nous créons? Un monde de crainte, de trahison, de tourment. Un monde d'écraseurs et d'écrasés, un monde qui au fur et à mesure qu'il s'affinera deviendra plus impitoyable. Le progrès dans notre monde sera le progrès vers plus de souffrance. Notre civilisation est fondée sur la haine; il n'y aura pas d'autres émotions que la crainte, la rage, le triomphe et l'humiliation. Nous détruirons tout le reste.
Nous avons coupé les liens entre l'enfant et les parents, entre l'homme et l'homme, entre l'homme et la femme. Mais plus tard, il n'y aura ni femme ni ami. Les enfants seront à leur naissance enlevés aux mères, comme on enlève leurs oeufs aux poules. La procréation sera une formalité annuelle, comme le renouvellement de la carte d'alimentation. Il n'y aura plus de loyauté que pour le pouvoir. Tous les plaisirs de l'émulation seront détruits remplacés par l'ivresse toujours croissante du pouvoir, qui s'affinera de plus en plus. Il y aura à chaque instant, le frisson de la victoire, la sensation de piétiner un ennemi impuissant... Autant qu'un monde de triomphe ce sera un monde de terreur... Nous commanderons à la vie à tous ses niveaux.
Vous imaginez qu'il y a quelque chose qui s'appelle la nature humaine qui sera outragée par ce que nous faisons et se retournera contre nous. Mais nous créons la nature humaine. L'homme est infiniment malléable.
Tel est le monde que nous préparons. Un monde où les victoires succèderont aux victoires et les triomphes aux triomphes, un monde d'éternelle pression, toujours renouvelée, sur la fibre de la puissance. Vous commencez à réaliser ce que sera ce monde. À la fin vous ferez plus que le comprendre, vous l'accepterez, vous l'accueillerez avec joie, vous en demanderez votre part en idolâtrant vos propres bourreaux.", extrait de 1984

3 commentaires:

  1. yorghul yahourh5 mai 2011 à 07:23

    je connaissais pas l'affaire Bellanger. ouais c'est croustillant! erratum, c'est pas la mère qui a livré la gamine mais sa soeur, sa soeur de 19 ans, la petite elle 17 ans mais physiquement plutôt girafe. bon c'est un bourgeois partouzard qui a les moyens de ses goûts tordus. il a bouillave la gamine un peu plus de 6 mois et il l'a viré. après avoir réfléchi trois, quatre ans elle a décidé de porter plainte, elle a bien fait la petite courageuse, au bout de trois ans on lui fait droit de 50.000 euros. si l'autre affreux ne va pas en cassation elle aura bien vendu sa petite pastille. non là je suis méchant! il semblerait que ce soit pour sa "reconstruction" et sous l'influence d'un psy qu'elle se soit lancé dans cette lamentable affaire.
    comment se fait-il que le parquet ait tellement insisté pour poursuivre ce mec contre l'avis de l'instruction et avec une inculpation aussi fragile, c'est quand même pas n'importe qui et il a les moyens de se défendre. enfin c'est juste un partouzard sado-maso, rien d'un sectaire mais c'est vrai que le cul est pour beaucoup de sectes l'argument vendeur et tout le monde pense aux raéliens.
    dans mes jeunes années j'ai eu l'occasion de me retrouver chez des allumés nommés "Jesus children" rassurez vous simple visite. un certain Moïse David (pas de mauvais esprit) embauchait des jeunes dans sa secte à la con. il s'agissait de prêcher de prier de se protéger de la drogue, des vrais trucs de cardiaque. alors ils les envoyaient mendier dans la rue sous le fin prétexte de vendre la parole du gourou. ca faisait bien minable! mais moi je m'étais retrouvé à une de leur fête et comme disent les ricains c'était un "babearama" des petites jeunettes genre hippies à tomber par terre, très international aussi. quelques temps après le fameux Moïse David est tombé pour proxénétisme. il envoyait ses petites adeptes à de vilains messieurs dans des buts financiers ou politiques. tout cela était détaillé dans des brochures à usage interne ou il exhortait les petites renommées whores of Jesus ou une connerie du style à pratiquer cette très efficace méthode de prosélytisme. il appelait ça le "flirty fishing" mignon non?
    pour revenir à l'article, gurdgieff et crowley étaient aussi des pères fouettards mais blablasky la théosophe, passez votre chemin c'est encore plus chiant que la religion. j'aurai bien aimé que tu parles de Ron hubbard qui dans le genre je me fais pas chier n'était pas mal non plus. une pensée pour Engelmayer dit "le patriarche" lui en plus il se faisait payer par la sécu. grand artiste vraiment!

    RépondreSupprimer
  2. passionnant, merci!
    étant moi même un peu pervers narcissique conscient, j'aime toujours lire les histoires de ces allumés qui arrivent, pendant une periode de leur vie, à concrétiser leurs fantasmes éhontés et débridés..
    Je suis assez partagé entre un respect profond pour ces manipulateurs de génie, et un mépris douloureux pour ces pauvres âmes qui se laissent avoir..

    j'avoue que j'aimerais assez en rencontrer un, un jour, voir ce que ça fait de se faire embobiner.. dans la tete je veux dire, parce que j'imagine que ça doit surtout faire mal au cul, point barre !

    sinon, et malgré la mise en garde, les nombreuses fautes nuisent qd meme pas mal à la lecture... c'est dommage. faudrait voir à recruter des stagiaires les mecs, non ?

    RépondreSupprimer