19 mai 2011

Que faites-vous samedi ?

Les actes surréalistes des métaphysiconautes ne cesseront de me surprendre et de me faire crawler dans mon limpide pipi.
Alors que Miguel de Cervantes nous avait avertis de nous prémunir contre les lubies des futurs « Ingénieux Hidalgo Don Quichotte de la Mancha », un américain délabré de soixante longueurs existentielles, fraichement retraité, a fumé les cent quarante mille dollars d’économies (cent six mille euros), arrachés au patronat au prix d’une lutte harassante, dans une campagne de pub new-yorkaise afin de prévenir l’humanité de l’imminence d’une apocacalypse tant promise, pour le 21 mai 2011, soit samedi. Çe qui s’avère un peu court quand même.
Les citadins de la grosse pomme ont eu la stupéfaction d’apercevoir des affiches placardées dans plus de mille rames de métros et d’abribus, leur annonçant que « Tremblement de terre mondial ! Le plus grand jamais produit : le jour du Jugement Dernier, le 21 mai 2011 ».
Robert Fitzpatrick, à l’origine de ce battage public salvateur, est un auditeur assidu de la radio catholique « California Evangelist Harold Camping », dont l’animateur Harold Patrick nous avait déjà promis, il y a vingt ans, un 21 décembre 2012 pour le 4 septembre 1994. Une simple erreur de calcul d’après ses dires. Personne n’est parfait.

Fitzpatrick, chérubin perché dans les hauteurs célestes et qui n’a pas l’intention de redescendre, se condamne à manger des pâtes et des biscuits secs pour qu’un maximum d’humains puisse survivre au grand chamboulement, à la condition bien sûr, qu’on se rue en masse dans les maisons du Seigneur et qu’on embrasse la foi catholique sur le zizi rikiki du petit Jésus. C’est quand même sympa de sa part de vouloir nous sauver pour si peu de contrepartie. « J’essaie d’avertir les gens de ce qui va arriver. Les gens qui savent se doivent de prévenir tout le monde », puis ajoute « cela commencera juste avant minuit, à l’heure de Jérusalem. Cela instantané et global. Il y a trop d’écrits mentionnant des 'destructions soudaines' ».
C’est bien beau tout ça, mais encore faut-il qu’il existe des preuves ! Lorsque j’ouvre ma porte à des témoins de Jéhovah et que je tiens fermement ma batte de baseball, j’ai l’habitude de quémander un miracle séance tenante avant d’accepter leur prospectus. En général, ils se taillent rapidement. Comme quoi, ça marche les prodiges. Sur le même principe de sainte suspicion, qui m’a valu étant gamin d’éviter la profanation de mon temple inviolé par un mécréant de passage qui voulait, je cite, « me montrer son petit chat » dans une cave de mon quartier, nous sommes en droit de réclamer des preuves de caractères irréfutables avant d’se faire évangéliser les voies pénétrables par un représentant du Bon Dieu. Et ben, chers lecteurs assoiffés de franches rigolades paillardes et païennes, nos fervents millénaristes ne sont pas venus les mains vides. Alors sur quoi se basent ces prédictions catastrophistes ? De la marijuana cultivée dans les champs de la Jérusalem céleste ? De l’hostie amphétaminique ? L’Archange Gabriel en songe ou en congé payé dans le coin ? Non ! Des saintes Écritures décryptées. Nos bienfaiteurs nous ont décodé la sainte Bible à l’aide d’une volonté farouche, alors qu’on pensait jusqu’à présent qu’il suffisait de la lire.
Le projet Aqualand de Dieu. Tout ça pour ça.

Sortez vos calculatrices. Le grand glouglou de l’époque de Noé s’est déroulé précisément en l’an 4990 avant fils à papa, il y a tout juste sept mille ans. Or el Amor de Dios avait prévenus le marinier que le déluge aurait lieu sept jours après et, dans un autre extrait, qu’un jour pour Dieu équivaut à mille ans humains, donc que les sept jours divins correspondent à sept mille ans bien de chez nous.
Ce n’est pas tout. En additionnant la date estimée de la crucifixion du Christ, le 3 avril de l’an 33, par les chiffres symboliques 5, 10, 17 (rédemption, complétude et paradis) multiplié entre eux au carré, gobez un aspro, le résultat nous donne 722 500 jours, ce qui arrive au 21 mai 2011.
D’après eux, le paradis accueillera les croyants, desservi par le bus « magical mystery tour », tandis que les autres, dont moi, subiront 153 jours de « morts et d’horreurs » avant la fin définitive au 21 octobre 2011. On ne peut que rester baba devant la précision des prédictions.
Fitzpatrick et ses camarades de paroisse, dont certains d’après le dailymail ont quitté femmes, enfants et turbins, vous conjurent, petits agneaux frêles et égarés, de vous aider vous-mêmes pour que le ciel vous aide. Si le Disneyland divin vous tente, n’hésitez pas surtout. C’est gratos, aucune liste d’attente et cette fois, ce n'est pas tenu par les Américains. Pour les autres, ce sera Beyrouth pendant cinq longs mois… ou pas peut-être.

2 commentaires:

  1. dans les deux cas j'l'ai dans l'cul ! J'viens d'payer mon deuxième tiers provisionnel.

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