29 août 2010

Émeutes, burkas, nains, Roms et thèse théologique

Émeutes, burkas, nains, Roms et thèse théologique


Une nouvelle aventure du commissaire Charles-Hippolyte Starsky et de l’inspecteur Raymond Hutch, narré et mariné par Paracelse.

Chapitre I, là où l’intrigue se met en place et où vous verrez que je ne me suis pas trop foulé.

— AAAHHH, l’affriolante bectance… y a que ça de vrai, inspecteur.
— Exact, commissaire ! Avec les joies de la biroute aussi !
— Non, inspecteur. Rien que la croustance. Le braquemart se désensibilise avec le temps, alors que l’estomac gagne en voracité polyphage.
Nos chers zhéros, bleusailles d’élite du pays du coq au vin et du boudin en cloque, s’acharnaient comme de cruels vautours sur le pauvre cadavre d’un lapin aux pruneaux, accompagné de pommes de terres rôties, d’une salade aux noix et d’un picrate Saint-Bourelet de 1463.


— Ne me dites pas, cher commissaire, que les vertiges de l’amour conjugal ont cessé de vous exalter ?
— Mais non, inspecteur, mais à choisir entre toutes sortes de devoirs impératifs, y compris envers l’État Français, celui de la macération gastrique l’emporte sur tout le reste.
— Tant que ça, commissaire ?!
— Mais bien sûr, glandu ! C’est dans l’ordre naturel des choses. D’ailleurs, à ce sujet, j’ai une thèse audacieuse d’une logique imparable.
— Quoi que donc, patron d’amour ?
— Dieu… avant de se faire chier avec sa pénible tâche des six jours de la création, je suppute qu’il s’en soit envoyé un bon quintal dans le broyeur pour se donner du courage ! Hein ?
— Vu comme ça, commissaire.
— Et la déflagration initiale, le truc là, euh… le bide bang, tu crois que c’était quoi d’autre, à part de s’en pousser une féroce sous l’effet d’une sacrée bouffetance ?
— NOOON, articula avec stupéfaction Raymond Hutch.
— Tout l’univers perceptible et imperceptible par nos sens, cet amas de formation gazeuse contraint par des lois gravitationnelles et électromagnétiques qu’on appelle matière solide ou fluide selon ces états, bref toute la création, et ben, c’est de l’aérophagie divine et céleste, mon cher Hutch.
— Vous voulez dire que nous nous mouvons toute notre vie dans un pet immuable et démiurgique, commissaire ?
— Affirmatif, inspecteur ! Et l'on est tellement habitué qu’on en sent plus l’odeur. Vous connaissez désormais les origines et arcanes des mystères de la création. J’ai pas mal cogité là-dessus, vous savez, pendant mes heures de services au bistrot officiel du poulailler. Chuis même en train d’en scribouiller un essai dont j’espère que Stephen Hawking en personne le préfacera. Enfin, j’attends sa réponse depuis trois ans.
— OUAAAH… vous m’en débouchez un con, commissaire !
La sonnerie du cellulaire du commissaire retentit d'un vacarme ahurissant, dont l’inspecteur reconnut le klaxon légendaire de General Lee, la célèbre caisse des frères Duke de la série « Shérif, fais-moi peur ! ».
— Commissaire Charles-Hippolyte Starsky à l’appareil, j’écoute pas !
— Zzzzzzzzzzz.
— Et alors ? Je bouffe là !
— Zzzzzzzzzzz.
— Un meurtre ! Et alors ? De toute façon, j’arriverai trop tard !
— Zzzzzzzzzzz.
— OOOHHH… la France ne va pas s’arrêter de tourner !
— Zzzzzzzzzzz.
— Quoi la Terre ? Eh ben, la France tourne avec, non ? Et arrêtez de contredire votre supérieur ! Un conseil de discipline en début de carrière, ça vous botte ?
— Zzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzz.
— Pfff… OK, balancez l’adresse.
— Zzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzz.
— À « La foire aux tatas », ils font ça maintenant ???
— Zzzzzzzzzzzzzzz.
— OK, on y fonce, dit le commissaire, puis raccrocha l’air navré.
— « La foire aux tatas », c’est bien la boite de lopettes en face de la cité des Karloushs, commissaire ?
— Yep, mais c’est pas de ça qu’il s’agit et surveillez votre langage, Hutch. Si votre mère vous entendait.
— Ma mère était une fervente disciple de l’archevêque intégriste Marcel Lefebvre et c'est elle qui m'a appris à parler ainsi des « erreurs de la nature » ! Pour en revenir à votre appel, commissaire, de quoi il en retourne ?
— Un meurtre pendant un concours de lancer de noirs.
— Lancer de noirs, commissaire ??? Qu'est-ce que donc ?
— Un concours illégal où des gros blacks sont lancés par des équipes de huit nains ! Bon, paie la note et rejoins moi dans la chiotte… quel métier de con qu’on fait, Hutch ! dit-il aussi ravi d'accomplir son devoir qu’un activiste d’extrême gauche dans un mess des officiers au ministère de l’Intérieur.
Alors que l’insaisissable et légendaire héros des poulagas, moult fois décorés que son costume d’officier ressemblait à une combinaison sponsorisée pour le Paris-Dakar, sortait du restaurant, l’inspecteur semblait couler dans les eaux troublantes de ses aqueuses pensées (je sais, ça ne veut rien dire, mais la formule me plait).
— Un concours de gros blacks balancés par des équipes de huit nains ??? Pfff… n’importe quoi, eux ! Nihilisme triomphant des derniers hommes ! Chaos moral rampant ! Plus aucune valeur saine dans ce monde en déroute, que dis-je, dans ce dédale de souks ! Personnellement, j’aurais fait ça avec des Arabes.

Chapitre II, là où l’intrigue ne se précise pas du tout et que vous vous rendrez compte que je suis loin d’être Hitchcock.

— Bon alors, vous démarrez, Hutch. Vous attendez quoi ? Que KITT vous réponde ? dit le commissaire en recrachant la fumée de son cigarillo dans ce qui sert de visage à l’inspecteur Hutch et de prospectus publicitaire pour éloigner le plus possible de candidat au métier de perdreau.
Oui, car, suite à l’idéologie sécuritaire prônée par la factice politicaillerie de Nicolaï Cradozy, un nombre croissant de chômeurs désireux de déboulonner du sauvageon infestaient les points d’embauche de la police nationale, à tel point que l'état y envoya des bataillons de CRS pour les déloger à coup de tonfas. Pour éviter que de tels désagréments se poursuivent, Thierry la Sauce, le marionnettiste en chef de la communication du gouvernement, avait eu l’idée de passer un casting au sein des effectifs policiers afin de dégoter une bonne tête d’andouille sympathique qui finirait sur des affiches, placardées sur tout le territoire, accompagné du slogan « Dix ans dans la police française et vous ressemblerez à ça ». C’était tombé sur l’inspecteur Hutch ! Depuis sa femme l’avait quitté et une merveilleuse vie de célibataire endurci s’offrait à lui.
— C’est le moment que j’essaye ma nouvelle méthode de conduite, commissaire.
— Nouvelle méthode de conduite ?
— Oui. J’ai suivi une formation d'une nouvelle méthode de conduite, suite aux trop nombreux accidents de la route dont j’étais responsable. Enfin, d’après le préfet. Moi, je me suis toujours trouvé des circonstances atténuantes. Je suis flic, tout de même !
— Hutch, dit le commissaire en dégainant sa pétoire et en la pointant sur la tempe de son sous-fifre, je vous jure que si vous ne démarrez pas dans les dix secondes qui suivent, je vous perce un trou dans la cervelle et je pisse dedans. Alors, employez la technique qui vous convient, mais si vous voulez vivre, n’attendez pas la saint glinglin.
— Bien, commissaire, ce sera la méthode de conduite par l’inconscient directeur !
— Quoi ???
L’inspecteur prit trois grandes respirations et expirations brutales, puis récita une sorte d’incantation d’une spiritualité asiatique à la con, un mantra ou un ketru dans le genre, on s’en cogne. Son menton tomba d’un coup net sur son poitrail. Il était immobile.
— Vous me faites quoi là, Hutch ? OH, vous dormez, abruti ? dit-il en lui secouant les puces avec insuccès le plus total.
Sa main gauche agrippa le volant, tandis que la droite tourna le contact du démarreur, puis actionna la marche arrière du levier de vitesse. Les roues arrières patinèrent en dégageant un épais rideau de fumée blanchâtre, puis Hutch desserra le frein à main, alors que sa tête reposait toujours sur sa poitrine, les paupières closes. La caisse réalisa un demi-arc de cercle, battant le record du monde de marche arrière, détenu jusqu’ici par Sacha Distel, puis s’élança tel un guépard à travers la brousse urbaine.
— Putain, Hutch, arrêtez ça tout de suite ! C’est un ordre !
Le somnolent inspecteur n’obtempéra point, because il conversait avec Morphée sur la nécessité de l’assassinat, thèse du remarquable essai « la faim du tigre » de l’écrivain défunt René Barjavel. La tuture en furie roulait sur la voie en sens inverse de la circulation, esquivant chaque obstacle d’une facilité déconcertante et offrant au commissaire des frayeurs inconnues jusqu’alors, excepté lors de son mariage avec Aïssa, sa tendre promise. Il ouvrit la fenêtre de sa portière, y passa une partie de son tronc, puis gueula :
— HELP, HELP, AU SECOURS ! AIDEZ-MOI ! APPELEZ LES SCHMITTS !

Chapitre III, là où l’intrigue décolle vers des cimes Sophoclienne et où Patrick Lozès vomira son quatre heures au manioc sur son écran LCD.

Le bolide arriva à bon port, en face de la cité des Karloushs à une centaine de mètres de la boite tapageuse « La foire aux tatas ». Le commissaire Charles-Hippolyte Starsky était malsain et sauf.
Il débagoula sa pitance fraichement ingurgitée sur le bitume, après avoir ouvert sa portière.
— Merde, un lapin aux pruneaux pour rien ! Vous me paierez ça, Hutch !
Ce dernier émergea lentement à la recherche du réel, qu’il avait souvent du mal à percevoir, même éveillé.
— Alors, impressionné, commissaire ?
Starsky l’attrapa par le colbac.
— Ne me refaites jamais ça, raclure de Hutch ! À partir de maintenant, c’est moi qui drive ! Kapish ?
— Euh… oui, mon doux patron.
— Bien, accrochez-vous à mes basques, inspecteur.
Au même moment, des crissements de pneus suivis de sirènes de gyrophare s’engouffrèrent dans les tympans sensibles de nos zhéros. Une Peugeot 207 déboula sur le parking de la cité des Karloushs et s’encastra dans un réverbère. Une femme en burka, armée d’une kalachnikov, un sac de sport en bandoulière à moitié fermé d’où s’échappaient des billets de banque, en sortit et canarda ses poursuivants avant que ceux-ci puissent stopper leurs bolides contributifs.
Hutch dégaina vivace et logea une bastos dans la poire de la fidélisée à Allah.
— Bien joué, Hutch. Je vois que votre entrainement intensif à Counter-Strike porte ses fruits.
— Merci, commissaire, on appelle ça dans un FPS un headshot.
— M’en fous, Hutch. Allez suivez-moi.
La devanture de « La foire aux tatas » était loin de passer inaperçue, comme d’ailleurs le genre de clientèle qui s’y agglutinait. Du fluos et des affiches racoleuses offraient un contraste avec le gardien de la paix posté à l’entrée.
— Hop, hop, hop, demi-tour toute, dit le condé.
— ça m’étonnerait, répliqua le commissaire.
— Vous êtes qui vous ? fit le malin avec dédain.
— Moi ? Le magicien !
— Le magicien ? s’étonna le piquet.
— Tiens regardez, dit le commissaire en ramassant une petite caillasse à ses pieds.
Il plaça ses mains derrière son dos et s’amusa à des gestes évocateurs, puis les présenta poings fermés au keuf en faction.
— Quelle main ?
— Euh… la droite ! dit-il en tapotant légèrement dessus.
— Gagné, s’exclama le commissaire en lui balançant son poing droit dans la gueule.
Le flic s’écroula, tandis que Charles-Hippolyte ouvrait la porte du cabaret.
L’inspecteur Hutch s’accroupit près du roussin à moitié sonné.
— Pas mal, non ? Demain, le commissaire vous montrera un autre tour de magie. Comment transformer un gardien de la paix en agent de la circulation. Vous verrez, c’est bluffant !
— Magnez-vous, Hutch ! gueula le commissaire.
Saturations de couleurs chatoyantes. V’là comment on pourrait résumer la décoration de ce panthéon grec, bâti pour esthète uraniste moderne.
— Y a du froufrou partout, dit l’inspecteur Hutch.
— Et d’habitude du troutrou à la pelle, lui répondit le commissaire.
Une trentaine de nains attendaient sagement que l’on daigne s’occuper d’eux, ainsi que les quatre gros blacks servant de scuds. Le médecin légiste examinait le cadavre, le trente-deuxième nain.
— Commissaire Charles-Hippolyte Starsky ! dit-il à l’un des policiers, que s’est-il passé ici ?
— Apparemment, la personne de petite taille…
— Ouais, un nain quoi ! jugea bon de rectifier l’inspecteur Raymond Hutch.
— Donc la personne de petite taille, à l’écart des autres là-bas, aurait planté à l’aide d’un pic à glace une autre personne de petite taille…
— Ouais, un nain quoi ! reprécisa avec aplomb l’inspecteur Hutch.
— Votre gueule, Hutch, ordonna le commissaire, continuez, je vous en prie.
— Donc une autre personne de petite taille qui pourtant était dans la même équipe.
— A-t-il avoué ses raisons ?
— Oui, rapidement, commissaire. D’après ses dires, une histoire de cul.
— Vu l’endroit, ça tient debout. Tenez, tant que j’y suis, je suis en parallèle sur une autre enquête. Avez-vous déjà vu cet individu, demanda le commissaire en lui affichant sous le nez une photographie d’un type patibulaire.
— Non, commissaire.
— Toi, dit-il à l’adresse d’un nain au milieu du groupe de demi-portion, au pied !
Le bout du cul s’avança résigné.
— Regarde bien, Tom Pouce. As-tu déjà vu ce visage ?
— Nonch, commissaire, dit-il en mâchouillant un chewing-gum pour humain de taille normalisé et qui lui prenait la moitié de sa bouche.
— OK. Vous autres, regardez un peu par là, dit-il à l’ensemble du groupe. Toi, passe-moi ton chewing-gum.
Le gnome s’exécuta, intrigué. Le commissaire malaxa la pâte à macher et l’appliqua au verso de la photographie, puis d’un geste brusque la colla sur le front du courtaud.
— Tourne-toi un peu vers tes tout petits camarades, dit-il au rase-bitume, servant momentanément de support d’affichage.
Ce dernier fit ce que l’autorité civile lui avait ordonné.
— Avez-vous déjà aperçu cette tête de con, gueula le commissaire à l’intention de toute l’assistance.
— Sur ou derrière la photo ? osa un petit rigolo.
Le groupe d’homme compressé, ainsi que leurs quatre « chances pour la France », se boyautèrent en chœur. Le commissaire restait de marbre, comme congelé de l’intérieur.
— Infect lilliputien gorgé de chiasse ! Si ça t’enchante de payer des impôts pour que je me tourne les pouces, libre à toi, mais épargne moi ces vaines railleries à la hauteur de ta taille ! Alors, vous le connaissez ou pas ?
Nulle âme qui vive ne répondit.
— Bon, merci pour votre coopération, citoyens, dit le commissaire en détachant la photographie du front du court sur patte. Allez, mon petit, tu peux retourner jouer aux playmobils, rajouta-t-il en lui donnant une légère tapette sur le crane.
— J’ai quarante ans, connard ! répondit l’homoncule, déjà à quelques mètres de distance au cas où.
— Hé regardez, commissaire, c’est hilarant, y a un nain arabe là-bas ! éructant de joie l’inspecteur Raymond Hutch.
Le commissaire se retourna vers l’insolent, la bouille d’un bouledogue en furie.
— Euh… excusez-moi, commissaire. Je sais… euh… votre femme !
— Vous allez vous efforcer de me soigner d’urgence votre arabophobie de merde ! Je ne vais pas le supporter indéfiniment. Kapish ou kaputt ? Salopard d’inspecteur Hutch !
— Euh… oui, commissaire.
— Allez me chercher notre meurtrier en culotte courte.
L’inspecteur, la tête basse, se dirigea vers l’assassin, le souleva de terre par le colbac et le ramena prompto au commissaire.
— Écoute, nabot. Tes raisons, ton mobile, j’m’en cogne le chibre. C’est une des affaires les plus insignifiantes qui m’ait été octroyée depuis dix piges. Alors, on te traine jusqu'au central et on tapera ta déposition. On t’fout à l’ombre jusqu’à ton jugement et basta. OK ou faut que je m’accroupisse pour que tu me comprennes ?
— D’accord, commissaire.
— Vous pouvez relâcher tous ces désoeuvrés dans la nature, de toute façon, ils n’y feront pas long feu, et scellez-moi ce lieu de perdition. Mettez-lui les pinces, Hutch, on s’casse.
Hutch menotta l’énergumène.
— Commissaire, je vous rejoins à la caisse, je voudrai juste vérifier une petite chose.
— Bien, mais faites vite, Hutch.
— Oui, commissaire.
Il attendit que le boss ait disparu de son champ de vision, puis ordonna au nain arabe de le suivre jusqu’à la surface de lancer.
— Oui, inspecteur ?
— T’es arabe, toi ?
— Oui, inspecteur !
— Oh, regarde derrière toi, un juif du Likoud insulte ta mère !
Le nain se retourna, vivace comme un chat sur le qui-vive.
— Où ça ? Où est ce fils de pute ?
L’inspecteur en profita pour l’attraper par la culotte et le colbac, puis effectua un effet de balancier de plus en plus rapide.
— Arrêtez, j’ai pas de protections !
Au moment qu’il jaugea adéquat, il éjecta sa prise qui valdingua, fit un tourné-boullé et atterrit sur le cul.
— Ouch ! ça doit faire mal ça ! dit l’inspecteur en se dirigeant vers la sortie.
— Enculé de poulagas ! dit le martyr de cette bavure.
— Vous savez à quoi vous me faites penser tous ? À ce dessin animé du Club Dorothée… merde, comment ça s’appelait déjà… ah oui, les Minipouss !

Chapitre IV, là où l’intrigue se clôt en beauté et où Martin Hirsch se tailladera les couilles par pénitence.

L’inspecteur Hutch sortit enfin du cabaret et buta contre Tom Pouce. Le commissaire, plaqué contre le mur de renforcement, tenait son calibre à la main. Des coups de rafales retentissaient dans le secteur.
— Planquez-vous, Hutch, ne restez pas à couvert !
Raymond Hutch s’accola le dos au mur derrière le patron et huma son doux parfum de virilité.
— Qu’est-ce qui se trame, commissaire ?
— Une émeute de salopes en burka qui défouraille à la kalash sur tout ce qui bouge ! Certainement en réaction à votre exploit de toute à l’heure.
— Hé oh ! Je n’ai fait que mon devoir.
— Ne vous inquiétez pas, je ne vous reproche rien, mais je doute qu’elles soient du même avis.
— Putain d’Arabes ! dit l’inspecteur Hutch devant le commissaire avec la plus grande des spontanéités, mais aussi dans une inconscience démesurée.
— Fermez là, Hutch, où je vous livre à nos prêtresses sacrificielles.
— Euh… excusez-moi, commissaire, ai pas fait exprès… je sais… votre femme.
— Va falloir se frayer un chemin jusqu’à la calèche d’une manière ou d’une autre.
C’est à ce moment que le klaxon de General Lee se fit entendre. Starsky décrocha.
— Commissaire Charles-Hippolyte Starsky à l’appareil, c’est pas le moment !
— Commissaire, c’est le capitaine Etasseur. Ne sortez surtout pas de « La foire aux tatas ». Une émeute de musulmanes en burka sévit dans la cité des Karloushs et elles sont armées de kalachnikovs. Nous sommes postés plus loin à la sortie du quartier.
— Je sais ! Voyez-vous, on est déjà dehors, mais elles ne nous ont pas encore repérés. Quand allez-vous intervenir ?
— On a pris les devants sans attendre les ordres du préfet ! Cette couille molle est en vacances dans le Lubéron avec Richard Perle, l’ex-patron de la CIA. Sont potes de maison de campagne apparemment. Ah… on me fait signe qu’on le tient au bout du fil. Je vous rappelle le plus vite possible, commissaire.
— OK.
— Alors commissaire ? demanda Hutch avec une angoisse palpable.
— Pour l’instant, on végète. La cavalerie ne saurait tarder.

— Capitaine Etasseur, monsieur le préfet. Je pense qu’on vous a mis au courant de la situation. J’attends vos ordres.
— Bien capitaine. Attendez quelques minutes, répondit le préfet Herbert Moizi en décrochant un second téléphone et composant le numéro de Bruce Hordefeux, le ministre de l’Intérieur, place Bellevache.
Briefé, Hordefeux appela à son tour le président Nicolaï Cradozy qui appela le président des États-Unis Maniak Banania, qui appela à son tour le président russe Dmitri Clubmedvedev, qui appela son premier ministre Vladimir Putin, qui appela à son tour le président du Vénézuéla Hugo Chaviré, qui appela le président Iranien Mamour Islamédjihad et qui appela à son tour le président de Corée du Nord, King Jonque Hill qui prit une décision drastique. L’ordre partit en sens inverse jusqu’à se nicher dans le cortex du capitaine Etasseur. Ce dernier dégaina le porte-voix :
— Commissaire Starsky, voici les ordres du préfet Moizi. Je cite : « DEMMERDEZ-VOUS, PORCS D’OCCIDENTAUX !... je répète… DEMMERDEZ-VOUS, PORCS D’OCCIDENTAUX ! ».
— Mais qu’est-ce que c’est que ce délire ??? Les enculés ! Putain de petites bites de fonctionnaires de merde ! Les keufs sont jamais là quand on a besoin d’eux ! éructa de rage le commissaire.
— Le préfet, c’est certainement un arabe, commissaire ! lui répondit Hutch.
— Fermez là Hutch !
— Euh… désolé, commissaire… votre femme, tout ça.
— Bon, faut qu’on improvise fissa. Hutch, vous voyez là-bas à cinquante mètres environ, la colonne publicitaire avec Loana à poil…
— C’est pas Loana, patron, c’est Claude Sarraute.
— Oui, ben c’est pareil. Vous irez vous plaquer derrière cette grosse cochonne pendant que je vous couvre. Vous vous en sentez capable, inspecteur ?
— Je tacherai, commissaire.
— Alors tachez, inspecteur, tachez bien. À mon signal, vous décampez. Are you ready ? Go !
L’inspecteur, furtif comme un renard, s’élança vers la colonne publicitaire et balança dans sa course effrénée quelques bastos dont une se logea dans le crâne encapuchonné d’une des barges à la gâchette taquine. Alors que le commissaire, qui n’avait jamais mis une Weston dans une salle de tir pourtant obligatoire pour un keuf, arrosait comme un Gilbert Montagné sans même avoir pris le soin de montrer une once de son museau à l’ennemi. Il ne saura jamais que c’est lui qui assassina d’une balle perdue le capitaine Etasseur. Tant mieux, ce n’est pas bon pour le moral.
L’inspecteur arriva malsain et sauf sous les balles des convives en se cognant le front sur le vagin, retouché par Photoshop, de Claude Sarraute. Il fit un V de victoire à l’attention du commissaire.
— BRAVO, HUTCH ! VOUS ÊTES UN BOSS !
— MERCI, COMMISSAIRE ! MAIS MAINTENANT L’ENNEMI CONNAIT NOTRE EXISTENCE ET NOS POSITIONS !
— ON VA S’EN SORTIR ! JE LE SENS, HUTCH.
— JE N’EN SUIS PAS AUSSI SÛR, PATRON. Y A UN ÉNORME CHAMP OUVERT ENTRE MOI ET LA CAISSE. SI JE TENTE UNE SORTIE, JE ME FAIS SHOOTER ! OH, PUTAIN ! Y A DES INDIVIDUS SUSPECTS À LA MORPHOLOGIE FACIALE DE MONGOLIENS QUI FOUILLENT DANS LA CALÈCHE, COMMISSAIRE !
Le commissaire, intrigué, zieuta rapidement en direction de la tire.
— NON ! C’EST PAS DES MONGOLIENS, HUTCH, C’EST DES ROMS !
L’inspecteur se demandait comment le patron pouvait, alors qu’il était posté encore plus loin, faire la différence à cette distance entre des mongoliens et des Roms. Déjà que lui avait du mal de près. L’expérience, sans doute.
— TIREZ DANS LE PARE-BRISE, HUTCH !
Raymond Hutch ajusta son tir et pulvérisa le pare-brise que le contribuable, vous et moi, auront le plaisir de douiller lors de son remplacement. C’est pour la bonne cause, les mecs ! Le banc de Roms déguerpit de la caisse à la recherche d'eaux plus clémentes, prometteuses en menus larcins.
Les rafales des burkistes redoublèrent en direction de l’inspecteur.
— PUTAIN DE BOUGNOULES ! VOUS ME CASSEZ LES COUILLES ! s’énerva Hutch.
Une bastos vint se loger dans le bitume à quelques centimètres de son pied gauche, mais la détonation venait du côté du commissaire. Ce dernier exposait une tronche furibarde en direction de Hutch, alors que son calibre fumait encore comme un pompier.
— DESOLE , COMMISSAIRE ! VOTRE FEMME, TOUT ÇA ! MAIS LÀ QUAND MÊME !
— VOUS AVEZ QU’À VOUS DIRE QUE C’EST DES SUÉDOISES, HUTCH !
— PUTAIN DE SUÉDOISES DE MERDE ! RETOURNEZ DANS VOS MOSQUÉES !... PATRON, FAUT QUE VOUS TROUVIEZ UNE AUTRE IDÉE LÀ, ÇA URGE !
— J’Y COGITE, MON PETIT HUTCH, J’Y COGITE ! Tout ça pour ce petit con de nabot… hé, mais la voilà la solution !
Le commissaire agrippa le nain.
— Avec ce que tu as fait aujourd’hui, c’est dix piges minimum à reluire des queues et vingt si je m’en mêle, mais ça dépendra de ta réponse. Si tu obtempères, je te donne ma parole que je ferai passer ton crime pour de l’homicide involontaire. Tu t’en sortiras avec du sursis et tu n’auras plus que de ta mini pine à t’occuper, à moins que je méconnaisse ton orientation sexuelle.
— Il s’agit de quoi au juste, commissaire ? dit-il très inquiet, sentant la demande grosse comme une bite de taulard.
— Une diversion ! Tu vois la butte par là-bas, cours-y et va t’y terrer, le temps que l’inspecteur et moi, on s’arrache jusqu’au carrosse. Kapish ?
— Hé, mais ça va pas !
— Écoute, infect lilliputien, je peux aussi bien mettre fin à tes jours tout de suite et dire que ce sont elles qui t’ont plombé.
— Oh, putain ! Mais pourquoi, vous me faites ça ! dit-il tel un animal apeuré.
— Y a des injustices, petit, toujours et de tout temps. Aujourd’hui, c’est sur ta pomme que ça tombe, Newton. Are you ready ?
— NON !
— GO ! dit le commissaire en le balançant dans la fosse aux lionnes.
Notre héros involontaire qui n’avait plus le choix détala comme un lapin vers la butte à une vitesse impressionnante sous l’effet de la peur. Des trombes de bastos s’invitèrent à la course.
C’était le moment que choisit le commissaire pour se déterrer de son trou en faisant signe à l’inspecteur de se bouger la croupe, sans prononcer une seule fois le mot « arabe ».
Hé ben, vous n’allez pas me croire, chers lecteurs qui dévoraient ce chef-d’oeuvre gratos, ils ont tous réussi à atteindre leurs objectifs. Même Tom Pouce. Ce n’est après que les choses se sont gâtées pour lui. Malheureusement, la butte était déjà occupée par Rachida El Kerbaoui, une des femmes du célèbre Lies Hebbadj. Le pauvre Tom Pouce finira suspendu dans une des boucheries du muslim au rayon « nouveauté ».
Starsky et Hutch réussiront à s’éclipser avec la tire pour retourner au resto, au lieu d’aller au central, car Hutch devait un lapin aux pruneaux au commissaire.
Tout est bien qui finit bien pour nos zhéros, les autres on s’en cogne.


Fin





5 commentaires:

  1. j'en suis pas fière mais j'assume:
    Paracelse,
    tu m'excites

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  2. j'ai bien ri,
    surtout à la gratuité du "quatre heure au manioc".

    j'aime beaucoup dire du mal, moi aussi.
    C'est pourquoi, je n'hésiterais pas à voir dans le commissaire starsky un proche parent du commissaire cercaire de pennac dans la "fée carabine". Particulièrement dans l'épisode de la baffe au flic en faction.

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  3. " La fée carabine ", c'est la série des " Malaussène " de Daniel Pennac, il me semble ? Je n'ai lu qu' " Au bonheur des ogres ". Faut que je pense à lire la suite.

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  4. @paracelse

    exact,
    c'est la suite immédiate du bonheur des ogres.

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