20 mai 2010

Le fric c'est chic!


Tout le monde critique les spéculateurs, tout le monde est vertueux. Mon œil ! On aimerait bien se mettre à l’abri en tapant des ordres sur un ordinateur, pendant que le yacht glisse sur les flots. La bourse ce n’est pas si compliqué, le petit porteur, expression, qui en fin de compte fait très « lumpen- prolétariat », est un acteur essentiel. On le baratine, il voit son portefeuille gonflé, et son égo suit le rythme. Il peut se vanter, même s’il oublie qu’il n’a pas encore profité de ses gains. Il suit comme un « addict » les cours de ses actions, se flatte de sa réussite, de son esprit d’entrepreneur, de trader, voire, de golden boy. Il a raison, il est une bonne pomme et pourquoi pas une Golden farineuse. Quand la courbe s’inverse, il déprime s’en prend au système, et parfois crée un collectif d’actionnaires floués. Les bons, les vrais décident du « Kairos ». Comme disait Piccoli : « Y’a plus de sucre ». Et, les jeux sont faits, on siphonne l’apprenti capitaliste, on se goinfre du fruit en ne concédant que les épluchures. En fait, pour le blaireau de base, il n’y a qu’un moyen de s’en sortir et même de gagner beaucoup, je vais le dire ouvertement car personne n’en tiendra compte.
La pomme, le golden boy d’occasion, qu’il soit fonctionnaire, cadre, ouvrier ou n’importe quoi, réagit toujours de la même façon puis se fait plumer. Dès lors, prendre le chemin inverse peut s’avérer très fructueux. Mais que fait la pomme ?

D’abord, elle « étudie » une ou plusieurs actions. Ensuite, elle se positionne après délibération avec elle même, et l’observation des indices propices à l’élaboration de son jugement. Au début, elle gagne et ne s’en remet pas de toutes ces qualités qu’elle ignorait sur elle. Elle se gausse, et va (Braun) jusqu’à jeter par dessus bord ses convictions politiques considérées comme autant d’oripeaux futiles. Mais comme dans tous les shoot, il y a une descente. Elle correspond en tous points à la courbe descendante du Cac 40. Dans un premier temps le petit porteur, ne s’inquiète pas, au contraire, il est bonhomme et s’accommode de ces soubresauts. Son intelligence ne s’en trouve pas remise en cause. Il a plus d’une corde à son arc, ainsi, il va moyenner* à la baisse, car il connaît le lexique, il ne faut pas la lui faire. Et, les cours remontent, il est fier de son coup ! Manque de chance la calvitie boursière remet ça, la « golden » commence à douter, mais il échange des avis, écoute les experts, et, de fait se rassure car il a trouvé la solution ! Fallait y penser, il « remoyenne », et « remoyenne » encore, il devient non un faux monnayeur, mais un vrai « remoyenneur ». Puis à force de pugnacité il perd tout et plus encore, il éprouve la fameuse panique. C’est là qu’on se marre. Quelles conclusions lucratives pouvons-nous inférer de ce comportement de la pomme ?
On remarque immédiatement que l’actionnaire lambda est un être rationnel. Un être qui pense pouvoir se fier aux informations qui émanent de ceux qui vont se nourrir de lui, paradoxal non ? De plus, il n’envisage la bourse que montante, son logiciel l’empêche de miser à la baisse. Il n’y a pour lui qu’une option gagnante : il faut que la courbe soit ascendante.

Nous avons assez d’éléments pour nous enrichir en cachette.

Premier postulat : prendre en compte que miser sur la baisse est un risque équivalent à la hausse.
Deuxième postulat : n’étudier aucune action, c’est une perte de temps pour les non-initiés et c’est d’autant plus pervers que ça donne parfois l’illusion d’une quelconque maitrise.
Troisième postulat : il faut entrer en bourse quand l’irrationnel apparaît aux yeux des pommes comme « logique».

Exemple : la bulle internet, je vous laisse réfléchir.
Deuxième exemple, plus récent, le CAC n’en finit pas de monter, il était au dessus de 4000 il y a un mois, alors que la Grèce était dans la panade et personne ne voulait l’aider, alors que les PIGS sont en embuscade, alors que les déficits sont abyssaux. Trouver l’erreur ! Et, pourtant les pommes spéculaient à la hausse avec une assurance crasse, puisqu’on vous dit que tout va bien.

Dès lors, si l'on suit mon raisonnement, il faut se ruer chez son banquier et lui donner des ordres à la baisse sur le CAC. Que nenni ! Parce que à nouveau on entrerait dans une « logique », ce qui est le meilleur moyen de se faire plumer. Désolé, mais il va falloir attendre le prochain Kairos.

* C’est une expression que l’on peut entendre partout lorsque les cours des actions dévissent. Ainsi moyenner à la baisse c’est racheter des actions que l’on détenaient déjà à un prix moindre afin de lisser son prix de revient.

15 commentaires:

  1. L'idée que miser à la baisse est équivalent à miser à la hausse n'est pas tout à fait vraie.

    La distribution des rendements de la plupart des marchés est en général dissymétrique (skewed). Il y a légèrement plus de chance de gagner à la hausse qu'à la baisse. C'est une constatation empirique qui n'a pas forcément de justification théorique satisfaisante. Comme le vote à gauche.


    Votre stratégie est donc d'investir lorsque l'on dit de ne pas le faire et de ne pas le faire lorsque l'on dit de le faire.

    Hum...

    Ça m'a l'air foireux comme principe. Une boîte à baffes, toute à fait propice à faire un gros gain, puis une grosse perte et de passer systématiquement à côté des coups les plus faciles.
    La plupart du temps, faire comme tout le monde rapporte beaucoup et fait perdre un tout petit peu moins. Le solde est légèrement positif.

    In fine, une pomme aura fait mieux que vous.

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  2. un conseil d'expert!! le solde est positif, et sur le temps c'est gagnant.....Bien sûr, je n'en doute pas. Elle est bien bonne!!!

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  3. "Premier postulat : prendre en compte que miser sur la baisse est un risque équivalent à la hausse."


    C'est faux. A l'achat, le risque est limité au montant de son achat ; A la (ouakbar) vente, le risque est illimité, l'action vendue et que l'on devra racheter pourra avoir vu son cours multiplié par 10, 100, 1000....

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  4. Pas avec les "put". Ma stratégie n'est pas de faire l'inverse du tout venant comme le suggère krokodilov, étant bien entendu que je me considère comme le blaireau lambda et en aucun cas un expert. Le noeud est dans l'irrationnel et le Kairos,mais je me répète.

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  5. Psychologie des masses + bon timing + le tri des infos pour ne garder que le plus capitale, tout en décodant le voile de « communication » pour ne pas se faire baiser ?
    Je dis ça, mais j'ai arrêté de m'y intéresser il y a neuf ans.

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  6. Oh putain !

    ARCHI, COMMENT TU FAIS PLAISIR !

    Je me suis rarement aussi bien bidonné, merci le CGB !

    Clarence, qui conseille de rester en rade, et laisser ça (et l'écriture aussi) à des grandes personnes

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  7. @paracelse C’est plus simple que ça ! Le kairos se présente une fois tous les deux ou trois ans, il faut laisser le boursicotage aux pros.
    Trois ex : l’explosion de la bulle internet, la crise des subprimes, la crise de l’euro. Ces trois faits étaient annoncés sans que les marchés ne les prennent en compte. L’info concernant l’imminence du krach était à la disposition de tous et allait grossissant sans que les experts ou si tu préfères « les grandes personnes », ne s’en émeuvent. Plus ils pratiquent l’ironie, exercice qui est à l’esprit ce que la bataille navale est aux jeux de société, plus il ya du pognon à faire.

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  8. En juillet 2007, lorsque l'on commençait à attendre parler de crise et d’en voir profiler son spectre, j'ai dit à ma petite môman de se ruer sur l'or. Six mois après, ça avait pris 80 % environ, mais elle ne l'avait pas fait et moi, je suis un pauvre tâcheron de français moyen, qui peut mettre à peine 200 € de côté chaque mois. C'est bien dommage ! J'ai comme un abruti boursicoté à l'époque de la bulle internet et jusqu'à la moitié de 2001. J'ai fait parti de ceux qui se sont laissé berner par toutes la pub des brokers on-line, mais même quand on est nul, il y a des choses que l’on entrevoit, proche du « Kayros », comme le fort rebond après le 11 septembre qui a eu lieu deux semaines après et pendant deux mois et la montée de la bourse pendant un an juste après la fin de l’ultimatum sur l’Irak, au milieu du mois de mars 2003, flagrante l’occasion ! J’ai toujours un œil sur la bourse de temps en temps par curiosité, mais j’ai arrêté mi 2001, j’ai dirais plutôt que la bourse m’a arrêté mi 2001.
    Fais gaffe, ne te lance pas dans des conversations avec Clarence sur ses sujets, parce que t’auras pas fini d’en bouffer du marché.

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  9. @paracelse en fait c'est exactement cela, et peu de chance que je discute sur ce sujet puisque il ne s'agit pas de bourse, sujet que j'ignore, mais de bon sens et de sang froid, d'esprit critique allié à l'opportunisme,et surtout à un certain détachement.

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  10. Ben oui, une pomme qui a investi dans le cac en 87 (à sa création) gagne plus que le monétaire, sans rien faire.

    D'une part, le cac a été multiplié par 3,4 depuis sa création ce qui fait un rendement de 4,86% en dépit des crises à répétitions. Mais surtout cette performance n'inclut pas les dividendes (dont le détachement fait mécaniquement baisser le cac mais enrichit les investisseurs).

    Les indices ont commencé à dégueuler en 2007. Mais ils ont craché, de mémoire, 7% de taux de dividendes. Mécaniquement, ils ont baissé de 7%.

    Lorsque l'on additionne les gains en capital et les dividendes, il n'est plus si évident que le market timing soit si payant.


    Quant aux puts, on pouvait faire le même raisonnement l'année dernière à la même époque. Endettement, plans de relance à la chaine, exposition des banques suisses aux pays de l'est, crise des cds...L'année dernière, ça n'a pas marché, peut-être cette année ça marchera. Je n'en sais rien, la seule chose qui a changé, c'est que le sentiment global s'est dégradé.

    En gros, vous proposez de suivre le mouvement.

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  11. @KROKODILOV belle démonstration confortée par l'analyse d'un trader expérimenté et d'un ami dont la boite cotée en bourse n'envisageait pas une seconde le décrochage il y a 15 jours à peine. Mais, pas de souci, si tu cartonnes avec tes principes tout va pour le mieux! Autre chose, concernant ta démonstration apodictique sur le temps:que doit en penser, un petit porteur rentré sur le cac en 2000,quand il était à 6900 pts, il attend encore 10ans pour être à jeu, Plus ou moins?

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  12. En gros, vous proposez de suivre le mouvement.

    Et on peut aussi vivre seulement de haine de son prochain et de bière fraîche. Avec 200 €, c'est largement suffisant.

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  13. Archischmock

    vous connaissez des blaireaux qui sont rentrés en 2000?
    De la graine de champion...
    Enfin bon, c'est pas beau de se moquer.

    Je vois que vous n'avez toujours pas compris le coup des dividendes: si un type rentre à 1000, que l'indice dégueule, disons jusqu'à 300, il n'aura pas forcément à attendre que le cac retourne à 1000 pour se refaire. Ce n'est pas si simple, ça dépend des dividendes, si l'indice crache chaque années des dividendes, (comme il a l'a fait en 2007), l'investisseur passif engrange du fric qui sera réinvesti à son tour.
    Bref, c'est compliqué. Donc le type qui a tenu la pose depuis de 2000, s'est peut-être refait entre temps. Peut-être, aussi que maintenant, il s'est remis à reperdre du fric, ça va dépendre de son portefeuille. En revanche, le type qui rentre en 2000, pour sortir dès qu'il a perdu pour rerentrer en 2006/2007 a certainement perdu beaucoup de fric, mais ce n'est pas investisseur, c'est une boussole qui indique le sud. Précieux, à sa manière. Il n'est pas à plaindre, c'est un spéculateur de la pire espèce: un perdant.

    Pour savoir, si ça valait vraiment le coup d'investir, en plus des dividendes, il faut actualiser les calculs (prendre en compte le loyer de l'argent pour savoir s'il ne valait pas mieux ne rien faire).

    Bref, l'investissement est une chose ingrate: il faut prêter attention à plein de détails qui peuvent vous faire perdre de l'argent mais ne suffiront pas à vous en faire gagner.

    Pour votre ami qui a planté sa boite: ça ne va dire qu'il est nul (cependant il est peut-être), ça veut juste dire qu'il s'est planté.
    On peut se tromper sans que cela remette en cause les compétences, même si les conséquences paraissent disproportionnées.
    Mais c'est une autre question.

    Bonne chance avec votre Kairos (market timing en français), au moins la subtile allégorie ressuscitera le temps d'un instant.

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  14. Z'avez lu "le cygne noir"?
    Ecrit par un trader levantin prétentieux mais sympathique...

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  15. Stoppez tout! Alerte! Allez imediatement là-dessus.On tient là un spécimen magnifique! http://fveillon.webnode.fr/

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