18 avril 2010

L’Objet du scandale


L’Objet du scandale


Un gueuleton gratiné de Paracelse




— Vendredi dernier, le journal « Le Figaro » publiait une courte interview d’un ressortissant tanzanien en situation irrégulière, monsieur Mamadou Miammiam, qui révélait son anthropophagie. D’après ses déclarations, que la police toutefois n’a jamais validées, monsieur Miammiam aurait dévoré une quinzaine de Français, tous blancs, depuis son arrivée en France en novembre 2009. Ses allégations ont soulevé un tollé général dans l’opinion publique. Est-ce que dans nos sociétés modernes, des us et coutumes archaïques, parfois issues d’autres latitudes, refont surface ? Si oui ont-elles un rapport avec la crise morale et le délitement de la société civile ? Doit-on s’attendre à une aggravation de ce genre de pratiques ? Un blanc est-ce bon ? Ce sont les questions que nous poserons ce soir dans « l’objet du scandale », en compagnie de Gérard Miller et Frédéric Bonnaud, en recevant, sous vos spontanés applaudissements, monsieur Mamadou Miammiam ! dit Guillaume Durand.
L’invité apparut en brandissant un bâton sculpté d’une tête de singe en son pommeau, arborant une étrange grimace à la fois hideuse et grotesque. Il était drapé d’un pagne en plume d’autruche, chevillé de chouchous en poils de gorilles, coiffé de tresses africaines et d’un os humain au travers de son éléphantesque tarin. Il portait un collier dont des testicules blancs percés lui servaient de trophées, ce qui ajoutait une touche burlesque avec son regard strabique divergent.
Il se fraya un chemin en direction de ses hôtes prestigieux, sans avoir besoin de déboiser à l’aide d’un coupe-coupe, en psalmodiant un chant magique africain accompagné d’une danse endiablée et épileptoïde. Arrivé à destination, il s’assit brusquement et frappa d’un coup sourd la large table avec l’extrémité de son pittoresque sceptre.
— Miammiam, là !


— Nous sommes ravis de vous accueillir, monsieur Miammiam, dit Guillaume Durand. Je vous présente messieurs Gérard Miller et Frédéric Bonnaud.
— Bonwoir, les bwanas, dit le dégustateur de mets délicats et de carcasses charnues, en marquant un arrêt lourd de sens gustatif en direction du ragoutant Frédéric Bonnaud.
— Il y a peu de temps, vous accordiez une interview au journal « Le Figaro » où vous révélez vous livrer à de choquantes pratiques de cannibalisme, sans toutefois apporter la moindre preuve à l’appui. Ses déclarations fracassantes ont engendré un buzz important sur internet et on ne parle plus que de ça depuis. L’opinion publique est divisée en deux. Certains pensent à un canular de mauvais gout, c’est le cas de le dire, et d’autres espèrent que l’on vous incarcère en prison dans les plus brefs délais et ad vitam aeternam. Lundi dernier, la brigade criminelle de Paris a annoncé qu’une enquête vous concernant était en cours. Je voudrais remercier le Premier président de la Cour de cassation française, monsieur Vincent Alamande, d’avoir eu l’amabilité d’accepter que monsieur Miammiam puisse participer à notre émission. Monsieur Miammiam, comprenez-vous que les Français ont du mal à accorder du crédit à vos invraisemblables propos ? dit Guimauve Dugland.
— Non, bwanas. Mamadou dwire wrai. Mamadou Miammiam pwas mwenteur. Mamadou mwanger bwanas, cwar bwanas bwonne wiande fwondant dans bwouche, pwas dans mwain. Ah dwis dwonc, dwis dwonc.
— J’ai quand même du mal à vous croire, monsieur Miammiam ! Gérard Miller, qu’en pensez-vous ? dit Dugland.
— Je suis scandalisé par tout ceci. Je trouve plus que suspect, et surtout gros comme un Gollnisch, qu’en plein débat sur cette épouvantable thématique de l’identité nationale, « Le Figaro », journal de droite proche de Sarkozy et propriété de Serge Dassault, il est utile de l’évoquer, consacre un article totalement farfelu dont l’objet est bien plus improbable que l’existence d’un pédophile noir ou arabe, à part s’il est curé. C’est aberrant, raciste et ça ne m’étonne pas venant de ce torchon.
— Frédéric Bonnaud ? dit Dugland.
— Je fais miens les propos de Gérard. Ça n’a aucun sens ! On est quand même au XXIe siècle, oui ou merde ! Je ne puis imaginer que ce genre de pratiques persistent.
— Hum… gwos Bwonnaud allwéchant ! Ah dwis dwonc, dwis dwonc.
— Et même si cela s’avérait exact, la manipulation est flagrante. Ils tentent de stigmatiser toute une communauté, en prétextant une sois-disant volonté de non-intégration des franco-immigrés, précisa Gérard-Adolf Miller.
— Monsieur Miammiam n’est pas français, Gérard. Il est sur notre sol en situation irrégulière, dit Dugland.
— Hum… Bwonnaud… affwiollant… gwos cwochon dwodu, ah dwis dwonc, dwis dwonc, dit Miammiam qui n’avait d’yeux que pour le garde-manger qui lui faisait face.
— Oui, mais pour le figaro, c’est l’amalgame qui compte, dit Bonnaud.
— Grwos Bwonnaud idwéal pwour rwagout épwicé… hum, Mamadou se swentir cwomme rwenard dwans pwoulailler, ah dwis dwonc, dwis dwonc, dit Miammiam, un filet de bave épais et visqueux dégoulinant jusqu’à la table.
Le foutraque anthropophage, incapable de résister à l’appétissante tentation, bondit de sa chaise comme si elle était éjectable et atterrit sur la table en position sumotori, puis jeta une poignée d’épices en direction de Bwonnaud. Vivace comme un guépard alimenté au propergol liquide, il fusa sur le jambonneau qui servait d’avant-bras gauche à Frédéric Bonnaud et y planta ses dents carnassières.
— AAAHHH ! beugla Bwonnaud.
Ce dingue spectacle préhistorique paralysait Guimauve Dugland, tandis que Gérard Miller coula une lessive urinaire sur son falzar d’aisé à mille euros.
Misteur Black-Grossebouffe arracha tout un pan de chair de l’avant-bras du gros gaucho et l’avala d’un trait en l’aspirant comme un spaghetti sauce bolognaise. Loin d’être rassasié, il s’accroupit à la hauteur de « ce qui ne sert pas à grand-chose » chez Bonnaud. Il y planta ses ongles crochus, en rappelant qu’il n’est pas juif, et éventra d’un geste mécanique le futal de Bonnaud, à l’endroit exact où se trouve « ce qui n’a jamais servi à grand-chose » chez Bonnaud. Il attrapa d’une main la base de l’appareil testiculaire et le pressa pour mieux en faire ressortir les affreuses parures.
— Aaahhh… rwoubignolles welues ! Un rwégal pour wentre, dit Miammiam en les saupoudrant de curcuma moulu puisé dans sa besace à épices, qui est à Mamadou ce que le Magnum 44 est à Harry Callahan.
Cannibale Holocaust croqua de ses belles mâchoires « ce qui toutefois ne sert pas à grand-chose » chez Bonnaud. Celui-ci hurla aussi fort que Céline Dion avec un mégaphone. Deux épais filets de sang s’échappèrent de son groin.
La sécurité du plateau de télévision se jeta sur le morfal dont la voracité n’avait d’égal que la criante connerie de sa ripaille. Mamadou se sentait assez glouton pour dévorer un buffle, d’ailleurs il avait l’impression d’enfourner un buffle.
Lorsque, au prix d’une rude bataille, les gorilles réussirent à dégager Miammiam de ce qui restait de « ce qui ne servira plus jamais à grand-chose » chez Bonnaud, ils le tasèrent pour le maîtriser. Bwonnaud et Mamadou tombèrent ensemble dans les pommes en une quasi parfaite synchronicité, non sans que Bonnaud déclare dans un murmure étouffé :
— Aaahhh… ce n’est pas de sa faute… aaahhh… il a souffert du racisme... aaahhh… ça l’excuse de tout… aaahhh.
Une équipe de brancardier hilare, ainsi qu’un médecin rigolard, se rua vers Frédéric Bonnaud dont le dessus de l’avant-bras gauche fut ingurgité jusqu’au radius. « Ce qui de toute façon ne servait pas à grand-chose » chez Bonnaud macérait agréablement dans l’appareil digestif de Mamadou. Ils l’allongèrent sur la civière et l’emmenèrent loin du lieu du drame. Où ça ? On n’en sait rien et on s’en branle grave de chez grave. On s’en contrefout bien plus qu’un croque-mort d’un mariage.
— Serge, pas la peine de préciser qu’on coupera la séquence au montage, dit Dugland au réalisateur Serge Khalfouette. Ça va, Gérard ?
Celui-ci se retourna vers Dugland, le visage épouvanté. Il était pâle et tremblant comme un bourge, sapé comme un milord, coincé sur le palier du premier étage d’un immeuble de Garges-lès-Gonesse, découragé à l’idée de sortir à cause d’une bande de jeunes aux mœurs taquines et « issues d’un peuple qui a trop souffert et qui ne veut plus souffrir » (en faisant chier les autres) squattant le hall d'entrée.
— Euh… oui… je dois… juste… reprendre mes… esprits.
— Bien, je propose qu’on prenne une longue pause pour oublier tout ça… avant de continuer l’émission.
Le temps pour Dugland de faire rédiger une bonne cinquantaine de déclarations d’honneurs pour l’équipe technique et le public, stipulant « fermer sa sulfateuse à parole » sous peine d’instance judiciaire. Ainsi que le temps pour Gérard Miller de se requinquer à la pharmacopée artisanale colombienne, dans la grande tradition freudienne, à la skunk, avec quelques gouttes de collyre bleu pour masquer ses yeux d’albinos, à la méthamphétamine, à la kétamine, à l’iboga, à l’ammoniac, à la mescaline, au valium, aux barbituriques et à l’Éther, comme à son habitude avant chaque prestation audiovisuelle.


FAIM




2 commentaires:

  1. Même le plus pieux des musulmans ne pourrait résister à un rôti du porcin Bonnaud. Gérard Miller aurait tout de même pu défendre notre ami Miammiam ; après les avoir esclavagé et colonisé pendant 10 000 ans, offrir sa chair blanche en expiation à l'appétit de Mamadou est la moindre des choses. D'ailleurs Julien Dray (à moins que ce soit Emmanuelle Béart) l'a dit, si tous les français donnaient un de leurs bras aux africains, on résoudrait le problème de la famine.

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  2. Babouche à lunettes20 avril 2010 à 22:14

    On résoudrait le problème de la famine mais quid des émanations de CO2 dégagées par toute cette chair blanche importée ? Ça me semble bien inhumain à long terme.

    @Para
    Mais où sont passés les cris de guerre de Dugland ?
    Bon, je chipote, j'ai rigolu quand même.

    "Aaaaaaaaaah tatatatata"

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