12 mars 2010

Luchini et Muray à l'atelier


Le livre a été inventé par des égoïstes qui voulaient fournir la joie de s’isoler au plus grand nombre. Dans le livre en tant qu’objet, tout indique le plaisir solitaire, ou l’effort du même nom. Les caractères sont petits, la place idéale pour les lire est totalement occupée dès qu’une personne s’y trouve : c’est une affaire intime. A ceux qui prédisent un avenir funeste au livre, je réponds qu’ils se trompent : l’isolement intime, le retrait de la Course, le silence intérieur et la lenteur du verbe construit deviendront bientôt tellement rares, tellement subversifs, que même les plus sots des hommes (nos descendants) en comprendront la valeur. Il n’est même pas interdit de penser qu’ils y trouveront autre chose qu’un bête plaisir : un moyen de survivre.

Cependant, il n’est pas interdit de lire à plusieurs, c'est-à-dire à haute voix, quand le texte en vaut la peine et qu’on possède une diction irréprochable. C’est ce que fait l’immense Fabrice Luchini depuis des années, et bien plus. Je signale donc au lecteur parisien que Luchini lit Philippe Muray ce week end, au théâtre de l’Atelier, dans le dix-huitième arrondissement.
Petit veinard.

4 commentaires:

  1. Pemettez, cher confrère, mais le livre, ou plus exactement le "volumen" a initialement été inventé pour que les paroles demeurent après la mort de qui les prononçait.

    Alors, la tâche de lecture était jugée si basse qu'elle incombait aux esclaves, que les maîtres écoutaient avec vague intérêt.

    Après le "volumen", naît le "codex", concourament ou presque de l'extinction de la "sriptio continua" et de la lecture à voie haute. Le but, en ce temps, n'est pas, ou pas seulement, de s'isoler, mais plutôt de permettre une concentration accrue sur le texte, et d'en tirer tous les fruits.

    L'individualisme comme cap et devise est davantage à chercher du côté du ... blog.

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  2. "Voix haute", et non "voie haute", même ...

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  3. Le dernier acteur qu'il nous reste ?

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  4. Su'le COran d'la Mecque j'ai kiffé ma race, voilà un spectacle qui valait le coup de se déplacer. Luchini jubile à la lecture de Muray.

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