3 octobre 2009

La tête contre les murs


A quelques heures de la 8ème édition de la Nuit blanche, je me sens d’humeur noire, bien noire… D’humeur inadmissible. D’humeur à proclamer dans le vide et en roue libre la mort de l’Art. D’humeur à enfoncer le clou, les clous, pour bien sceller son cercueil… D’humeur à affirmer sans ciller que la peinture est morte sur le radeau de Géricault et que Munch en a pris acte dans son Cri, que la musique a rendu l’âme lors des dernières gammes de Chopin, que la philosophie a été assassinée par Nietzsche, que la sculpture s’est éteinte entre les mains de Camille Claudel, que la poésie a rendu son dernier souffle d’un éclat d’obus dans la tronche d’Apollinaire, et que la littérature, que la littérature est bel et bien portée disparue depuis Céline… Céline, le dernier écrivain des hommes. L’écrivain des restes : des viscères, des tripes, des abats, du sang qui ne demandait plus qu’à couler, s’écouler, se répandre, parce que tel était son bon plaisir… L’Art est mort : vive le lard ! Céline, l’écrivain prophète de l’annonciation de la putain de mauvaise nouvelle : nous ne valons pas mieux que des poulets élevés en batterie. Et il n’y a pas de batteries sans abattoir…


Castration tragique


Certains ont proclamé la fin de l’Histoire avec son H majuscule tourné vers les cieux, ce grand H aspiré dans les méandres des consensus mous, de la morale efféminée, du dictat d’un Bien génétiquement modifié, monstrueux et taré… Et nous pourrions continuer à en douter avec ce tout-à-l’événement qu’on précipite sans cesse dans la datation minutieuse, toute cette actualité, dont on voudrait qu’elle fasse date, et à perpétuité… On fabrique de l’Histoire à la chaîne ! Une véritable industrie, mais du minuscule… Un authentique acharnement thérapeutique. On la ventile, on lui stimule le cœur, et comme dans les hôpitaux, ça sent le médicament et le formol des morgues, tout sauf la vie : l’odeur de la mort dissimulée... On a juste samplé les bips des électrocardiogrammes… A marquer d’une pierre blanche, tombale : l’Histoire n’est plus qu’une fantastique fosse commune continuellement profanée nanométriquement…
Malgré ces efforts désespérés pour que vive encore l’Histoire, c’est-à-dire son souvenir, plus précisément parce que ces efforts désespérés, la vision se fait nette : l’homme est cliniquement mort avec sa mémoire, et personne ne lui a succédé… Trou noir. Y’a comme un « gap » docteur. Nous faudra-t-il reculer pour mieux sauter ?


L'Histoire à la télé : vous n'en perdrez pas une miette


Chaque événement traité, retraité par la grande usine médiaticopolitique d’épuration est expurgé de sa dose de réel. Quand ce dernier n’est pas nié, car nier est voyant, grossier, trop frontal, c’est la grande comédie tayloriste-au-goût-du-jour, c’est-à-dire marketée, du tri sélectif, du recyclage, et du reconditionnement sous vide de l’information. « Le Spectacle organise avec maîtrise l’ignorance de ce qui advient et tout de suite après, l’oubli de ce qui a pu même en être connu. » (Debord, les Commentaires sur la société du Spectacle)


Hôtesse du vol "non stop" pour l'Enfer...


Nous sommes bombardés par l’info, qui peut se vanter d’en sortir indemne ? Nous sommes transpercés, criblés, perforés d’info : le moyen le plus sûr de nous faire perdre le fil de la réalité… La vitesse est celle des images et du son : à mach 1 et 24 images seconde, on oublie, on oublie tout... C’est la grande transe qui nous laisse sur le carreau, lessivés…


L'inconscient citoyen


Ces informations, on voudrait bien au minimum qu’elles surgissent sur le territoire des questions de société. Mais elles sont enrichies en censure allégée, et d’autant plus efficacement, que l’opération hygiéniste se déroule sous l’égide de la Transparence. On barricade et condamne certaines portes d'entrée, on laisse les moins subversives et les plus attendues entrouvertes. Y'a plus qu'à défoncer le vent style commando. Le contrôle est presque impensable, insaisissable, insoupçonnable : c’est le grand casse du siècle des questions de société. Et les exemples abondent.


De la prime à la casse à la prime à la caille


Ainsi, et crescendo, cette carotte en cagnotte que le drame de « l’imagination au pouvoir » propose et teste actuellement dans certains lycées professionnels, tandis que les témoignages de professeurs agressés ou tombés en dépression se succèdent, tout juste un mois après la rentrée scolaire… Surtout, ne pas parler du besoin urgent de reconquérir l’autorité dans nos collèges et lycées…
Egalement, ces milices des habitants de Roissy-en-Brie, « tranquille commune » de Seine-et-Marne, dont on veut nous inviter à penser qu’elles sont d’essence fasciste, tandis qu’elles tentent désespérément de combler les lacunes criantes du sacro-saint contrat social, et constituent donc une réappropriation de prérogatives fondamentalement citoyennes. Pour la petite histoire, la pauvre maire communiste de Roissy-en-Brie, Sylvie Fuchs, ayant imploré il y a peu que l’on renforce la présence policière sur son territoire (un policier pour plus de 600 habitants), ne pensait pas que le mot d’ordre de sa campagne, « Ensemble, changeons la ville », serait ainsi pris au pied de la lettre par ses administrés… Comme quoi les renards, ne sont pas toujours les plus rusés…
Enfin, la terrible question de la « délinquance » sexuelle, effroyable euphémisme conforté par la pratique ayant cours dans l’application des peines, et du problème de sa récidive…


"C'est ça une salle de réveil ?"


Benoît Hamon vitupérait hier sur les ondes télé. Benoît, les journalistes l’aiment bien. Il est jeune, porte beau, et à ce titre, dans notre société jeuniste où le beau est le vrai et le juste aussi, devrait incarner le renouveau du Verbe socialiste… Qu’il ait le charisme d’une huître importe peu : Benoît ne serait pas le premier bernard l’ermite de la qualité en politique… Au contraire : au moins ne jure-t-il pas dans le tableau. Il n’y plus guère que de minables miracles crustacés… Benoît vitupérait donc hier à la télé. Il clamait l’« indécence » des propos du gouvernement multi-têtes et acéphale concernant la castration chimique des criminels (appelons un enculé, un enculé) sexuels, propos consécutifs à ce nouvel épisode dramatique du grand soap opéra mass médiatisé des faits divers : l’assassinat de Marie-Christine Hodeau ; code-barres médiatique : la « joggeuse ».


"ça fait mal un Verbe incarné ?"


La misérable vermine criminelle coupable de ce meurtre est un récidiviste. Il eût dû d’ailleurs moisir en taule pendant onze ans pour le viol d’une gamine, peine dont il ne tira en réalité que cinq malheureuses piges… Notre JAP qui es aux cieux…
Certes, Benoît avait raison de monter sur ses grands chevaux de rodomontade, lorsqu’il rappelait que la castration chimique est un traitement thérapeutique qui nécessite le consentement et l’engagement du « malade ». Mais pour ce qui est de l’« indécence », elle est d’abord du côté de la justice. Non contente d’écourter les peines prononcées en assise par nos jurys populaires, sorte de censure spéculant sur la mémoire courte et le grand tourbillon de la vie, elle arrive encore à se flatter de ses injonctions thérapeutiques ineptes d’inefficacité… Justice multirécidiviste au passage, tant nous connaissons refrain et couplets par cœur de cette chansonnette-là…
L’indécence est ensuite du côté de Benoît Hamon. Son envolée lyrique flirte avec l’obscénité d’une mémoire gruyère : dès le lendemain de l’exhumation de la tombe de fortune, de l’infortunée « joggeuse », il oubliait toute retenue, due à la victime, mais également au peuple français… L’« indécence » ? Une légère envie de lui enfoncer ce mot dans la gorge…


Métaphore des expériences psychiatriques sur la société. Fantasia : pays de la folie criminelle


La castration chimique serait indécente… La castration chimique serait à inscrire sur les tablettes des grands crimes contre l’humanité ?! La castration chimique serait la barbarie en blouse blanche, l’odieux spectre du docteur Mengele en gélules ?! La castration chimique ? Comment cela ?! Sous nos cieux parfaitement progressistes et humanistes ? Mais c’est tout l’obscurantisme moyenâgeux et ses châtiments corporels qui feraient un retour fracassant de pyrotechnie ! L’odieuse hypocrisie qui foule au pied la fosse commune gorgée, engorgée de victimes innocentes, de réelles victimes…


Nos verdicts mettent les innocents en cellules mentales


Voyez le simulacre de question de société qu’on nous présente : « Faut-il castrer chimiquement les « délinquants sexuels » ? » Alors ? Pour ou contre la castration chimique ? Voyez poindre à l’horizon d’une mentalité horizontale, bornée d’égalitarisme, un nouveau plébiscite de notre alchimie moderne : la psychiatrie et ses camisoles chimico-humanistes. Quand la sangle se fait comprimé, alors la simulation des entraves est parfaite…


Le lecteur MP3 : nouvelle arme dans les urgences psychiatriques


Et voici la réelle question de société, celle qu’on nous défend de poser : « La psychiatrie est-elle parfaitement inefficace ? » Cette question a bien un sens, les faits sont là : la récidive est considérable en la matière de la criminalité sexuelle. Le risque semble atteindre des sommets ! Il est ingérable. Cette affaire ne met à nouveau en lumière que le prodigieux échec des mineurs du (et de) mental, de cette science bien loin de l’exactitude, pourtant si imbue d’elle-même, de cette médecine escroque qui inlassablement cache sa misère en un retournement indécent et incessant, une transmutation systématique, du coupable en victime… Passez par la case patient. L’indécence loge aussi à Sainte Anne… Et qu’importe si la castration médicamenteuse, de surcroît, a fait la preuve, notamment outre-Atlantique, qu’elle ne constituait pas une garantie de non récidive.


Récidive zéro avec la Plastie des couilles !


La réelle question de société est celle de l’anéantissement : faut-il castrer physiquement les délinquants sexuels ? Ma réponse est oui et je ne me savais pas si barbare… Faut-il anéantir les délinquants sexuels, rétablir pour eux la peine de mort ? Ma réponse est oui et je ne me savais pas si réactionnaire... Faut-il expulser à perpète les délinquants et criminels sexuels de la cité ? Ma réponse est oui et je ne me savais pas si enclin à payer des impôts pour d’efficaces expédients… Prison à vie, au minimum, et qu’on fasse taire tous ces doctes psychiatres prêchant pour leurs chapelles théoriques et ces tartuffes pseudo intellectuels qui se cachent du réel derrière des blouses blanches, des divans et de la sérotonine en cachet. La psychiatrie fait pèle-mêle du grain de folie, de la révolte, de l'insoumission, des pathologies en vue d'un contrôle efficient de masse, tandis qu'elle adoube la folie criminelle en maladie, en raison, en excuse, en circonstance atténuante, en irresponsabilité injugeable, sans que jamais l'on puisse la déjuger, société de l'expertise oblige...
La psychiatrie se différence finalement si peu d’une « vulgaire » religion. Elle se renforce même au fur et à mesure que la réalité la dément, signe de sa vitalité de jeune doctrine. Il y a encore beaucoup à croire finalement…


Les bonnes intentions : du nouveau plan d'urbanisme en Enfer


Il faut prendre acte du réel. Et le réel s’appréhende plus que jamais aujourd’hui, en ces temps de sa négation continue, de promotion d’une morale terroriste, de défilés culturels décérébrant, « par delà le bien et le mal »… Par delà le bien et le mal, réinvestir la Pensée et agir sur le théâtre des opérations des questions de société. Par delà le bien et le mal, il y a l’Art, et il y a l’Homme, encore possible… Suffit de récupérer ses couilles, de revenir sur une histoire, qui n'est qu'affaire d'h minuscules...

12 commentaires:

  1. Génial, comme d'hab.
    Je veux que lé(s)tat ait une chaire dans mon université et qu'il déniaise la jeunesse par vague de six cents.

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  2. Encore 68 ça... On se prend dans la tronche un retour de flamme foucaldien.

    J'avais une prof foucaldienne qui nous exhortait souvent à remettre en question la folie car nous étions tous fous et les fous l'étaient sans doute moins que nous... Elle écrivait des livres zérotiques sous pseudo, était un peu goudou et déambulait dans les couloirs vêtue de noir... Je pense savoir ce qui aurait pu la guérir de son foucaldisme.
    POUP!
    Ca va mieux.

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  3. Ouvrir le ban avec des viscères, des tripes, des abats, du sang qui ne demandait plus qu’à couler, s’écouler, se répandre et avec Céline, pour dire trois fois OUi à des techniques très spéciales de contrôle social, c'est bien vu et même très juste.

    Par contre l'autre là, le gros libidineux avec sa grosse fraise supportant ses triple foyers, on comprend pas à quoi il sert. Mais comme c'est pas la première fois que vous nous faites le coup de nous fourguer ces commentaires, on se dit qu'il doit y avoir une explication.

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  4. Raymond Marcel Hein3 octobre 2009 à 22:37

    "On se prend dans la tronche un retour de flamme foucaldien"

    Toujours de l'humour... Ca vous fait rire ? Moi pas. Le chauve j'ai jamais pu l'blairer, moi. Alors oui, oui et oui, La faute au roi des PD. Bein quoi, faut bien que ce soit la faute à quelqu'un. Et comme ça peut plus être la faute au Faute au bon dieu, parce qu'y en a plus, que ça peut pas être non plus la faute au diable, pour la raison qui précède. Ce sera Foucault, point barre ! Et si y en a à qui ça va pas, ce sera toute la Pensée 68 réunie, Finky et BHl compris. Parce qu'ici la prescription, connaît pas !

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  5. "Par contre l'autre là, le gros libidineux avec sa grosse fraise supportant ses triple foyers, on comprend pas à quoi il sert."

    Il est là pour incarner la dégénérescence et de l'homme et de l'Art. Je trouve qu'il symbolise tout ça assez bien.

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  6. Ca c'est pour tout de suite, mais les fois précédentes ?

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  7. Oh la, faut que je donne une explication de texte par photo ? Mais ce ne sont que quelques vannes mon fils.

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  8. Seul un fin esthète tel que toi eut osé faire référence au JAP...

    Très bien vu...

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  9. @ Le(s)tat

    Au sujet du gros libidineux à grosse fraise et triple foyers, y a maldonne, je parlais pas de

    http://abel.jerome.free.fr/img/OrangeMecanique.jpg

    mais de

    http://www.notbored.org/guy-smoking.jpg

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  10. Dans la grande tradition de l'organe ! Mais l'Organe c'est l'organe, le cgb c'est le cgb, nan ?

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  11. j't'en foutrais d'l'organe5 octobre 2009 à 16:08

    l'Organe c'est l'organe, le cgb c'est le cgb, nan ?

    Si ! Et mon cul c'est du poulet ?

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  12. "Et mon cul c'est du poulet ?"

    Faudrait faire des analyses pour te dire ça. Prélève-donc un bon cm³ de couenne de ta fesse droite et emmène ça au laboratoire le plus proche de chez toi, tu verras bien.

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