9 juin 2008

Fonder une banque : un acte criminel


Paracelse nous a récemment livré un extrait de l’ « Anti-manuel d’économie » de Bernard Maris dans lequel il était question de l’indépendance de la Banque de France et de ses implications sur la politique économique (en gros comment les banquiers-créanciers et les industriels-rentiers ont pris le contrôle total des orientations économiques). Evidemment l’escroquerie ne s’arrête pas là car comme le disait en substance Bertolt Brecht dans les années 1920-1930 : sur le plan criminel, le braquage d'une banque est tout à fait insignifiant en comparaison de la fondation d'une banque.
Ainsi sont venues s’ajouter dans la liste des escroqueries, la Banque Centrale Européenne (BCE) et l’Euro.
Outre Atlantique, ils avaient la Fed (Federal Reserve), ils auront bientôt droit à l’Amero. Etant entendu que tout ceci marchera ensemble pour continuer à pomper internationalement le fric des petits contribuables.
Pour approfondir un peu sur l’histoire et le fonctionnement de la Fed (Réserve Fédérale Américaine), voici un passage de Zeitgeist (L’esprit du temps), un docu qui circule pas mal sur le net.
L’intégralité est visionnable ici : http://video.google.com/videoplay?docid=3767487358149440770 (la première partie sur la religion intéressera surtout les athées et les laïcards intégristes, j’ai pour ma part préféré de loin tout le reste du docu, notamment sur le 11/9). Extrait traitant de la Fed :



La stratégie est simple : on retire la maîtrise de la monnaie aux nations et on la confie aux banques privées qui elles ne sont pas soumises à un quelconque contrôle démocratique (aux States c’est un simulacre de contrôle de la Fed par le Congrès qui se contente de lui donner quelques recommandations, et de toute façon ces banques ont un statut spécial qui leur donne un haut degré d’indépendance). Ces banques peuvent ainsi imposer le modèle économique qui sert le mieux leurs intérêts et surtout elles mettent la pression sur les Etats pour qu’ils remboursent leurs emprunts avec les intérêts qui vont avec. Or comme les Etats sont endettés, ils sont de nouveau obligés d’emprunter pour rembourser les intérêts du prêt qu’ils contractent ! C’est un cercle vicieux et bien entendu les peuples trinquent à chaque fois avec plans de rigueur, sape des services publics et restrictions des aides sociales à la clé.

La BCE, créée en 1998 mais déjà inscrite dans le processus de l’UEM défini par le traité de Maastricht, répond parfaitement au profil. Les nations européennes lui ont abandonné leur souveraineté économique et c’est une autorité qui n’est soumise à aucun contrôle démocratique.
Ainsi, la France, le pays finalement le plus réticent à obéir à ce Léviathan qu’est la BCE (du moins jusqu’à l’arrivée de Sarkozy), se voit sans cesse accusée d’être le pays de l’Union qui a les dépenses publiques les plus élevées et reçoit régulièrement l’injonction de remettre son économie sur les rails et, pour cela, Bruxelles lui ordonne de poursuivre les réformes et la libéralisation de l’économie, et aussi de mettre de l’ordre dans ses finances. Pour résumer, tout ceci revient à lui demander de « faire cracher leur pognon aux petits travailleurs français » ou à moins les payer et à surtout ne plus leur offrir la part différée du salaire que constituent les services publics.

Ainsi , Françaises, Français, Belges, Belges, il est clair qu’après que votre argent a servi à engraisser les spéculateurs privés des marchés boursiers, par le biais des banques extérieures, et que vient ensuite nationalement le temps de rembourser le trou de la Sécu ou construire et moderniser les services publics, vos gouvernants vous disent que les caisses sont vides et qu’il faut confier la gestion de ces secteurs…on vous le donne en mille…à ces mêmes spéculateurs privés (services publics vendus pour une bouchée de pain en plus ! – on se souvient de la scandaleuse cession du réseau autoroutier). Les profiteurs sont donc gagnants sur tous les tableaux. Vous avez parlé de maffia ?

ps : pour les curieux il est intéressant de voir qui sont actuellement les hommes (les 5 membres du Board of Governors) qui dirigent sans partage la Fed (voir sur Wikipédia ou sur le site officiel http://www.federalreserve.gov/aboutthefed/default.htm). Tout aussi intéressant : voir les gouverneurs passés et les présidents des 12 Banques régionales rattachées à la Fed (et ne parlons pas des autres instances financières internationales) ; encore plus intéressant serait la liste des principaux actionnaires, mais malheureusement cette dernière est introuvable car probablement soigneusement dissimulée pour se protéger d’esprits malintentionnés qui en tireraient des considérations fantasmatiques. En ce qui me concerne, en bon français cartésien, je garde la tête froide et comme j’ai pas le choix, je continue de mettre mes 900 euros de salaire mensuel à la banque et me console de gagner si peu par le fait de leur en donner également si peu.

4 commentaires:

  1. Citer Maris comme référence...
    Membre d'Attac et journaliste à Charlie hebdo, c'est sur que ce qu'il raconte est garanti 100% sans idéologie...

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  2. J'ai lu ton sujet et j'ai rédigé un commentaire, mais il était tellement long que je vais en faire un sujet à mon tour.

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  3. Si ces histoires de monnaies vous intéresses je ne saurais trop vous recommandez le blog de l'économiste et anthropologue Paul Jorion :

    http://www.pauljorion.com/

    http://www.pauljorion.com/blog/


    Sinon pour Bernard Maris il dit souvent des choses vrais mais il est atteint de l'incohérence fondamentale qui touche la plupart des économistes "touche pas au libre-échange". Il se dit économiste keynésien et a oublié l'une des plus célèbre phrase que Keynes a écrit en pleine crise des années 30, alors que les politiques ne savaient que faire:

    "J’ai de la sympathie pour ceux qui veulent minimiser plutôt que maximiser l’imbrication économique entre les nations. Les idées, la connaissance, l’art, l’hospitalité, les voyages : autant de choses qui sont, par nature, internationales. Mais que les marchandises soient de fabrication nationale chaque fois que c’est possible et commode . » (voir « La pauvreté dans l’abondance » aux éditions Tel Gallimard)
    "

    Tant que Maris ne voudra pas entendre parle de "droit de douane" et de protectionnisme il restera un pseudo-keynésien.

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  4. >J'ai lu ton sujet et j'ai rédigé un commentaire, mais il était tellement long que je vais en faire un sujet à mon tour.

    Volontiers. Si qqun du CGB (ou qui serait partant pour nous rejoindre) touche sa bille en la matière (monnaie, systèmes économiques, bourse etc) ce serait vraiment intéressant d'avoir son avis et des éclaicissements. Pour ma part, je connais pas grand chose et je dois prendre sur moi pour me plonger un peu là-dedans.

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