4 février 2008

Le viol des foules par la nomenklatura européiste


Alors que le petit peuple est sensé jacasser sur le mariage princier de ce week-end avec une ennemie de classe. Le congrès (réunion du Sénat et de l'assemblée nationale) vient d'entériner la révision constitutionnelle pour la ratification du traité de Lisbonne en fin d'après-midi à Versailles ( un Traité ratifié à Versailles... 1919 vous vous en souvenez?) par 560 voix pour, 181 contre (Mélenchon, Lassalle, Emmanuelli, Dupont-Aignan) et 152 abstentions.



Les amarres seront donc larguées aujourd'hui 4 février notre Constitution a été adaptée pour faire place au Traité de Lisbonne.

Que chaque député et sénateur qui participera à ce forfait sache que son nom restera peut-être dans l'histoire, lorsqu'il faudra refaire l'histoire d'un désastre.

Nous avons assisté à un viol caractérisé des foules par le principe eurocratique censitaire ET autoritaire. La mégamachine sera en marche et comme toujours ils feront fi des autres refus populaires possibles (Irlande, Royaume-Uni voire le Danemark)...

Un jour on écrira "L'étrange défaite" de ce putsch technocratique. Curieuse démocratie qui enterre un vote populaire, jette aux orties la souveraineté non pas d'un peuple mais de deux peuples.

Etienne Chouard, l'homme le plus haï de l'eurocratie française (comment un petit prof de gestion a-t-il pu foutre en l'air notre beau rêve de démocrature europhile en 2005?) a bien raison de dire qu'on se fout de nous avec ce Traité de Lisbonne.

Grande journée pour l'oligarchie européiste, avec l'élection très démocratique (en fait avec un petit bourrage des urnes) du gentil européiste Boris Tadic, réelu "triomphalement" (AFP) avec 50, 57% face au méchant candidat '"ultranationaliste" (pourquoi "ultra"?) Tomislav Nikolic.

Bien sûr vous allez écouter les litanies des européistes qui vous dirons "leur fierté retrouvée d'être français", minimiserons la mobilisation des tenants d'un référendum soit les véritables héritiers de la Révolution française.

Pour finir, le CGB vous laisse avec ce sublime texte d'un lecteur du blog du très eurocrate Jean Quatremer suintant de haine pour le petit peuple:

Le 29 mai 2005, j’ai eu honte d’être un européen de nationalité française pour la deuxième fois, (la seconde ?) la première remontant à un certain 21 avril...

Aujourd’hui, alors que le Parlement français vient de voter la modification constitutionnelle nécessaire pour adopter le traité de Lisbonne, je suis simplement soulagé ...

Pour autant, aujourd’hui, je m’étonne encore du ressentiment, de la virulence teigneuse des " nonistes" face à la ratification parlementaire du traité de Lisbonne. Certes, de la part de Besancenot, Mélenchon, Emmanuelli, de Villiers et consorts sociaux-nationalistes, après les mensonges éhontés comme le choc salutaire, le plan B, le plombier polonais et la pute slovaque, plus rien ne devrait vraiment m’étonner, mais il n’en demeure pas moins que je m’étonne !

Tout d’abord, parmi les "nonistes", beaucoup avaient appelé au "vote sanction" à travers le référendum, transformant ainsi le vote en plébiscite pour ou contre Chirac ; le sens même du rejet du TCE avait été pour cette raison même fortement biaisé davantage du côté d’un désaccord de politique intérieure cristallisé autour d’un vieillard cacochyme qu’autour de la véritable question posée. Qui peut sérieusement nier que ce référendum ne fut pas d’abord, pour beaucoup, l’occasion d’infliger une claque sévère à Chirac ? Les Français fûrent, une fois de plus, risibles, comme si ce "non" à Chirac se devait d’adopter lui-même une forme parodique de culture politique.

Je m’étonne également autour de l’argument voulant qu’il y ait un déni de démocratie, argument qui ne laisse pas de surprendre. Les Français ont voté pour un référendum en 2005 portant sur un texte qu’ils n’avaient pas lu, et en fonction de critères de politique intérieure ; ils votent "non", et les nonistes y voient le formidable travail de la démocratie. Ils votent deux ans plus tard pour un Président dont le programme contient très explicitement la volonté de ratifier par voie parlementaire un traité "simplifié" et ce Président est élu dans les mêmes proportions que le Non au TCE. Et voilà que les "nonistes" viennent expliquer qu’il y a déni de démocratie, comme si la démocratie était davantage présente dans une vote détourné par des questions intérieures que par le choix clair et lisible d’un programme présidentiel.

J’ajoute que la tartufferie atteint des sommets chez certains "nonistes" qui s’appuient sur la légitimité du référendum soudain paré de toutes les vertus possibles d’un "Peuple" qui, comme un seul homme a exprimé la belle essence du "pays réel" pour dire "non", tandis que le programme présidentiel contenant explicitement la ratification parlementaire est évidemment délégitimé au nom du refus léniniste des choix démocratiques, le petit peuple n’étant pas apte à juger… Mépriser la démocratie et s’appuyer sur un référendum, symbole même de la démocratie populaire tout en refusant la légitimité de l’élection d’un Président sous prétexte que les Français ne savent pas pour quoi ils votent, voilà qui ne manque pas de sel !

Au-delà de la mauvaise foi patente, il est fascinant d’observer comment la pensée noniste met en branle une machine effroyable consistant à accorder un crédit au seul référendum dont chacun sait que les votes à la fois disparates, confus, mêlant Besancenot et Le Pen, Mélenchon et Villiers, Buffet et Dupont-Aignan, n’exprimaient pas la vitalité de la démocratie française mais le ressentiment des Français vis-à-vis de la "méchante Europe" prise comme victime expiatoire de toutes leurs frustrations, auxquels s’ajoutait la volonté d’achever un Chirac qui apparaissait chaque jour plus grotesque. Bref, ce référendum constitua certainement, dans la V ième République, le moment où l’on atteignit un point culminant d’aberration politique, où les citoyens durent se prononcer sur un texte dont ils ignoraient tout ou presque, si bien que rarement autant que ce 29 mai les Français votèrent en parfaite méconnaissance de cause, aussi bien les "nonistes" que les "ouiistes", bien évidemment. Eriger ce référendum, absurde en son principe et risible dans son exercice, en référence démocratique confine au ridicule dont la France est hélas bien coutumière.

Ce référendum fut en fait une très claire occasion pour la "FRANCE MOISIE", telle que Ph. Sollers l’avait avec talent décrite à la "une" du Monde en 1999, de se manifester.

Extraits : "Elle était là, elle est toujours là ; on la sent, peu à peu, remonter en surface : la France moisie est de retour. Elle vient de loin, elle n’a rien compris ni rien appris, son obstination résiste à toutes les leçons de l’Histoire, elle est assise une fois pour toutes dans ses préjugés viscéraux. Elle a son corps, ses mots de passe, ses habitudes, ses réflexes. Elle parle bas dans les salons, les ministères, les commissariats, les usines, à la campagne comme dans les bureaux. Elle a son catalogue de clichés qui finissent par sortir en plein jour, sa voix caractéristique. Des petites phrases arrivent, bien rancies, bien médiocres, des formules de rentier peureux se tenant au chaud d’un ressentiment borné. Il y a une bêtise française sans équivalent, laquelle, on le sait, fascinait Flaubert. L’intelligence, en France, est d’autant plus forte qu’elle est exceptionnelle.

La France moisie a toujours détesté, pêle-mêle, les Allemands, les Anglais, les Juifs, les Arabes, les étrangers en général, l’art moderne, les intellectuels coupeurs de cheveux en quatre, les femmes trop indépendantes ou qui pensent, les ouvriers non encadrés, et, finalement, la liberté sous toutes ses formes.

La France moisie, rappelez- vous, c’est la force tranquille des villages, la torpeur des provinces, la terre qui, elle, ne ment pas, le mariage conflictuel, mais nécessaire, du clocher et de l’école républicaine. C’est le national social ou le social national. Il y a eu la version familiale Vichy, la cellule Moscou-sur-Seine. On ne s’aime pas, mais on est ensemble. On est avare, soupçonneux, grincheux, mais, de temps en temps, La Marseillaise prend à la gorge, on agite le drapeau tricolore. On déteste son voisin comme soi-même, mais on le retrouve volontiers en masse pour des explosions unanimes sans lendemain. L’Etat ? Chacun est contre, tout en attendant qu’il vous assiste. L’argent ? Evidemment, pourvu que les choses se passent en silence, en coulisse. Un référendum sur l’Europe ? Vous n’y pensez pas : ce serait non, alors que le désir est oui. Faites vos affaires sans nous, parlons d’autre chose. Laissez-nous à notre bonne vieille routine endormie."

Quelle prémonition !








2 commentaires:

  1. Le reflux démocratique qui se déroule sous nos yeux est de plus en plus évident.
    Pour l'instant, la seule explication pertinente de ce phénomène qui m'ait été donnée de lire est celle qu'Emmanuel Todd a développée notamment dans "L'illusion économique".
    En bref la progression continue de l'évolution culturelle dans les sociétés développées (caractérisée par une hausse du taux d'alphabétisation) au cours des siècles passés aurait entrainé presque naturellement une démocratisation au cours de cette période. Or il apparait maintenant une stagnation culturelle. Le taux d'alphabétisation reste à un niveau élevé mais le taux de personnes ayant fait des études supérieures ou ayant un bagage culturel équivalent n'évolue plus depuis quelques dizaines d'années et stagne entre 15 et 30 % selon les pays. Todd observe donc une stratification culturelle des sociétés des pays développés avec une élite culturelle qui, du fait de son importance (autour de 20%), impose ses vues sur tous les débats. Le vote démocratique parait donc de moins en moins légitime à cette strate de la population qui pour ne rien arranger s'isole du reste.
    Cette situation n'ébranle pas les pays anglo-saxons qui sont indifférents à l'idée d'égalité. En France par contre cela crée une tension entre la valeur d'égalité présente à un niveau très profond (anthropologique) et la valeur d'inégalité véhiculée par la stratification culturelle actuelle.

    Je discutais récemment avec un instituteur à la retraite qui m'expliquait les difficultés qu'il avait eu à enseigner dans des écoles "à la campagne". "Quand on voit certains gamins de 4-5 ans, on sait déjà que la vie sera dure pour eux. On est pas égaux." Voila ce qu'un instituteur, symbole supposé de la République, peut dire en 2008.

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  2. En effet les oligarchies rêvent d'une seule chose à la manière de Brecht c'est de dissoudre le Peuple et le rêve européiste en est la parfaite illustration.

    Le pire c'est que les ouiouistes veulent que le sang des nonistes coulent qu'ils se flagellent, soient rayés de la carte comme si ils n'avaient jamais existé!

    Je rappellerais cette phrase d'un dangereux démocrate Mendès-France:

    "L'abdication d'une démocratie peut prendre deux formes; soit elle recourt à une dictature interne par la remise de tous les pouvoirs à un homme providentiel, soit à la délégation de ses pouvoirs à une autorité extérieure, laquelle, au nom de la technique, exercera en réalité la puissance politique. Car au nom d'une saine économie, on en vient aisément à dicter une politique monétaire, budgétaire, sociale, finalement une politique, au sens large du mot, nationale et internationale."

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