29 septembre 2007

L'homme qui faisait les rois




Il a 50 ans et déjà deux élections présidentielles de gagnées! Un apôtre de la France éternelle, un plume issue du Peuple (père inconnu, mère femme de ménage). Le meilleur chez Nicolas Sarkozy c'est peut-être Henri Guaino.


Petit retour en arrière, nous sommes le 4 octobre 1994 et Jacques Chirac est au fond du trou face à l'écrasante popularité du premier ministre, Edouard Balladur. Denis Tillinac emmène son vieil ami à une réunion de son Club "Phares et Balises" , cofondé avec Régis Debray et Jean-Claude Guillebaud. L'ogre corrézien y découvre la thématique de la fracture sociale inventée par Marcel Gauchet mais développée par Emmanuel Todd (77 ème Note Verte de la Fondation Saint-Simon, Aux origines du malaise français, novembre 1994). Membre éminent de ce Club, le jeune conseiller de Séguin, Henri Guaino, 37 ans, est convaincu du "potentiel" d'une telle note, c'est donc lui qui sera chargé de pétrir, d'affiner cette idée pour en faire un discours politique, un slogan de campagne et passer à la moulinette le petit-fils de Paul Nizan.

Las, une fois élu, le Président Chirac, jettera par dessus bord la "fracture sociale" au profit de la rigueur toute juppéenne...

Nommé Commissaire général au Plan après l'élection présidentielle de 1995. Henri Guaino vit mal le revirement de son ancien champion qui se débarrasse finalement de lui avec l'aide de Lionel Jospin le 5 janvier 1998 et le remplace par feu Alain Etchegoyen.

Durant sa "traversée du desert" de 1998 à 2006, cet "intellectuel" réactive ses réseaux "républicains" : il rend sa carte du RPR et s'implique dans la création du RPF de Charles Pasqua et Philippe de Villiers (contre l'avis du président par intérim du RPR de l'époque, Nicolas Sarkozy). Il fonde par ailleurs sur les ruines de Phares et Balises, la Fondation Marc Bloch aux côtés de Philippe Cohen et d'Elisabeth Lévy.

Il est aussi à l'oeuvre pour la charte d'aménagement et de développement du territoire des Hauts-de-Seine (1999-2000), il se fait conseiller scientifique de l'Agence pour la diffusion de l'information technologique (Adit) (2002-04), puis il devient administrateur de l'Ademe (2003-2006) avant d'être appelé par son mentor Philippe Séguin comme Conseiller maître à la Cour des comptes en 2006 ...

L'ombrageux Henri Guaino ne s'est que très peu frotté directement à la politique si ce n'est une tentative ratée aux élections municipales de 2001 (9,69%) sous l'étiquette Séguiniste-RPR retrouvée face au dissident Tiberi.

Début 2006, Guaino fait une offre de services au ministre de l'Intérieur arguant qu'un libéral atlantiste ne gagnera jamais une élection française... Banco!!! Le pragmatique Nicolas Sarkozy le prend dans son équipe et Guaino prend la plume pour le discours de Nîmes de mai 2006 et devient "l'homme qui murmurait à l'oreille du candidat".

Néanmoins avec le temps, Henri Guaino se fait de moins en moins gaulliste et de plus en plus parti social français (PSF) troquant la mystique patriote pour la religion nationaliste. Nicolas Sarkozy s'en frotte les mains: "l'identité nationale" et "le travailler plus pour gagner plus" séduisent l'électorat populaire et ramènent les brebis égarées vers le FN..

La victoire acquise, c'est à reculons que l'arlésien entre au cabinet de l'Elysée. Il demande d'abord au nouveau tsar de réaliser un vieux rêve : refusionner et diriger EDF-GDF. Mais Claude Guéant, le dircab de Sarko, l'énarque typique que conchie Guaino l'en empêche. Déçu, il demande Bercy après le départ de Borloo...encore raté!!!

Pour faire passer la pilule, Nicolas Sarkozy soigne Guaino en lui laissant la liberté d'intervenir dans les médias et en renvoyant son autre "plume", Emmanuelle Mignon vers Versailles... Bref, Sarko ménage son "éminence grise"... il pourrait partir vers son successeur!!!

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