26 novembre 2006

Défonce de défense.

Hé oui, désolé, j’y reviens, mais la question est fondamentale à mon sens à plus d’un titre, et cette question a été biaisée, notre réflexion truquée, son jeu tronqué, par le traitement technicolor de l’info, son ethnicisation.

A la base, j’avais commencé à écrire ma « Légitime défonce Part. II » en me servant de la dépêche AFP publiée dans le Monde. Cette dépêche ne faisait absolument pas référence à la couleur du policier tireur. Sur le coup, sous le coup de l’émotion suscitée, l’idée était clair-obscur dans ma tête : la légitime défense est constituée à cent pour cent, à sang pour sang, à un contre cent.

Une bonne nuit de sommeil dessus et ma colère apaisée sur l’accent mis par les médias sur la nature raciste de l’agression à l’origine du drame, qui donne au flic une espèce de circonstance sur-atténuante, un blanc-seing moral (par analogie avec la pénalisation plus sévère des injures racistes, la circonstance aggravante générale de l’article 132-76 du Code Pénal qui dispose « Les peines encourues pour un crime ou un délit sont aggravées lorsque l’infraction est commise à raison de l’appartenance ou de la non appartenance, vraie ou supposée, de la victime à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée », cette circonstance étant constituée par les propos par exemple selon son deuxième alinéa), et j’en remets une couche sur la légitime défense, car oui c’était une bien belle connerie que de n’éclairer que ce coin sombre de la scène du crime étant données les réactions que j’ai pu lire ici ou là...

Il me semble que tout le monde se fout de considérer la nature réelle de la légitime défense en l’espèce, ou fait mine... Le jugement médiatique instantané est passé par là. Quand le jugement sera rendu par les tribunaux, tout le monde se dira « Ah ouais, c’est vrai, je me rappelle de cette histoire… » ? La plupart d'entre nous sera déjà happée par le dernier fait divers en date mais aux extrêmes, on aura la mémoire moins courte et les idées tenaces... D’un côté on dira : « c’était bien fait pour sa gueule à ce sale facho». De l’autre : « discrimination positive »… Bingo ! Et il ne s’agit pas de se voiler la face.

Faisons un parallèle entre ce drame et celui qui s’est joué chez le cambriolé ayant tiré par trois fois dans le dos de son agresseur. D’aucuns s’offusquent déjà que la légitime défense ne se discute pas pour le flic « d’origine antillaise », alors que l’encre a coulé à flots pour le cambriolé. Je note d’ailleurs qu’aucune référence aux origines des protagonistes de ce premier fait divers n’est venue sur le tapis, ce qui ne veut pas dire que tous étaient blancs. Mais le PSG, et son spectacle de violence sur décor raciste a pris le pas en l’espèce. Chirac a d’ailleurs commencé par exprimer son « horreur » du contexte raciste avant de dire qu’il ne pouvait s’exprimer sur le fait, vu qu’une enquête était en cours… Mais bordel de merde ! Que les supporters du kop de Boulogne soient des racistes n’est pas un scoop et toutes les deux semaines, ils en donnent le spectacle radical. Alors ? Et ils sont où, et ils sont où les politiques gnagnagna-gnagna-gna ? Ah, j’entends déjà les bottes bien cirées de Sarko battre le pavé.

Le cambriolé donc : il a tiré dans un dos. Le flic a tiré alors qu’il reculait devant une centaine d’assaillants, mettons qu’il devait y en avoir une bonne dizaine au contact. Il a reçu des coups. Il a d’abord riposté avec sa lacrymo, ce qui démontre son intention de ne pas dégainer. Il dégaine finalement, ce qui démontre une absence de choix, un sentiment que sa vie est menacée. Ok. On peut s’interroger, et les enquêteurs ne manqueront pas de le faire : était-il identifiable ? Il n’avait pas son brassard bon d’accord. Ça ne va pas dire qu’il n’ait pas été identifié à un moment donné. Avant ou après les coups de feu ? A-t-il fait des sommations ? Certainement selon le témoignage d’un gros blaireau décervelé qui disait qu’ils pensaient tous que « c’était un grenaille » (remarque, ça ne veut rien dire, et cela accréditerait la thèse que les bourrins ne pensaient pas avoir à faire avec un keuf). Combien de coups de feu a-t-il tiré ? A-t-il tiré en l’air ? Si non, cela n’aurait il pas suffi ? Si oui, alors l’absence de choix était indiscutable. Mais en a-t-il tout simplement eu la possibilité ? Tout cela semble bien obscène mais c’est le travail de la justice que de se poser ces questions. Et ces questions ne sont pas mal venues sous prétexte que le flic était noir… Et ces questions seront posées malgré le fait qu’il soit noir, quoiqu’en disent tous ceux qui instrumentalisent ce meurtre (car il s'agit bien d'un meurtre les enfants) par leurs investissements émotionnels intéressés...

Il est noir : ok. Il s’est fait traité de sale nègre : ok. Mais ce n’est pas un meurtre raciste. C’est le meurtre d’un raciste. Ce policier noir n’a pas tiré sur ses assaillants blancs parce qu’ils étaient racistes, mais parce qu’il a senti sa vie menacée… Un policier blanc aurait certainement été aculé et agressé au même titre que ce flic. Les insultes racistes ont probablement plus effrayé le policier plutôt que mis en colère… Le contexte n’a a priori rien à voir avec de la vengeance génétiquement codifiée...

C’est quoi le problème ? Certainement ça : pour une certaine élite pseudo intellectuelle, l’immigré, ou le français d’origine étrangère, est d’emblée victime : c’est la victime sociale par excellence. Le raciste, c’est quoi ? C’est la bête, le monstre. Or, en réalité, c’est une victime sociale au même titre… Sa connerie n’est pas plus conne et n’est pas plus congénitale. Elle vient des mêmes technologies disciplinaires de division. Mais le coloré est toujours victime de bavure, victime de la justice trop sévère… Le raciste quant à lui, est potentiellement sur-punissable. Notons que le rétro-racisme est totalement nié sur la scène médiatique sous prétexte de minoritisme, de faux robindesboisisme, quand heureusement il est appréhendé tout de même par la justice, du moins d’un point de vue théorique… Ainsi, on arrive à l’axiome suivant : un flic blanc qui tombe dans un guet-apens en banlieue doit se faire casser la gueule et ce sera bien fait pour sa sale gueule de flic, tandis qu’un flic noir qui shoote un facho, c’est un héros. Et voici comment on mène à la baguette les faits divers et comment on nourrit les inimitiés, comment on radicalise sa population. Irresponsabilité.

Mais merde ! Cela ne doit pas nous priver de bon sens ! Il y a tout de même une différence entre plomber un gus dans le dos et tirer dans l’tas d’une foule qui veut vous exploser. Une putain de différence qui ne tient pas à la couleur de votre peau. Si la légitime défense n’est pas constituée en l’espèce, alors nous n’avons que le droit de nous faire assassiner comme de gentils et dociles moutons. En conclusion, on ne va pas lui dénier, dans l’état actuel de nos maigres info en tout cas, le bénéfice de la légitime défense sous prétexte qu’il est noir. Maintenant, cet antillais était flic et je dirais qu’il avait la chance d’avoir un flingue au ceinturon. Qu’en serait il du supporter de Tel Aviv, s’il n’était pas intervenu ? Il ne serait pas à coup sûr mort non, mais il aurait bénéficié au minimum d’une ITT tsunamesque... Et l’aurait on poursuivi pour non assistance à personne en danger, ce flic, s'il n'avait pas bougé ?...

3 commentaires:

  1. Parce qu'ils estimaient ne pas être totalement décridibilisés, SOS RAcisme a décidé de porter plainte pour ''injures publiques à caractère racial'' contre le mec qui est mort.

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  2. Non je ne plaisante pas du tout.

    Mounir lui c'est pas un raciste d'abord, c'est une victime de la société.Et puis en plus Mounir s'il est antisémite c'est juste par souci d'intégration, il veut être un bon français. Bref c'est la faute à Vichy. Héhéhéhé.

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  3. Et si on voyait le bon côté des choses voulez-vous ?

    Un supporter de foot est mort, je vous rappelle ! Alors, certes, un par un ça risque de prendre du temps, surtout s'il faut trouver une victime à sauver à chaque fois. Mais bon pour une fois qu'on part dans la bonne direction, on va pas chipoter hein ...

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