1 septembre 2006

L’aigle de papier


Mis sur le trône d’un éphémère empire du Mexique par Napoléon III, Ferdinand Maximilien Joseph de Habsbourg, prince impérial d’Autriche-Hongrie, ne fut qu’un pantin au service des ambitions territoriales et coloniales françaises. Et puis un jour, il fut contraint de descendre de sa tour d’ivoire pour affronter la triste réalité. Contrairement à ce que l’on pouvait attendre, il le fit avec une bravoure d’autant plus admirable qu’elle était inutile.


Maximilien est né dans le palais de Schönbrunn, à Vienne, en 1832. Fils d’empereur, frère d’empereur (François-Joseph) Maximilien ne connaîtra pourtant pas le destin doré que devait lui promettre son lignage. Il épousera assez jeune Charlotte de Belgique et bien que ce mariage fut arrangé, les deux époux ne tardèrent à tomber profondément amoureux l’un de l’autre.


Maximilien et Charlotte


Maximilien va vivre un temps dans l’ombre de son frère François-Joseph, empereur d’Autriche Hongrie. Il est prince impérial mais il s’ennuie ferme dans son palais et rêve d’aventures. Le destin va lui en donner une à vivre.
En 1859, un banquier suisse s’acoquine avec le président mexicain Miramon et lui prête la coquette somme de 79 millions de francs pour renflouer les caisses du jeune état mexicain. Mais Miramon va être renversé en 1861 par un certain Benito Juarez, révolutionnaire d’origine indienne. La première mesure que va prendre Juarez sera d’annuler le paiement de la dette extérieure du Mexique et de frapper d’un impôt les résidents étrangers.
En Europe, ces décisions font plus d’un mécontent et après moult délibérations la convention de Londres décide, le 31 octobre 1861, d’envoyer un corps expéditionnaire au Mexique pour sonner les cloches des mauvais payeurs. Ce corps sera composé de soldats anglais, espagnols et français.


Napoléon III


Début 1862, les trois nations, qui occupent à présent le Mexique, signent la convention de Soledad à la suite de quoi la Grande Bretagne et l’Espagne décideront de se retirer du conflit. Les Français, eux, vont rester. Napoléon III est alors empereur des Français et il souhaite étendre son empire colonial en s’inspirant du modèle anglais qu’il admire. Le début de l’occupation est houleuse et l’armée française est même battue le 5 mai 1862 à Puebla mais Napoléon III enverra 23.000 soldats pour renforcer ses troupes et le 7 juin 1863, les Français entrent à Mexico derrière le général Bazaine.


Maximilien en grand habit d'Empereur du Mexique


Pendant ce temps, Napoléon III, qui cherche un homme de paille à mettre sur le trône mexicain qu’il vient de créer, se tourne vers le prince Maximilien. En donnant l’empire du Mexique à un Habsbourg, l’empereur français pense masquer ses intérêts, mais personne ne sera dupe. Maximilien se laisse embobiner, sans doute par ennuie, et finit par accepter la couronne mexicaine. Il arrivera à Mexico avec son épouse Charlotte le 12 juin 1864.


Benito Juarez


Il mènera une politique très libérale qui va vite le brouiller avec les conservateurs mexicains. Ces derniers pensaient se voir doter d’un empereur au gant de fer, ils vont se retrouver avec un souverain rêveur, d’une grande gentillesse et d’une naïveté désarmante. A titre d’exemple, il nommera général un indien, ce qui provoquera un tôlée chez les autres officiers supérieurs mexicains d’origine espagnole.

Pendant qu’il rêve de chasse aux papillons dans son palais, l’armée française, elle, doit faire face aux guérilleros de Juarez qui a repris le maquis. La répression est sanglante et le peuple mexicain, en réponse aux exactions des Français, suivra Juarez les yeux fermés. Maximilien ne voit rien de cette guérilla sanguinaire car les Français lui mentent sur tout et ce grand naïf avale toutes les couleuvres qu’on lui sert sur un plateau d’argent.


Pièce d'or de l'Empire du Mexique


En 1865, la guerre de sécession américaine se termine et Lincoln fait adopter la loi Monroe par le Congrès. Cette loi condamne toute intervention européenne sur le sol américain. Napoléon III devra donc s’y soumettre de mauvaise grâce et de décembre 1866 à mai 1867 il retirera, lentement mais sûrement, ses soldats du Mexique. Maximilien, qui au bout de trois ans descend enfin de sa tour d’ivoire, tombe des nues lorsqu’il prend conscience de la réalité.

Les Français partis, il réalise enfin que “son” peuple est malheureux et qu’on lui préfère un certain Juarez. Maximilien aurait très bien pu fuir avec les Français mais il va bravement assumer ses responsabilités en liant son sort à celui des sujets mexicains qui lui sont restés fidèles et qu’il refusa, en homme d’honneur, d’abandonner. À la tête d’une armée impériale mexicaine ridicule, ce prince idéaliste rachètera ses fautes en affrontant son destin. Les mexicains lui préfèrent Juarez, qu’à cela ne tienne, Maximilien lui proposera de le nommer Premier Ministre de l’empire. Juarez va refuser, cela va de soit.


Exécution de Maximilien par Manet. L’officier qui prépare le coup de grâce est peint sous les traits de Napoléon III


Pendant ce temps, sa femme Charlotte est rentrée en Europe pour supplier en vain Napoléon III puis le Pape Pie IX de venir en aide à son époux.
Privé de l’armée française, Maximilien crut que, s’il se rendait au devant du peuple mexicain, il serait reconnu comme empereur légitime. Il mena donc son armée à la rencontre des troupes républicaines de Juarez, à Querétaro. Dès qu’elle vit les forces du révolutionnaire, l’armée impériale se débanda en abonnant son empereur éphémère et son état major.


Chemise portée par Maximilien lors de son exécution


Ils furent fait prisonniers par les Juaristes et condamnés à mort le 4 juin 1867. Le 19 juin, Maximilien marcha au peloton d’exécution avec ses officiers mexicains. Il mourut en tenant la main de cet indien qu’il avait fait général.
Sa femme, en apprenant sa mort, sombra dans la démence.




Photo du mur sur lequel fut fusillé l’empereur éphémère

1 commentaire:

  1. Les billets historiques d'Atlantis c'est quand même autre chose que les approximations de wikipédia.

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