15 juillet 2006

Danton Culte !


Danton culte ! (by Christ-off et Gabriel Fouquet)

Hier c'était le 14 Juillet, notre fête nationale. Nous attendons avec impatience que de belles âmes le remplacent par le 12 Juillet, anniversaire de la victoire de la France en Coupe du Monde, évènement festif hautement plus important pour nos chers 80% de bacheliers annuels.
Au CGB nous avons fêté cela comme il se doit : cocarde tricolore aux revers, arborant fièrement nos bonnets phrygiens pour déclamer notre amour de la Mère Patrie.
Une fois de plus nous avons exploité nos capacités à faire tourner les tables et parler les pendules, pour interviewer un des grands acteurs de la Révolution, l’évènement fondateur de notre si belle République.
Interview! Three, Two, One, On Air !

_ Nom ?
_ Danton.

_ Prénom ?
_ Georges Jacques l’ami.

_ Age ?
_ 34 ans depuis 212 ans.

_ C'est mignon ces marques que t'as sur la gueule, t'as fait ça comment ?
_ Quoi, tu parles de celles de mon cou citoyen ? Rasé de près hein ? Net comme un couperet et avec une seule lame s’il vous plaît l’ami et bien affûtée au fusil républicain.

_ Non pas celles du cou pour celles là tout le monde est au courant : celles que tu as de sur le visage !
_ J’avais compris l’ami ! T’as pas un verre à servir ?! Depuis le temps qu’suis froid. Qu’est devenue la France bon sang bleu ne saurait mentir palsambleu de diantre ! On assassine l’hospitalité sous vos yeux et vous laissez faire ! Ah, merci, un bon champagne de mon terroir. Ah, Arcy… Le champagne, ma madeleine de Prout.

_ Proust ! On peut pas dire que c’était un contemporain à toi lui.
_ Certes non l’ami, mais là-haut, on est copains comme cochons ! C’est convivial la mort tu sais !

_ Euh, à vrai dire non… Euh, une seconde… Mais attends Georgy, tu vas nous faire croire que t’es monté avec toutes tes magouilles ?
_ Héhéhéhhé HAHAHAHAHAHAH ! Me suis fait foutre à la porte des enfers, tu l’crois ça ?

_ Quoi à l’Enfer ? Ouais, j’ai interviewé Christ.
_ Ah, le Christ, il nous manque là-haut… Un sacré boucanier. Il tire sur tout ce qui bouge battant pavillon féminin !

_ Tu t’es fait j’ter pour quoi ? T’as fait réviser ton jugement ?
_ AHAHAHAHAHHAH ! Me suis fait virer pour agitation, complot contre le petit roitelet d’en bas… Liberté et égalité des damnés, tu vois ? J’ai pris l’plis. Satan n’est pas fou. Il a dit à Dieu qu’il pouvait pas se permettre de garder un innocent dans sa géhenne…

_ Nan mais en vrai ? Parce qu’on peut pas dire que tu as été le plus engagé des révolutionnaires.
_ En vrai ? J’piquais dans la caisse de Satan pour arroser tout le monde ! D’enfer ! Politique de compromission sinon… Oui, j’ai plaidé ma cause en même temps…

_ Et en haut t’as r’mis ça ?
_ Nan, nan… Enfin, je double jeu, comme au bon vieux temps ! J’intrigue, je mets à gauche aussi là-haut, enfin pas que l’arme mais on s’est compris…

_ Max ? Saint-Just ? Couthon ?
_ En bas, bien au chaud paraît… Moi, j’étais déjà viré… J’avais pas perdu de temps. J’ai retrouvé mon Camille…

Robespierre, Saint-Just, Couthon

_ Bon mais tes marques ?
_ AHAHAH ! Soit ! Mes marques ? Tu sais ce que c’est citoyen, le pouvoir, l’argent, les femmes d’argent, de petite vertu, de petite vérole… J’ai également eu un jour maille à partir avec un taureau qu’avait des burnes… ça m’a valu un excès de confiance en moi… Toujours se méfier des bœufs ! Mais cela dit l’ami, les filles ça aime les mecs balafrés… Les cicatrices sont témoins des épreuves. Ça impressionne…

_ Ton enfance à Arcy-sur-Aube ?
_ Ouais, j'y suis né en 1759, très tôt orphelin d’un pèreprocureur au baillage d'Arcy. Pas aristo mais déjà filsdecrate… Ah Arcy, mon candide… Je retournais fréquemment m'y ressourcer en vidant ses caves de ses ambroisies éthyliques… A ma mort, j'en étais le plus grand propriétaire terrien. La campagne, l’ami y a que ça de vrai, de sincère même ! La terre ne ment pas elle, AHAHAHAHAHAHAahahaha… Pour un mec comme moi qui naviguais en eaux troubles c'était important, de se frotter plus que régulièrement à la vérité... Paris, la ville démone... Si semblable à moi-même mais si peu moi…

_ Malgré tes pistons, euh, tu touchais en droit ?
_ Pour sûr l’ami ! Et pas qu'un peu ! Doué, éloquent et comme tu vois j'en imposais. Maman voulait faire de moi un prêtre. HAHAHHAHA ! J’en aurais fait un beau, défroqué en moins de temps qu’il ne faut pour dire amen. Bon, sur ce, du coup, j'ai dû faire mon séminaire. Chez les Oratoriens de Troyes. J'y ai appris le Latin, l'Anglais, l'Italien, et eux, ils ont appris à me connaître ! HAHAHAHAHA ! J'peux te dire l’ami que les prêtres ils s’en souviennent d’outre-tombe ! Enfin, c’est ce qu’on m’a dit. Ils sont tous en bas à cette heure. L’ironie du sort… Ils taquinaient du châtiment corporel. Ma première cause à combattre ! Ils en tâtent dur à l’heure qu’il est. Pas prêts d’y être abolis ! L’Enfer ne serait plus tout à fait l’Enfer sans… Cela dit, les prêtres étaient une chose mais le haut fait de ma jeunesse, c'était en 1775, pour le couronnement à Reims de Louis XVI.

_ On s’égare Georgy…
_ Pour sûr et certain que non l’ami ! Je ne me suis pas égaré et me suis escampé 112 km à pinces ! A 16 ans, j’avais encore et toujours peur de rien. J'étais aux premières loges, dans la cathédrale. C’était beau mon colon… Quand je pense que je lui ai jamais dit à Louis… J'ai assisté aux plus grands moments de sa vie : son couronnement et sa mort.

_ Et sinon, le droit ?
_ Ho, hé ! Doucement l’ami, t’as le vent en poupe sur ma foi en la Révolution ! On a le temps de l’Eternité devant nous ! A 21 ans j'étouffais à Arcy. Je pris mes clics et mes claques direction Paris et ses aventures. Le mors aux dents. Mon objectif était en vue de ma vigie cérébrale : devenir avocat et surtout riche, très riche. J’entrai au service de Maître Vinot et « fis le palais » comme on disait à l'époque. En 1784, je fus diplômé de la faculté de Reims… C'était un bon plan Reims, le diplôme était pas donné mais au moins t'étais sûr de ressortir avec le papelard. Saint-Just et Couthon furent pas de mauvais payeurs non plus... Cette année là, je devins Maître D'Anton. Ouais t'as vu la particule, l’air de rien ? La classe quand même, si papa avait vu ça... Mais 'tention hein : déjà prêt du peuple et ma première affaire fut de défendre un jeune qui gardait des bestiaux et qui avait maille à partir avec le seigneur local ! J’te dis seigneur, Seigneur ! On n’était plus non plus au temps de la féodalité HAHAHAH ! Faut pas croire que l’Ancien Régime c’était que du joug ! Bref, le gamin n’a pas regretté d’avoir été défendu par Maître D'Anton.

_ Tu faisais ton trou quoi.
_ Pour sûr ! Un pied dans chaque camp pour en être assuré. Le café du Parnasse et les nobles causes des pots de terre, ça faisait pas vivre son homme ! Pour exister l’ami, faut de l'entregent. Ça a toujours été le cas, ça le sera toujours.

_ C'est pour ça que tu es entré en Maçonnerie ?
_ Oh doucement l’ami ! Mais oui, tu n’as pas tort… En 1786 je reçus « la lumière » comme ils disent. J’entrai dans la « Révérende Loge des Neuf Sœurs ». Là, comme par miracle l’ami, mon étoile commença à briller fort. Direction le firmament que j’étais parti !Aux Nine Sisters, tu rigolais pas tous les jours mais il y avait du beau monde : Condorcet, Bailly, Guillotin, le fameux poète, HAHAHAHA, Choderlos de Laclos, Pétion, Desmoulins, ce sagouin de Brissot, ce vieux briscard de Mirabeau, Sieyès, l’abbé… On lui aurait donné le bon Dieu sans confession, même quand il eut besoin d’une épée quelques années plus tard… Quel Con-sul-là ! Et pour couronner le tout, si tu me passes l’expression l’ami : ce cancrelat de Dumouriez…



_ Et le Grand Maître de la loge, c’était qui ?
_ J’te l’donne en mille l’ami : le pas encore Philippe-Egalité, Philippe d’Orléans, le cousin de tu sais qui... Les mauvaises langues te diront que c'est ici qu'est née la Révolution !

_ Sur un plan plus personnel ? Euh Paris by night par exemple ?
_ AHAHA, l’ami ! Tu me prends par les sentiments ! Paris by night… Je peux te dire que j'en ai écumé des troquets !... Mais mon point de chute, celui où j'avais mes petites habitudes c'était le Parnasse du vieux Charpentier. C'était pas triste et j’y étais plus que très très bien assorti : j'en devins en un temps deux mouvement l'attraction principale !... Fallait pas être devin pour le présager : une carrure et une langue bien pendue à sa potence comme la mienne ! J'y ai affûté mes talents d'orateur. J’ai toujours adoré être le point de chute de tous les regards des foules. Les applaudissements, ça électrise. J’y avais goût… Une véritable absinthe dans mes iris pas absentes, habitées, possédées. Faut dire qu'un jeune provincial capable plein comme la mer de réciter des passages entier de L'Enfer de Dante, ça émoustillait ces messieurs dames ! Moi je suis comme ça : quand je suis bourré, je fais des vers. J'hésitais pas non plus à me foutre à la Seine ! HAHAHAHAHA ! On en a passé des bon Dieu de foutres bons moments... Et puis le Charpentier, il avait une femme, mon vieux ! Une italienne, je te dis que ça. Je l'ai pas eu elle, mais finalement, j'ai marié la fille… Il y tenait pas son vieux. Il voulait entendre la bourse à mon cœur tintinnabuler à chacun de mes pas. Le déclic s’est produit en 1787. J’achetai une charge d'avocat aux Conseils du Roi. D’une pierre deux coups l’ami ! Un pied à l’étrier du droit et l’autre à celui de la politique : j’étais en selle ! Du client bien gros, bien gras, j’en ai eu à en être repu. Mais j’ai de l’estomac, un vrai glouton !

Gabrielle et Georges Danton


_ La Cour, tu peux nous en dire un mot ?
_ La Cour c’était Mars ! Les empoudrés de la vie perruquée qui minaudaient, se faisaient des courbettes, batifolaient à Versailles, libertinaient ou platoniquaient, enfin qui niquaient pas quoi !... Et le mécontentement qui grondait, et nous derrière à souffler sur les braises... Je te le dis l’ami, sans ambages : ça sentait le brûlé. La monarchie était mal et il était hors de question qu'elle nous entraîne dans sa chute. Une chute de treize siècles, c’est sûr que ça allait faire du bruit… En 1788, j'ai abandonné la particule genre : « D’Anton ? Moi jamais ! Danton Monsieur ! ». Je suis retourné m'occuper des petites gens et avec ma femme, on est entré au club des Cordeliers. Tu me connais l’ami, le club, je devais finir par en finir Président, y’avait pas.

_ Ta statue est toujours rue des Cordeliers Georgy, y’a pas… Il t'a quand même bien baisé Maxou ? T’as aimé ?
_ Du tac au tique ! Culotté dis donc ! HAHAAHAHA ! Alors, ça y est ? On entre dans le vif du sujet, et suis plus mort que vif depuis lurette ! Pas de problème mon petit lord, euh, je peux t’appeler mon petit lord ?

La statue de Danton à Paris


_ Pourquoi, tu veux te payer ma tête ?
_ AHAHAHAHAHHAHA !

_ Max ?
_ Ah, ce Max… Une terreur terroriste ! Un fanatique de la plus belle facture… Je me rappelle encore cette sortie cinglante et sanglante : « Quand il s’agit du bien de la République, nous avons tous les droits »… En politique, y’a pas d’sentiment en coulisses…

Max la Menace


_ Danton cul ?
_ C’est ça ! Dans mon cul. Mon problème à moi mon p’tit lord, c’est que j’suis un sentimental, un sanguin.

_ Oh oui, du sang sur les mains…
_ Ne m’interromps pas mon p’tit lord, on n’est pas dans un tribunal révolutionnaire à la solde d’un comité de salut public ici. Je reprends… Hum hum. On est comme ça nous les armoires à glace, m’entends-tu jeune plumitif ? Je rigole plus ! « La nature m’a donné en partage les formes athlétiques et la physionomie âpre de la liberté ». On se sent puissant et à ce titre, protégé et protecteur... J’avoue avoir pensé jusqu’à la fin que mon coup de taureau briserait net le couperet. Le panache à la française… On n’avait pas Freud à l’époque mais on savait que Maximilien avait des petits problèmes au niveau d’ses couilles… Paraît qu’il honorait quand même sa logeuse… J’vois d’ici l’tableau ! Il devait avoir tout un attirail pas très catholique même très très clergé réfractaire si tu vois ce que je veux dire… Notre Savonarole à nous… Le bûcher des vanités et tutti quanti. Moi, j’avais des burnes de taureau mon p’tit lord. J’suis monté à la potence et ai guillotiné l’histoire d’un dernier coup de gouaille : « Vous donnerez mes couilles à Robespierre et mes jambes à Couthon »… Le panache au moment de mon entrée royale mais citoyenne, citoyen « mon p’tit lord », dans l’histoire ! J’y suis rentré sans préliminaire, à sec. J’tenais une de ces soifs ! Ah, le Couthon, cette vieille carne aux postérieurs atrophiés qui cavalait tout de même comme un cabri de sur sa chaise… « Ecartez-vous, écartez-vous » qu’i disait tout l’temps ! Ah ce Robbie, toujours une belle gueule malgré sa mâchoire inférieure mouchée un jour de Thermidor… J’l’avais bien dit : « il me tue, il en mourra ! ».

_ Aujourd'hui face à Maxou tu remportes tout les suffrages, finalement t'es un peu le Poulidor de la révolution ?
_ J’suis resté dans les cœurs oui... Le peuple aime bien les perdants, les trahis, les maudits, les grandes gueules et POUR SÛR QU’UNE GRANDE GUEULE J’EN AI UNE MON P’TIT LORD, AHAHAHAHAHHA !… Hips ! Très bon ce champagne, un nectar !… Mais qui donc pouvait être cette veuve ?... Et le peuple n’aime pas les psychotiques phobiques hystériques à la soif intarissable de pouvoir et de domination. Max par moments, il savait plus s’il était un homme ou une femme, crois moi… J’ai bien tenté de lui faire lire du Sade, mais il était branché en triphasé sur Jean-Jacques, qu’on appelait Monsieur R, comme le vôtre aujourd’hui… Dire que Rob, Max la Menace, est entré dans l’histoire en refusant la fonction de juge… Pour sa première affaire il allait devoir prononcer une sentence de mort contre un fieffé gibier de potence. Il préféra renoncer à son travail plutôt que d’envoyer un homme à l’échafaud... « Avant de goûter à la chair, le ‘Tigre sentimental de l’histoire française’ (Pouchkine) fut miséricordieux ». Dans ce geste on voyait « déjà briller les éclairs maléfiques de la Beauté nouvelle, l’esthétique des actes atroces. ». La France a tremblé car Robespierre avait pris la voie de la vertu. Il y croyait : il n’avait rien à se reprocher… Faut pas croire : ce fut dur pour lui toutes ces sentences, contre ses amis, le père de son filleul… Pas d’sentiments pour les vertueux ! Un dur à cuire. Mais il s’est tout de même fait roussir à la broche ! Robespierre était au fond contre la peine de mort. L’ironie du sort, l’Histoire qui se marre de narrer ses paradoxes… Le bien put faire le mal absolument. Le mal doit sûrement pouvoir faire le bien… La source du mal est en Dieu et pas en Diable. Diable, c’est le mal qui n’arrive jamais qu’à faire le bien. Voilà pourquoi je me suis fait mettre à la porte de l’Enfer en y mettant la zone. Cela dit, c’est Diable qui en a référé à Dieu. C’est bien Dieu qui m’avait collé là… En fait, je crois bien qu’il attendait Robespierre. Il hésitait. Il avait décidé de faire monter Max. Au dernier moment, il a jugé Max coupable et m’a fait monter pour rendre grâce à Satan. Faut pas croire. Satan est utile à Dieu. Il n’est qu’un instrument entre ses mains, son subalterne. Et moi, je suis de la Haute bon Dieu !

_ Les poèmes érotiques de Saint-Just tu les as lus ?
_ Louis Antoine Léon, ce poète… Il était beau gosse et poète… Tout pour plaire ! Son problème se situait aussi en bas de la ceinture… Je crois qu’il hésitait entre prendre le vent par l’arrière et le moteur à vapeur qui n’existait pas à l’époque… Il existait tellement pas qu’il se posait sûrement pas la question… Tu me suis ?

_ Pas vraiment…
_ C’est pourtant simple ! Un narcissique de la pire facture ! Bonne pioche pour Max la Menace… Il était jeune ce jeune con. Idéaliste de la pire espèce. Il a pavé la plus belle avenue de l’enfer de ses bonnes intentions, comme qui dirait ses Champs Elysées… Je les ai lus mais je préférais le bon Marquis ! Je te rappelle qu’on m’a appelé « indulgent »… St Just, le si mal nommé : ni saint ni juste… Ses poèmes, c’était ses fantasmes mis sur le papier... Il était une industrie du kill comme on dit Outre-Manche, à lui tout seul… J’lui avais bien notifié à lui aussi : « Tu répondras à la postérité de la diffamation lancée contre le meilleur ami du peuple, contre son plus ardent défenseur ! ». Le sagouin avait de la verve et en a usé dans mon acte d’accusation… « L’Archange de la Révolution » et ses syllogismes sophistes du Diable : « Tu es l’ami de Fabre ; tu l’as défendu ; tu n’es pas homme à te compromettre, tu n’as donc pu que te défendre toi-même dans ton complice ». Tout l’art de l’insinuation, de la désinformation, de la calomnie irrationnelle bourreau de la présomption d’innocence. Les médias, déjà à l’époque faisaient de vous un coupable du simple fait du feu de leurs projecteurs à la bougie à l’époque... Le feu purificateur fait jamais dans l’détail. C’est plutôt dans la commande en gros…

L' Archange de la terreur


_ T'as bien connu Marat, ça fait quoi de côtoyer un serial-killer?
_ Oh c’était pas l’seul dans mes relations… A vrai dire, elles se résumaient à ça… Sacré JP ! J’te rappelle mon p’tit lord, que sa mère était calviniste citoyenne de Genève… Il a eu une hérédité favorable à son instinct inné carnassier. Mais attention, l’était pas con l’Marat. Médecin, scientifique, pote de Goethe et Franklin... Electrique… Il tournait pas rond « l’Ami du peuple »... Il réclamait les têtes à tout va. Amis, ennemis, tous dans le même panier d’osier souillé. L’extrême gauche a depuis ses premiers balbutiements, toujours été si dénuée de nuances… Marat était un aigri, exsudant l’acrimonie, FRUSTRE DES COUILLES ENTENDS-TU DIABLE D’INNOCENT QU’TU ES ?! Lui non plus, c’était pas comme qui dirait un bon coup… Et Charlotte Corday, cette corde à son cou… Marat serial-killer, serial-killé même ! Mais David l’a pas peinte elle ! David cette petite crapule… Il était là pour faire pression sur les jurés de mon procès, si tant est qu’on puisse qualifier ce simulacre purement arbitraire de procès… Il faisait parti du comité de sûreté générale… Passons ! Marat est passé à la postérité ! Qu’est-ce qu’il était dégueulasse avec sa maladie de peau ! Toujours à macérer sur sa fin dans son bain de soufre... Du soufre pour un sulfureux. Comme un coq en pâte aux Enfers… Mais il a été la preuve vivante qu’on pouvait échapper aux procès incestueurs, consanguins du Comité de Salut Public. J’te jure l’ami, on a fait les mêmes conneries qu’les aristo en moins de temps qu’il ne faut pour le dire, ce damné amen. On a condensé plus de dix siècles en cinq ans !... Marat était tellement populaire, tellement populiste… Impossible à tuer, comme ça, au nom du peuple. Lors de son acquittement, il fut porté en triomphe… Charlotte, c’était une mission de désinformation. Un vrai crime d’Etat en vrai. Fallait lui trancher la langue avec la gorge sans se couper de ses brebis faites loups. La politique du « Prince »… On sort jamais tout à fait de la monarchie…

La mort de Claude François, heu non, Marat


_ Tout ça pour que 20 ans après un aventurier corse se fasse couronner empereur. Vous l'avez pas eu un peu en travers ?
_ Personnellement, non. A mon procès je disais déjà : « On tue la liberté sous vos yeux et vous laissez faire ? », tiens présente-moi donc la p’tite sœur de la veuve que j’regoûte un peu au sang de sa famille… MERCI MON P’TIT LORD ! J’ai rien contre la logique. L’Histoire est une sorte de mijorée à binocles et frustrée tu sais d’où. Elle se prend juste une petite cuite de temps en temps et elle l’a le temps, avec un petit ramonage vaginal subséquent voire concomitant. Le p’tit Napo, j’en avais entendu parler quand il était lieutenant. Un sacré officier. L’avait repris Toulon aux mains des angliches à l’époque… Un caractère de corse couplé à une frustration de nabot. J’te raconte pas le cocktail ! Molotov… Mais tu sais coco, déjà en 93, suprême, je disais : « Par crainte du retour des tyrans, ils sont devenus des tyrans ». L’épée dont manquait Sieyès… On n’a jamais aboli les privilèges. Histoire et translations, l’Histoire connaît ses classiques euclidiens par coeur... Si je devais écrire un traité sur la Révolution, son testament menteur du 26 août 1789 et son héritage, il s’appellerait : « Les privilèges : de la translation de l’hérédité à la vénalité. De l’abolition en veux-tu en voilà pas ! ». Mais comme dirait Tocqueville : « mieux vaut des vices que des crimes ». Et le peuple a besoin de rêver et d’espoir, de grands sentiments pour que définitivement, il la boucle !

_ Les hommes politiques d'aujourd'hui t'en penses quoi ?
_ Diantre ! Ça manque de morgue(s), AHAAHAHAHHAHA, dans tous les sens du terme ! Ça manque de gouaille, de couilles. Vous avez c’qui faut pour une nouvelle boucherie avec tous ces eunuques sans perruque. C’est une sorte de Terreur soft qui règne de vos jours : vous ne condamnez plus qu’à vivre, tas de cons damnés que vous êtes ! Nous on avait l’feu sacré de l’acier avec nous ! « L’homme a des droits quand il sait les préserver ». Aujourd’hui, vous n’êtes plus qu’une plèbe d’assistés. Je l’avais prédit en quelque sorte : « le jugement criminel de relaxation existe »… Vous êtes tous des non lieus vivants !

_ Bernard Tapie ?
_ Oui, Bernard ! Il a des burnes lui comme il dit ! Enfin, il avait. Il s’est fait baisé en beauté. Mais il avait un peu de moi : populaire, businessman, d’la verve à en vomir, bon vivant, physiquement présent, il en imposait et pareil que moi : il est descendu aussi bas qu’il était monté haut. Mais lui n’a pas eu la chance de se faire guillotiner au propre la figure… La rédemption c’est la légende à la r’traite ! Tu m’y vois moi, sur scène à faire des mimiques de chimpanzé non mais j’te jure !

1 commentaire:

  1. Encore du très beau boulot du binôme infernal... Je me régale... Merci !

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