29 juin 2013

Décontraction en altitude

Je suis revenu sur mon siège. Sous l’emprise désormais totale du whisky qui changeait dans mon cerveau les couteaux en coussins. Je me suis détendu. Tout irait bien jusqu’à Los Angeles. Confortable. Aggie dormirait. Bientôt on apporterait à manger, j’aurais droit à un film et à d’autres verres. Jonathan Dante, ma blessure à vif, ne faisait plus mal.
Lorette se frayait un chemin dans l’allée avec le chariot-repas. Il lui restait une douzaine de rangs jusqu’à moi mais j’imaginais sans peine ses muscles fermes de jeune animal, ployant tandis qu’elle se baissait pour empoigner les plateaux et les gobelets de plastique et les remplir de Coca Light ou d’eau gazeuse. Elle avait les hanches rebondies et des fesses bien rondes d’une apparente fermeté. Elle n’avait pas reboutonné le haut de son corsage.
Je la regardais remonter lentement l’allée, à reculons avec son chariot. J’ai ôté un magazine et les minibouteilles de mon plateau pour faire de la place avant de réclamer à boire.
Le lourd engin n’était plus qu’à six passagers de moi. Ça m’a donné une idée. J’ai tiré le manteau de ma femme, de son siège sur mes genoux. Puis, tout en surveillant l’approche de Lorette, j’ai défait ma braguette. Je bandais déjà. Ma main allait et venait et je regardais Lorette se répandre en amabilités, tendre plateaux et vins, sodas light et alcools. Plus que six rangs. Plus que cinq.
Quelque chose attira son attention et elle jeta un coup d’œil dans ma direction par-dessus les dossiers. Elle souriait de son sourire d’hôtesse. Sans que nos regards se croisent, je remarquai avec plaisir que sur son corsage un second bouton avait sauté. Un bouton du bas. Le cinquième à partir du cou. Mon sexe était dur comme de l’acier.
La douceur du whisky du Kentucky m’avait libéré de la peur que ma femme se réveille et qu’elle voie. Plus que quatre rangs entre le chariot de Lorette et moi. Des rangs sans passagers. Elle reculait, le lourd chariot ferraillait, sans hâte. Plus que trois rangs. Deux. J’ai raflé sur le plateau les serviettes en papier, vite je les ai dépliées de la main libre, étalées sur mon sexe et j’ai joui. Ham ! Ham ! Ham !
Une seconde plus tard elle était là avec son chariot, penchée sur moi. « Votre déjeuner », dit-elle en souriant. Elle posa deux plateaux et me rendit la monnaie sur le billet de cinquante.
« Merci, bonne idée », répondis-je en souriant moi aussi, apaisé par l’orgasme. Après qu’elle m’eut dépassé avec son chariot, j’ai retiré sous le manteau les serviettes imbibées, alourdies par le sperme. J’ai déplacé l’assiette, remonté le plateau et vérifié les taches. Pas de taches. J’ai remis mon sexe à sa place et refermé la braguette.
À côté de moi ma femme dormait toujours, dans une paix abrutie, respirant avec peine entre ses lèvres ouvertes et gonflées. Une idée perverse m’est passée par la tête. Pour être quitte avec elle et son amant, elle qui ne me suçait plus depuis cinq ans et qui avait ouvert les cuisses au premier venu.
J’ai déplié les serviettes poisseuses et plongé deux doigts dans le magma blanchâtre. D’un geste vif, j’ai levé les doigts à hauteur de sa bouche et j’ai abondamment tartiné ses grosses lèvres, en prenant soin de glisser un doigt dans l’interstice entre la muqueuse et les dents du bas. Ce geste déclencha un réflexe – ma femme se nettoya avec la langue. Puis j’ai enfoui les serviettes humides dans son sac et avalé les deux plateaux-repas.
 
Les anges n'ont rien dans les poches, Dan Fante

4 commentaires:

  1. Perso je ne me suis jamais tiré sur la tige en avion
    Quel que puisse être l'attrait des dames hôtesses de l'air
    à ce propos, les plus vieilles bossent chez American air lines et les plus desinhibees chez iceland air
    Croyez pas qu'elles soient prêtes à tout, mais en bonnes viking elles prennent leurs aises
    Ce qui inclue le fait de porter des croqs ou des nikes sans chaussettes

    RépondreSupprimer
  2. Toutes les occasions sont bonnes pour s'aspirer la nouille, Kobus. Tu ne dois pas être un vrai branleur. Dommage, je t'estimais beaucoup.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. et pourtant j'ai lutté , tu sais....

      Supprimer
  3. Pas mal. Il tient plus de Bukowski que de son père... En même temps, Hank devait beaucoup à Fante...

    RépondreSupprimer