21 avril 2013

La chanson sans vergogne

Cinq ans après, une génération de bourgeois gâtés se racontait des massacres qui n'avaient pas eu lieu et des poètes qu'un général n'avait pas assassinés dans une république qui n'avait rien d'un  royaume.
Quant aux camps d'extermination pour étudiants, on mettra ça sur le compte des drogues hallucinogènes de l'époque  : 


Chanson Originale de J-M Caradec, sur l'album Olympia 1973 de Maxime Le Forestier

La branche a cru dompter ses feuilles
Mais l'arbre éclate de colère
Ce soir que montent les clameurs
Le vent a des souffles nouveaux
Au royaume de France

Le peintre est monté sur les pierres
On l'a jeté par la frontière
Je crois qu'il s'appelait Julio
(Julio Le Parc, peintre argentin, expulsé par les autorités en raison de sa participation active aux ateliers populaires d'affiche)
Tout le monde peut pas s'appeler Pablo
Au royaume de France

Et le sang des gars de Nanterre
A fait l'amour avec la terre
Et fait fleurir les oripeaux
Le sang est couleur du drapeau
Au royaume de France

Et plus on viole la Sorbonne
(le 3 mai 1968, la police évacue la Sorbonne)
Plus Sochaux ressemble à Charonne
( l'évacuation des usines Peugeot de Sochaux en juin 1968 se solde par la mort de deux ouvriers. Sur Charonne lire l'article consacré à ce massacre d'Etat sur Bricabraque)
Plus Beaujon ressemble à Dachau
( Beaujon est une caserne de police dans Paris et Dachau un camp de concentration ouvert en 1933)
Et moins nous courberons le dos
Au royaume de France

Perché sur une barricade
L'oiseau chantait sous les grenades
Son chant de folie était beau
Et fous les enfants de Rimbaud
Au royaume de France

La branche a cru dompter ses feuilles
Mais elle en portera le deuil
Et l'emportera au tombeau
L'automne fera pas de cadeau

Au royaume de France

3 commentaires:

  1. Oh my God. Tragicomique.

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  2. memento mouloud21 avril 2013 à 13:39

    "Le sang [...] a fait l'amour avec la Terre", on n'est pas loin du sang qui abreuve les sillons, dur, dur de sortir du roman national

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  3. Le temps ne fait rien à l'affaire, comme disait l'autre. C'est cruel, les archives.
    "Enfants de Rimbaud", fallait oser...
    Et puis, Rimbaud, le poète ivre ou le sobre marchand d'armes ?

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