6 février 2013

22 v’là XXI

XXI comme 21 siècles de retard
On a récemment assisté à une conférence des créateurs de la revue XXI, Laurent Beccaria (directeur de publication) et Patrick de Saint-Exupéry (rédacteur en chef). Venus à la rencontre de leurs lecteurs, « qui ne sont pas des bobos parisiens comme le prétend The Economist » (nous confirmons, nous n’y avons vu que des bourgeois des beaux quartiers), à l’occasion de leur 5ème anniversaire, et de la publication du numéro 21 de XXI, la conférence s’est rapidement cristallisée sur le manifeste pour un nouveau journalisme des autoproclamés hérauts de l’info du XXIème siècle.
Décryptage. Plasticage.



Recul et retour : l’info de XXI va de l’avant…
« La revue XXI, c’est la volonté de proposer un journalisme différent. Il y a une demande d’une autre information, d’une autre manière de traiter l’information. Nous avons tous besoin de recul par rapport à l’actualité, mais aussi de revenir sur certains événements. » Le seul recul qu’on connaît au CGB, c’est celui du calibre 12 qu’on utilise pour notre activité favorite : le ball trap médiatique, qu’on pratique depuis 7 ans. Au CGB, on n’a ni besoin de recul, ni besoin de revenir sur quelque info que ce soit. On a compris, tout compris. C’est pas compliqué, on est nés, on avait déjà tout capté. On n’a plus besoin de rien entendre. Donnez-nous juste notre lot de cibles pour le carton quotidien...


In Amenas : pas plus de 40 morts

« L’Algérie a eu les réponses les plus adaptées », François Hollande, à propos de la prise d'otage d'In Amenas. Les forces spéciales ont respecté les panneaux de signalisation : pas plus de 40 morts parmi les travailleurs. L'otage (l'usine à gaz) se porte bien.


Un manifeste qui fait des vagues dans un verre d’eau
« Il s’agissait pour nous de restituer ce que nous avons appris au cours de l’expérience XXI, d’expliquer ce qu’on pense du journalisme d’aujourd’hui, a continué Laurent Beccaria. Le métier est déboussolé. Il subit de plein fouet la crise économique, doublée d’une désaffection des lecteurs, dans un contexte de montée de la numérisation. Les gens sont perdus, il s’agit pour nous de donner des directions et des voies d’espoir. » Qualifier la trahison de perdition est un sérieux indice sur le niveau de crédibilité des XXIèmistes, tellement sûrs de la qualité de leur « communauté de pensée ».
Patrick de Saint-Exuspéry, qualifié de « taiseux » par son acolyte de prendre la parole : « Ce manifeste est un retour sur l’expérience XXI, revue trimestrielle qui constitue en soi une prise de distance avec le temps. Nous évitons l’écume pour travailler la vague. Notre rapport au temps est inconnu dans l’univers de la presse. XXI a en réalité mis le poing sur trois plaies à vif dans l’univers de la presse qui participe de sa paupérisation : le rapport à la publicité, le rapport au temps et donc aux nouvelles technologies, et l’entre-soi qui caractérise le milieu, ce noyau en représentation permanente. Il y a de moins en moins de lecteurs, la presse parle de plus en plus à une élite : la pyramide s’est inversée mais c’est une inversion logique. Notre Manifeste avait pour but d’interpeler, de susciter le débat. Nous avons été très surpris par la faiblesse des réactions, des arguments trahissant pour nous une certaine atonie. La presse malade dit quelque chose de la vie de la Cité… »
Course au buzz, marchandisation de la presse, élite installée à la tête d’une armée de précaires, c’est pas ce qu’on appelle un triple scoop au CGB. Faut dire, on est les spécialistes du défonçage d’enfonceurs de portes ouvertes. C’est comme ça, on a ça dans le sang, dans les tripes. On a la rage, on a la haine. Et croire qu’un Domenach, qu’un Macé-Scaron, qu’un Joffrin, ou qu’un BHL, c’est une élite qui parle à une élite ou Dieu sait qui, équivaut pour nous à se mettre hors-jeu. L’élite c’est nous les mecs, nous qui avons la fâcheuse tendance à avoir une courbe exponentielle de trains d’avance sur cette soi-disant élite, à nouveau confortée dans sa posture d’élite par Patoche et Lolo les deux pieds nickelés de XXI, piteux sauveteurs en flaque du journalisme, élite de l'élite délitée.
C’est comme ça. Pas autrement. Une sorte de fatalité. On entend haut et clair ce que personne n’évoque jamais quel que soit le sujet : la vérité. Et en se payant le luxe de même pas être parano. Le temps travaille toujours pour nous...
La presse dans sa quasi totalité est la propriété des grands patrons français, à l’instar des politiques éligibles au pouvoir. Patrick et Laurent, tous deux muets sur la cause, sont évidemment muets sur la conséquence : la presse, c’est de la propagande, un pédalo pédagogique pour l’avènement d’une pensée convenable, unique, indubitable, en un mot comme en sang : totalitaire… La presse ? Mais... Mais... Mais, c’est d’la merde Monsieur Preskovic.

Ingrid Betancourt icône médiatique

Florence Cassez immaculée par les médias

Deux Madones médiatiques : une kidnappée, une kidnappeuse...


Le pouvoir c’est po bien
Pat de Saint-Ex enchaîne : « On dit que la presse serait le 4ème pouvoir. C’est une illusion très forte. La presse n’est pas un pouvoir, c’est au mieux un contre pouvoir. Une ivresse s’est emparée de la presse. » La presse sert le pouvoir, et le pouvoir se sert du pouvoir de la presse. A priori, l’appellation d’origine contrôlée estampillée Tocqueville (ou d’autres hein) « 4ème pouvoir », s’inscrit normalement dans un cadre démocratique, c’est à dire une super structure juridique qui sépare l’exécutif, le législatif et le judiciaire ; on sent bien que Pat se méfie a priori (par posture mainstream ou crasse ignorance) du mot pouvoir. De la bonne compromission bien convenue, du reader bien digeste pour les rebelles des beaux quartiers aux estomacs délicats, les écorchés vifs des salons de thé, Pat ne tardant pas d’ailleurs à se crasher lamentablement sur le mur de la honte.
Interrogé sur la vérification approximative de leurs informations par les journalistes, il explique qu’une simple erreur formelle n’est pas à même de remettre en cause le fond d’un article : « Dans notre manifeste, nous nous sommes trompés sur les dates de la liberté de la presse et de la parution du J’accuse de Zola, mais ça ne remet absolument pas en cause le fond de notre manifeste… » Tu parles Pat ! Pourtant, c’est pas compliqué : comment accorder quelque crédit à un journaliste qui veut révolutionner le journalisme, incapable de vérifier la date de la liberté de la presse ? On parle même pas du J’accuse, mais on accuse ! On crie à l’incompétence ! Au piétinement de la rigueur journalistique ! De la moindre des choses ! Du plus important des dus aux lecteurs : le B.A.-ba ! Quand on pense que Pat et Lolo se vantaient d’avoir le temps de bosser en qualité… Si la rigueur n’est pas due par le journaliste à ses lecteurs, alors c’est que le journaliste le méprise royalement et alors plus la peine de s'étonner de rien. D’ailleurs, au CGB on ne s’étonne pas nous, on reste digne.
« La réalité du monde aujourd’hui est terrible. Le paquebot est en train de couler. Nous n’avons pas une presse à même d’animer la vie de la Cité. On va dans le mur et en souriant. » Le CulturalGangBang s’est justement construit sur des sourires... C'est pas la fin du monde mon Lolo, c'est le monde de la fin.
Au CGB, on est le ramassis des Hommes qui rient… Les balafrés. 



Frigide Barjot : la morale chrétienne en imageLes homos se marient, les hétéros se PACSent

La morale contre le progrès réaco petit bourgeois. L'enculerie pour tous, c'est maintenant !


Le romantisme en bandoulière
Gratuit, garanti sans pub pour l’éternité, le CGB est sceptique quand Patrick s’exclame que dans la vie « c’est le projet qui est important, pas le financement ! » emportant les bravos des bourgeois réclamant sacrifice des ultimes forces vives idéalistes de la société sur l'autel de leur sacro-saint divertissement ; ils veulent s’en repaître pour rêver encore au coin du feu du cauchemar, le cul bien calé dans le fauteuil club.
Et ça continue dans l’ineptie romantique : « Le journalisme est enferré dans un truc formidable : l’objectivité. C’est stupide, ça n’a aucun intérêt, la seule règle qui vaille, la seule règle fondamentale, c’est celle de l’honnêteté. Personne ne peut prétendre être objectif. Nous faisons des choix de narration, donc nous avons un regard d’auteur, c’est un choix subjectif, mais ça ne donne pas pour autant licence à inventer quoi que ce soit, à faire de la fiction. Nous sommes là pour raconter l’histoire des autres, nous sommes des passeurs. La littérature et le journalisme ont des histoires entremêlées. »
Penser à l’instar d’un Kierkegaard que l’objectivité n’existe pas est une facilité romantique, de ce romanesque de roman de gare. Le métier du journaliste à la base, c’est le terrain, l’enquête, le recueil de témoignages, de faits, le recoupement d’informations, des subjectivités. L’objectivité c’est le nexus, la jonction, l’intersection, la somme des subjectivités. D’ailleurs après l’intervention magnifique de bêtise de l’un de ces spectateurs venus en fan, fustigeant les silences de la presse et les silences sur les silences de la presse (…), la vision de leur lectorat par Pat et Lolo s’affine : s’il faut le biberonner, l’éclairer, en somme l’élever, c’est que le lecteur est un putain d’enfant. Et les journalistes, subséquemment, des putains de pédophiles mentaux. Une vision du métier hautement narcissique, d’élite, d’utilité publique hein ? « Au 1er numéro, on avait très peur : on avait fait un numéro sur la Russie quand l’Express sortait l’interview de Carla Bruni qui officialisait sa relation avec Nicolas Sarkozy... » Au CGB, on vous prend tous, mais alors tous en même temps.

Constitution du VIIème siècle
La Liberté guidant le peuple

XXI à l’ouest du wild wild web
« Pourquoi pas un manifeste sur la production d’une nouvelle information ? Il existe des bons blogs, et on peut préférer une analyse théâtrale d’une information plutôt qu’une analyse de journaliste ? » avons-nous tout à coup entendu dans le public, surpris par la pertinence d’une question lors de cette soirée en bourgeoisie moribonde consanguine. Réponse de Laurent Beccaria : « Les blogs sont un atout extraordinaire ! Il y a une émergence d’experts. Je pense notamment à Maître Eolas, vous connaissez ? »
Prouver sa connaissance de la blogosphère en se référant à Maître Hélas, c’est prouver sa méconnaissance du bouillonnement critique 2.0. Affirmons de plus que nous avons tout sauf besoin de l’émergence de nouveaux experts, ces salopes qui se gargarisent de la complexité du système, ces généreux vulgarisateurs du « voilà comment vous vous faites enculer. »

Arnaud Montebourg Che Guevara en toc
On a les Che Guevara qu'on mérite. Saluez l'immense progrès de l'égalité par la précarité. Mieux que la délocalisation de nos politiques, nationalisons leurs culs


A l’heure où XXI fustige avec 21 siècles de retard la versatilité de la presse et l’accélération de l’information, à l’heure où bon nombre de groupes de presse pleurent après Xavier Niel pour qu’il délivre la publicité de sa Freebox et fasse cesser cette épidémie de Terrae incognitae sur leurs plages de bouses, pleurant pour leur survie en invoquant la liberté de la presse, le CGB persiste et signe : vous pouvez tous crever la gueule ouverte.
XXI a fait le buzz avec son manifeste en carton, s’enorgueillissant de sa pertinence devant la « virulence des réactions », notamment du côté des médias numériques comme Rue 89 (vaste blague mais vecteur de propagande virulent), selon l’axiome : s’ils sont pas contents, c’est que nous avons raison. C’est un peu court pour nous. On veut du pic, du cap, de la péninsule !
Alors on n’a plus le choix de publier notre manifeste à nous, qui tient en une phrase : quand j’entends le mot information, je sors mon rayon azer.
Il est temps pour chacun d’ouvrir les yeux, de se prendre en main, d’assumer ses responsabilités. De déterrer le réel enseveli.

8 commentaires:

  1. C'est un montage cette photo de Frigide Padrôle ?!

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  2. nan Roman, c'est le débat qui est un fake.

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  3. Je suis bien d'accord (d'ailleurs, si je puis me permettre...). En voyant cette photo, je me dis que la « Manix pour tous » s'est trouvée une égérie à son niveau.

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  4. On connait pas du tout cette revue dans ma cambrousse, c'est un truc de parigots ?

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    1. y disent que non, c'est pas que parigot. Y disent que parmi leurs abonnés (à 15 € par numéro), y'a légion de communes françaises, genre plus de 2 000. Y'aurait même des ouvriers qui liraient.
      PS : j'ai jamais lu un numéro de XXI hein. C'est Gabriel Fouquet qui en a parlé un jour. :-) (smiley à l'adresse de Fouquinouche exclusivement).

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  5. Nous, ousqu'on habite, le bled est tellement en retard sur la marche du monde que, dans les kiosques, au lieu de trouver XXI, y a que XIX en vente.

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  6. L'elite c'est celui qui n'a pas besoin de la presse pour obtenir l'information et l'analyser... Donc les journaleux qui obtiennent l'info et la melangent avec du caca pour que l'on ne comprenne que ce qu'ils veulent (ou ce que leurs patrons veulent) c'est une elite en soi. Sauf que si ils obtiennent facilement l'information, je doute fort que la majorite soit capable d'en tirer une quelquonque analyse...

    A contrario le CGB et ses lecteurs sont une elite en ce qu'ils sont capable d'une jolie l'analyse au vitriol, sans aspartame. Mais comme on a pas acces aux textos de Sergio Dassault, on a du mal a savoir sur qui tirer...

    Alors c'est qui l'elite?

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  7. votre article est ridicule, vous n`y connaissez foutre rien, retournez a ce que vous maitrisez mieux : vos torche-culs de hipsters type teknikart.

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