7 octobre 2011

Nuit blanche de merde

Nuit blanche de Merde
Une schlinguette de Paracelse

23 h00. Parvis du Trocadéro. Fête de la nuit de la blanche, offerte généreusement par la Mairie de Ripa. Une foule curieuse et avide se conglutinait devant la dernière coqueluche en vogue de l’art contemporain, Marco Kote.
Christophe Girard poireautait sur les lieux, pour soutenir celui qu’il a qualifié de « Vinci de l’art nouveau », de néo-subservif abstrait et d’un exemplaire artiste engagé… très cher.
Marco Kote, personnalité allègre et grassouillette, sapé d’un baggy de marque « Dior Subversif Style », d’un polo à liseré « Gu2chiote », une sous-marque de « Gucci », de baskets « Sketba » et d’une casquette « C’est la teuf à Ripa », s’érigea devant le grouillement de groovys et extirpa un papier des profondeurs d’une fouille de son pampers pour adulte (« Dior Subversif Style » propose des baggys à multiples poches, environ une dizaine, qui peuvent aller jusqu’aux mollets).
La vedette, certaine de son bon droit canonique artistique, s’évacha d’arrogance devant son public, dans la posture de l’artiste authentique « qui vaut mieux que ça », puis se racla la gorge avant de meugler :
Bienvenue à vous, riverains de Ripa !
Je suis Marco Kote, un artiste contemporain !

La foule applaudit et éructa avec la même intensité que le jour où De Gaulle avait déclamé « Je vous ai compris ».
Je suis maitre dans l’art abstrait vivant. Ma spécialité est de coucher ma peinture vivante à même la nature, sans ustensile et aucun support autre que l’environnement. Mon art s’inscrit dans un combat écologique contre la sururbanisation de notre « espace vital », Heil Delanoë !, s’enflamma le théâtreux en levant un doigt d’honneur vers le ciel.
Heil Delanoë ! répondit en écho le troupeau excité, en enchainant à l’unisson le même geste symbolique du doigt rebelle vers… rien.
Depuis plusieurs semaines, en préparation de cette grande soirée, j’ai mangé copieusement et grassement, et me suis gavé de chocolat, de riz et de carottes dans le but de me constiper consciemment. Il y a quelques minutes, j’ai pris un laxatif puissant et très rapide, afin d’exécuter mon œuvre que je dédie à notre mère nourricière à tous, la splendide Gaïa.
Marco Kote marcha péniblement en esquissant une grimace affreuse vers son poste CD et enclencha la touche lecture. Les premières notes du morceau « Paris sous les bombes » du groupe NTM fusèrent. Il se replaça au même endroit et abaissa son baggy et son caleçon de marque « Calson Klean » jusqu’aux mollets. Il s’accroupit comme un turc dans ses chiottes et poussa saprément rude, à la vue de tous les pingouins comme un esquimau sur sa banquise.
Un épais filin de gros besoins s’écoula lentement, mais de façon très ordonnée, et Marco Kote traça un léger cercle sur lui-même, puis reboucha la canalisation embourbée avec sa main experte. Il se déplaça à quelques mètres sur sa gauche, toujours à croupetons en mode « marche des canards » (donc en secouant du bas des reins, mais sans faire coin-coin), déboucha son bec verseur et fit un cercle identique à même le sol. Puis, il se revissa le conduit avec le même bouchon, qui servira à vous serrer la paluche si vous le croisez un jour.
Alors, en dessous des deux cercles, il tira une ligne convexe de la forme d’une banane. Ensuite, autour de ces trois figures, il entama le lent et délicat cheminement d’un énorme cercle, pendant que Joeystarr hurlait dans son Mic trempé :
Paris sous les bombes
C'était Paris sous les bombes
Le mieux c'était d'y être
Pour mesurer l'hécatombe
Une multitude d'impacts
Paris allait prendre une réelle claque

Puis, Marco Kote reboucha définitivement son tuyau à caca, mais avec cette fois-ci un vrai bouchon en liège.
Fier de son œuvre, il annonça fiévreusement :
Voici un smiley de merde !
Il se saisit d’un bocal de mouches capturées et en retira le couvercle, puis rajouta :
Ce qui est nature retourne à la nature !
Le public était coi, éberlué et le silence d’une abbaye vacante régnait pendant d’interminables secondes.
Christophe Girard applaudit en prem’s. Les autres le regardèrent, toujours interloqués, puis emboitèrent son pas, au départ timidement et ensuite d’une intensité fanatique. Marco Kote avait marqué les esprits et apporté sa pierre à l’édifice de l’art contemporain. Son œuvre fera date.
Le lendemain, le quotidien Le monde en déroute publia un article élogieux à la gloire de l’artiste, le qualifiant de phénomène de l’abstrait, qu’il titra « UN ARTISTE DE MERDE ».

2 commentaires:

  1. génial !
    que la mandature du pitre delanoë , sinistre zélateur de la modernitude avec son antique patronyme diluvien , soit baptisée , encensée , amendée à l'étron , et qui plus est à l'étron d'artiste comptant pour rein , voilà un signe prometteur
    le doigt de la colère divine ( à défaut de la rancoeur des foules captives et imbéciles) a enfin pointé ce nuisible , le désignant à la vindicte des hommes de bien
    j'en suis
    comme de la canaille ( pour paraphraser une chanson de la commune)

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  2. MOUHAHAHA ! Tres bien joué, merci msieur !

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