20 août 2010

On a retrouvé le sous-commandant Marcos


Les années 90, la fin, c'était le bon temps, la France s'agitait au son de Zebda, du premier album de Manu Chao, de l'album de reprise de chants révolutionnaires du tactikollectif. C'était l'âge d'or de l'altermondialisme. La montée en puissance d'Attac, José Bové et la tête d'affiche internationale : le Sous-Commandant Marcos. El Delegado Zero, passe-montagne vissé sur la tête, la pipe à la bouche, est l'icône charismatique du mouvement de libération des indigènes et de la paysannerie mexicaine. Porte-parole de l'armée zapatiste de libération nationale, il incarne la figure de Che Guevara moderne se dressant face à l'hydre capitaliste mondialisée. Les élites altermondialistes françaises se prennent d'affection pour ce nouveau combattant christique. S'organisent ainsi de nombreux voyages citoyens, direction le Chiapas, comme on allait quelques années plus tôt à la rencontre du Dalaï-lama.

10-15 ans plus tard, c'est peu dire que le Chiapas ne fait plus l'actualité. Le mouvement est empêtre dans un conflit de basse intensité avec le gouvernement mexicain et le sous-commandant Marcos n'a pas eu la bonne idée de mourir assassiné. Comme toutes les icônes, le temps flétrit son étoile et les bonnes consciences ont depuis eu quantité de nouvelles icônes et de causes passagères à se mettre sous la dent.

C'est en tant que roadies sur la tournée estivale de Sepultura que nous l'avons retrouvé dernièrement dans le sud de la France.
Entretien :



_ Aquí se queda la clara,...
_ Ah les petits rigolos, vous êtes bien les premiers à me la faire celle-là... aujourd'hui.

_Nous sommes contents de vous retrouver en France Commandanté.
_Oui moi aussi, la France est un beau pays, elle a toujours beaucoup compté pour moi. La patrie des droits de l'homme, Jack Lang, CSP, tout ça. Puis la PAC, le salon de l'agriculture, les subventions agricoles c'est un peu aussi mon combat au Mexique.

_Vous avez rencontré beaucoup de sympathisants en France ?
_Assez peu, vous savez les gens viennent surtout pour Sepultura et on me reconnaît moins maintenant. J'ai même été emmerdé par la police avec mon passe-montagne qui rentrerait dans le cadre de la loi anti-burqa. Me suis aussi fait casser la gueule dans la banlieue de Grenoble après que des jeunes m'aient pris pour un membre du GIGN. Mais tout est rapidement rentré dans l'ordre même si j'y ai laissé mon Iphone.

_Pourtant, vos liens avec l'hexagone sont assez anciens
_Ouais, papa était dans le commerce de meubles, on bossait souvent avec la boite du papa de BHL, vous savez l'exportation de bois rare. C'est complémentaire. Bon plan, bon copain BHL, vous saviez qu'il écrivait nu ? Oui parfaitement. C'est quelque chose de le voir à poils écrire sur l'Afghanistan ou les petits africains pendant qu'Arielle fait des entrechats et des vocalises en arrière-plan. C'est assez surprenant.

_Vous vous voyez encore avec BHL ?
_Non assez peu, vous savez le Maroc, la Mamounia, je digère mal la bouffe, trop riche, trop gras. C'est pas bon pour la Révolution. Mais j'ai encore quelques contacts. On a gardé quelques actions croisées en souvenir du bon vieux temps. Paraît que ça va pas fort avec Arielle. C'est une chica du pays Arielle, caliente...

_On pensait vous trouver plus facilement à l'université d'été d'Attac que dans un concert de métal
_Attac, ouais... On s'est brouillé. Pffff, disons que... disons que le Cuba Libre c'est pas que impérialiste comme boisson, c'est traitre aussi. Bref, j'étais bien bourré, j'entreprenais la petite Naomi Klein quand j'ai aperçu Susan George. Elle a l'air coincé comme ça la Susan avec son râtelier aussi serré que son tailleur, j'ai voulu la dérider. Une petite main aux fesses, rien de méchant hein. Oh putain ça l'a pas fait marrer la chica. On s'appelle plus trop quoi....

_On vous a un peu perdu de vue depuis les années 90
_Ouais je suis 90's comme mec. C'est ce que me disait pas plus tard que l'autre jour mon agent.
Le passe-montagne ça donne une identité produit fort, mais ne favorise pas tant que je le pensais l'exposition. Puis pour le placement produit....J'ai refusé les offres de branding, Nike me faisait un pont d'or à l'époque pour apposer sa virgule sur ma chiotte. Mais j'ai refusé. J'étais con, idéaliste, je voulais rester en indé. J'ai laissé passer le train. Vous imaginez j'aurais pu avoir ma gueule en géant sur les murs de Marseille ou de Boulogne sur mer, façon Ribery ou Zidane.

_ Mais la Révolution alors ?
_ La révolution, j'ai un peu laissé tomber, j'écris des bouquins, je compose aussi. J'ai sorti un bouquin avec Paco Ignacio Taibo II, y a 5 ans. Tu l'as lu ? Non ? Ah toi non plus...

_Écrivain, la musique aussi, ça vous permet de gagner votre vie ?
_Bah comme tu le vois, je fais roadies pour entretenir la forme, tu penses bien.
Sinon, je ghostwrite les textes de Manu Chao. Alimentaire. Se fait pas chier le mec, il voyage beaucoup. Je lui écris ses textes et lui il re sample son premier album entre deux avions. J'sais pas si c'est lui qui est un branleur ou vous qui êtes cons, mais ça marche bien pour lui, puis moi ça me permet de rester connecté au showbizz. J'ai un projet pour le Guide du Routard avec mon pote Manu Chao, les meilleurs spots du tourisme éco-révolutionnaire à travers le monde. J'suis ouvert.

_Revenons à votre combat et votre parcours politique, comment expliquez-vous ce relatif désintérêt pour votre cause si médiatisée à l'époque ?
_La concurrence tout simplement.
Dans les 90's, j'étais seul sur le créneau anti-impérialiste sud-américain. ÇA a bien marché. Mais le public aujourd'hui c'est pas facile à fidéliser.
Puis j'ai ouvert la porte pour les suivants, grand frère quoi. Même si aujourd'hui je suis un peu oublié. Y a eu une vraie vague latino après moi. Lula au Brésil, Chavez au Venezuela, Compay Segundo et Buena Vista Social Club pour Cuba, Michelle Bachelet au chili, Ingrid l'hystéro en Colombie et Evo Morales pour la Bolivie.
Je suis un précurseur du tourisme révolutionnaire en quelque sorte, même si Morales lui m'a carrément bouffé la laine sur le dos, exactement le même positionnement produit avec son Poncho et ses indiens paysans.
Ça lui a mieux réussi que moi. Puis je vais pas vous l'apprendre le public altermondialiste est volatile et vous avez eu Ségolène aussi sur le marché intérieur comme vierge charismatique. Le métis cosmo-planétaire américain a bouffé pas mal le marché aussi, surtout les t-shirts. Ça a été la traversée du désert. On m'a oublié.

_Aujourd'hui vous avez des projets pour revenir sur le devant de la scène ?
_Ouais, une tournée revival 90's l'été prochain, avec 2Unlimited, Docteur Alban, Snap, Haddaway, la connasse qui chante Moon Satellite dont j'ai oublié le nom et Corona. Y aura peut-être Maurice G Dantec aussi si on le relâche à temps de l'hopital psy de Montréal. On devrait faire les Luna Park, Palavas, Argeles sur mer...
Un bon tremplin pour un retour à l'international. Oh vous marrez pas hein, à 10 ans près c'était Philippe Cataldo et François Feldman.
Je meuble entre les artistes, je chauffe la salle avec quelques discours puis je reprends El Condor Pasa façon beatbox. Le public aime bien.

(le concert est terminé, l'heure est venue de démonter la scène)

_On vous laisse retourner au boulot et on vous souhaite bonne chance Sous-Commandant
_Merci va en falloir. Et n'oubliez pas d'acheter mes t-shirts. On a un site internet aussi pour le merchandising. Hohé, je vous parle ! Revenez ! Enculés d'impérialistes !

3 commentaires:

  1. Vous êtes nuls.
    BHL a jarté Arielle pour aller tringler l'héritière d'une marque de binouse irlandaise : la même, aussi blonde, aussi vulgaire et avec la gueule aussi charcutée mais en plus jeune.
    Culture G les amis, culture G...

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  2. François le Français22 août 2010 à 09:17

    Connaissais pas. Il est vachement drôle. Je veux dire plus drôle que notre Regis Debray national

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  3. kobus van cleef23 août 2010 à 15:40

    mais ce con fait même pas la promo de ses cédés !
    faut passer la sébille putain !
    sinon autrement les gens crachent pas au bassinet !
    tu sais pas y faire mon gros
    plutot que de répondre aux questions oiseuses faut leur sortir un p'tit bout de crincrin genre "on va s'écouter un peu les quilapayouns hein on va se les écouter "
    inusable !
    el condor passa valeur refuge !
    mais faut la vendre !
    et là mon pote je vois qu'un mec qui se foule pas pour la promo !
    sur qu'on va sortir le morlingue pour acheter
    pas le moindre commencement d'un effort
    préfère se raconter ; le pourquoi du comment / le coeur de cible qui rétrécit/les plagiaires et toute la lyre
    mais bordel à cul la vente c'est un métier !
    tu te tires les doigts et tu fais la promo !
    tiens si tu veux on te montre
    d'abord on résoud les problèmes bassement matériels ; tu abandonnes les droits et tu aboules le fichier client
    ensuite on verra
    kobus force de vente

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