15 août 2009

Sur un kōan zen


« Si tu as un bâton, je t’en donne un

Et si tu n’en as pas, je te le prends »

La première partie du kōan est seulement étrange mais la seconde nous paraît franchement absurde.

Les deux sont à mettre en relation avec la pensée du grand philosophe indien Nâgârjuna (IIème – IIIème siècle AP. J.-C.).

Le bouddhisme Chan en Chine devenu Zen ou japon a été particulièrement influencé par la doctrine de la vacuité du philosophe bouddhiste.

La première partie du kōan vise le monde tel qu’il est « conçu » par Nâgârjuna. La seconde partie s’attaque aux prétentions du langage à appréhender le monde.

Dans la pensée du philosophe indien le monde est vacuité. Le monde est tellement vide de substance que cette vacuité ne saurait elle-même devenir la substance du monde.

Le monde est une absence comme le couteau sans manche auquel il manque la lame de Lichtenberg. Si donc tu as un bâton, je peux bien t’en donner un car c’est comme si tu n’en avais pas.

Nâgârjuna ne se contente pas d’affirmer la vacuité du monde. Il déclare aussi que le monde est non vain, ni vain ni non vain, ni vain et non vain.

Si donc tu n’a pas de bâton, je te dénie aussi cette absence de bâton en te le prenant.

Ainsi, tandis que la première partie obéit encore à une certaine logique de la vacuité appréhensible par la raison humaine, la seconde partie joue sur deux niveaux à la fois : un discours explicite et un discours sous-jacent.

D’une part en contestant l’inexistence du bâton, il conteste la vacuité du monde : le monde est vain, le monde est non vain.

D’autre part en exprimant visiblement une absurdité au regard de la logique courante, il conteste au langage sa capacité à dire l’être du monde. Ce faisant le kōan se dénie à lui-même, en tant que langage, toute légitimité à dire quoi que ce soit.

La seconde partie du kōan fait exploser le kōan tout entier.

Il ne reste en fin de compte qu’un sentiment de vide absolu.

15 commentaires:

  1. Certains neurobiologistes affirment que le langage est un mensonge permanent.

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  2. Ironie romantique dirait l'autre...

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  3. Ce commentaire n'a aucun intérêt.

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  4. Oh que si, vil buzzer... un joli p'tit blog tout neuf?

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  5. Essaye pas de jouer au plus kōan avec nous.

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  6. "Ce commentaire n'a aucun intérêt."

    C'est pas un kōan ça, c'est un "sytème auto-référent". C'est utile pour fabriquer des paradoxes:

    "Tous les Français sont des menteurs", étant moi-même français, si je dis ça, il en résulte une contradiction interne.

    Pas compris du tout cette phrase: "Il déclare aussi que le monde est non vain, ni vain ni non vain, ni vain et non vain."
    Quelle différence entre "ni vain" et "non vain"?

    Bref, j'aime pas du tout quand la philosophie (ici ce serait plutôt une théologie de mes 2) prétend essayer de nous guider vers "l'éveil" via des entités qui appartiennent au champ de la raison pure! C'est un peu comme si un Papou Guinéen nous expliquait combien Dieu est grand car il fait voler des oiseaux de feu!

    Extrait de Wikipedia:
    "Un certain nombre de kōan ont été commentés. Mais il est dit que le commentaire ne fait pas comprendre le kōan : il en ouvre seulement la voie. C'est à chacun de comprendre, de vivre le kōan."

    La vérité est ailleurs quoi! Un peu trop facile je trouve, le kōan est mal défini. Si c'est pour entendre ça, je préfère regarder X-Files.


    http://www.amazon.fr/démons-Gödel-Logique-folie/dp/2020923394/ref=pd_sim_b_4

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  7. Ignatus : dans un gang bang y a ceux qui participent et puis y a ceux qui regardent. Tu serais plutôt du genre branleur voyeur.

    Si au moins tu nous donnais un bonne giclée mais au lieu de ça après avoir crachotté tes trois malheureuses gouttes sur mes pieds tu fais le dégoutté pour qui le spectacle n'est pas assez à la hauteur.

    Mon petit foutriquet arrête la branlette : ça rend les yeux chassieux et le raisonnement débile (au sens de faible hein, vérifie sur wikipédia).

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  8. Vous n'avez peut-être pas compris mon propos mon seigneur...

    J'apprécie tout le temps ce que tu écris, mais là désolé bonhomme, c'est de la merde en barre cet article, la logique c'est pas ton rayon, mais pas de quoi paniquer, tu restes talentueux.

    Je te l'accorde, mon expression n'est pas aussi puissante que la tienne, mais j'essaie de m'améliorer petit à petit. La prochaine fois je te promets de controler davantage mon ejaculation, tu verras ca te fera tout drôle de nager dans du foutre Ignatiusien.

    Moi qui voulait juste avoir une explication en pointant délicatement une phrase faible (dans le sens 'ça veut strictement rien dire') je me suis attiré les foudres de l'Artiste.

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  9. « Quelle différence entre "ni vain" et "non vain"? »

    La seule différence qui compte c'est celle entre «vin» et «non vin».

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  10. Sortir la métaphysique allemande pour tomber sur notre Maître Zen des tropiques...

    ---- INTERLUDE------

    Punch Martinique
    1/4 de sirop de sucre de canne, 3/4 de rhum blanc,
    1 citron vert, glaçons (facultatifs).
    Verser d'abord le sirop de sucre de canne, puis le rhum. Ajouter quelques gouttes de citron. Mélanger avec une cuillère ou un "bâton lélé" ou simplement en remuant le verre. C'est à ce geste que l'on reconnaît les adeptes du ti-punch !


    Vous pouvez ajouter 1 ou 2 glaçons et décorer le verre avec une rondelle de citron ou d'orange, mais ce n'est pas indispensable. Si vous invitez de vrais connaisseurs, placez tous les ingrédients sur la table. Chacun préparera son ti-punch selon ses goûts.

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  11. @ Ignatus : j'espère que je ne t'ai pas vexé mais tu sembles avoir de vrais problèmes de compréhension avec mon modeste texte et ça me désole.

    Un koan n'a rien à voir l'affirmation du genre "tous les Crétois sont des menteurs".

    Le bouddhisme Zen n'a rien à voir avec la théologie : il n'y a pas de Dieu créateur dans le bouddhisme.

    Sur vain, non vain, etc :

    1. x
    2. -x
    3. x et -x
    4. ni x ni -x

    où x est une proposition, et -x sa négation.

    Cet exemple utilise la forme du tétralemme : Toute chose est soit vraie, soit fausse, soit vraie et fausse, soit ni vraie ni fausse.

    Nagarjuna nie les quatre propositions dans Le Traité du milieu qui est une sorte de combat dialectique contre l'école logicienne du Bouddhisme.

    Sur le reste j'ai pas de commentaires car j'ai du mal à suive le fil de ta pensée.

    En fait, je crois que tu as déjà atteint le nirvana (même si pour notre philosophe indien il n'y a pas d'Eveil car il n'y a rien dont on devrait s'éveiller - ça ce devrait te plaire : chez Nagarjuna, il n'y a pas d'Ailleurs à atteindre, le nirvana est le samsara et inversement).

    Mais ton Nirvana tu as dû l'atteindre avec des moyens illicites d'où tes difficultés à revenir au principe de réalité...

    Si ça peut te rassurer, je ne fréquente pas le rayon "Développement personnel" de la FNAC et je ne supporte pas les bobos à chakra qui manifestes contre la Chine au Tibet.

    J'admire simplement chez certains textes de l'Orient le très grand degré de concentration d'une pensée. Et je ruminais ce koan depuis des mois avant de commencer à le comprendre.

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  12. « Si tu as un bâton, je t’en donne un

    Et si tu n’en as pas, je te le prends »

    d'un naturel plutôt pervers, ce koan ne manque pas de faire écho dans ma tronche avec l'épître aux romains de Saint Paul et son "rendez à César", et donc globalement à l'ensemble du système fiscal français soit : "plus t'as, plus on te défiscalise, moins t'as, plus on te prend." Effectivement, ce koan "se dénie à lui-même, en tant que langage, toute légitimité à dire quoi que ce soit"...

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