18 août 2009

Le Vert est dans le fruit

Vous avez aimé les flashs de propagande dans le film Starship Troopers, là c’est la même chose, décor qui pète, speaker exalté façon KKK, sauf que c’est le film de la réalité qu’on est dedans :



Tout ça pour reparler des tarnacois de Tiqqun et faire au passage une belle allitération. Il paraît que ...
c’est pas Coupat qui aurait écrit le bouquin : « L’Insurrection qui vient » par le Comité Invisible. Enfin si c’est pas lui, ça y ressemble quand même un peu. C’est l’UUUULLLTRRRRA- GOCH comme elle a dit MAM. Mais le bouquin il est saimpa. Ca a l’air du classique post-situ matiné de baudrillarderies donc rien d’ultra-ultra-frais. C’est surtout le chapitre consacré à l’écologie qui vaut le coup parce que là c’est là que le propos est pile poil où il faut. On peut se demander à ce propos comment nos chers dirigeants vont sensibiliser l’opinion [en démocratie cette expression est synonyme de mettre de la vaseline] pour parvenir à articuler la défense de l’environnement avec le débarquement dans nos contrées des hordes de tukmens, ouzbeks, indienz et autres kyrgizes ( ?) qu’ils nous promettent. Mais pas d’inquiétude, les boites de connes séguelo-goebellsiennes doivent déjà bosser dessus, on leur fait confiance. Et pour ceux à qui l’importation des steppes mongoles fait déjà faire la gueule, je crois qu’il faut qu’ils lâchent leurs histoires de mosquées et de burqa qui sentent déjà le périmé et qu’ils se mettent d’ores et déjà au boulot pour organiser la résistance anti-YOURRRRTTES. Les choses vont si vite.
Florilège de L’insurrection qui vient à propos de l’éco-connerie. Sur le décryptage de la gestion infrastructurelle et l’usinage des individus, ils sont balèzes le CI, encore un petit effort et ils auront un pied dans la revendication identitaire.



DECROISSANCE

Cette convergence [entre décroissance et crise du capitalisme] n’est pas fortuite. Elle s’inscrit dans la marche forcée pour trouver une relève à l’économie. Le capitalisme a désintégré à son profit tout ce qui subsistait de liens sociaux, il se lance maintenant dans leur reconstruction à neuf sur ses propres bases. La sociabilité métropolitaine actuelle en est l’incubatrice. De la même façon, il a ravagé les mondes naturels et se lance à présent dans la folle idée de les reconstituer comme autant d’environnements contrôlés, dotés des capteurs adéquats. À cette nouvelle humanité correspond une nouvelle économie, qui voudrait n’être plus une sphère séparée de l’existence mais son tissu, qui voudrait être la matière des rapports humains ; une nouvelle définition du travail comme travail sur soi, et du Capital comme capital humain ; une nouvelle idée de la production comme production de biens relationnels, et de la consommation comme consommation de situations ; et surtout une nouvelle idée de la valeur qui embrasserait toutes les qualités des êtres. Cette «bioéconomie» en gestation conçoit la planète comme un système fermé à gérer, et prétend poser les bases d’une science qui intégrerait tous les paramètres de la vie.
« Revaloriser les aspects non économiques de la vie » est un mot d’ordre de la décroissance en même temps que le programme de réforme du Capital. Éco-villages, caméras de vidéosurveillance,spiritualité, biotechnologies et convivialité appartiennent au même « paradigme civilisationnel» en formation, celui de l’économie totale engendrée depuis la base.
[...]
Gérer la sortie du nucléaire, les excédents de CO2 dans l’atmosphère, la fonte des glaces, les ouragans, les épidémies, la surpopulation mondiale, l’érosion des sols, la disparition massive des espèces vivantes… voilà quel serait notre fardeau. «C’est à chacun que revient de changer ses comportements », disent-ils, si l’on veut sauver notre beau modèle civilisationnel. Il faut consommer peu pour pouvoir encore consommer. Produire bio pour pouvoir encore produire. Il faut s’autocontraindre pour pouvoir encore contraindre. Voilà comment la logique d’un monde entend se survivre en se donnant des airs de rupture historique. Voilà comment on voudrait nous convaincre de participer aux grands défis industriels du siècle en marche. Hébétés que nous sommes, nous serions prêts à sauter dans les bras de ceux-là mêmes qui ont présidé au saccage, pour qu’ils nous sortent de là.

(Comité Invisible, L'insurrection qui vient, 2007)


ECOLOGIE

Il n’y a pas de «catastrophe environnementale». Il y a cette catastrophe qu’est l’environnement. L’environnement, c’est ce qu’il reste à l’homme quand il a tout perdu. Ceux qui habitent un quartier, une rue, un vallon, une guerre, un atelier, n’ont pas d’« environnement », ils évoluent dans un monde peuplé de présences, de dangers, d’amis, d’ennemis, de points de vie et de points de mort, de toutes sortes d’êtres. Ce monde a sa consistance, qui varie avec l’intensité et la qualité des liens qui nous attachent à tous ces êtres, à tous ces lieux. Il n’y a que nous, enfants de la dépossession finale, exilés de la dernière heure – qui viennent au monde dans des cubes de béton, cueillent des fruits dans les supermarchés et guettent l’écho du monde à la télé– pour avoir un environnement. Il n’y a que nous pour assister à notre propre anéantissement comme s’il s’agissait d’un simple changement d’atmosphère. Pour s’indigner des dernières avancées du désastre, et en dresser patiemment l’encyclopédie. Ce qui s’est figé en un environnement, c’est un rapport au monde fondé sur la gestion, c’est-à-dire sur l’étrangeté. Un rapport au monde tel que nous ne sommes pas faits aussi bien du bruissement des arbres, des odeurs de friture de l’immeuble, du ruissellement de l’eau, du brouhaha des cours d’école ou de la moiteur des soirs d’été, un rapport au monde tel qu’il y a moi et mon environnement, qui m’entoure sans jamais me constituer. Nous sommes devenus voisins dans une réunion de copropriété planétaire. On n’imagine guère plus complet enfer. La situation est la suivante: on a employé nos pères à détruire ce monde, on voudrait maintenant nous faire travailler à sa reconstruction et que celle-ci soit, pour comble, rentable. L’excitation morbide qui anime désormais journalistes et publicitaires à chaque nouvelle preuve du réchauffement climatique dévoile le sourire d’acier du nouveau capitalisme vert, celui qui s’annonçait depuis les années 1970, que l’on attendait au tournant et qui ne venait pas. Eh bien, le voilà ! L’écologie, c’est lui ! Les solutions alternatives, c’est encore lui ! Le salut de la planète, c’est toujours lui ! Plus aucun doute : le fond de l’air est vert ; l’environnement sera le pivot de l’économie politique du XXIe siècle. À chaque poussée de catastrophisme correspond désormais une volée de « solutions industrielles ». C’est que l’environnement a ce mérite incomparable d’être, nous dit-on, le premier problème global qui se pose à l’humanité. Un problème global, c’est-à-dire un problème dont seuls ceux qui sont organisés globalement peuvent détenir la solution. Et ceux-là, on les connaît. Ce sont les groupes qui depuis près d’un siècle sont à l’avant-garde du désastre et comptent bien le rester, au prix minime d’un changement de logo.
L’écologie n’est pas seulement la logique de l’économie totale, c’est aussi la nouvelle morale du Capital. L’état de crise interne du système et la rigueur de la sélection en cours sont tels qu’il faut à nouveau un critère au nom duquel opérer de pareils tris. L’idée de vertu n’a jamais été, d’époque en époque, qu’une invention du vice. On ne pourrait, sans l’écologie, justifier l’existence dès aujourd’hui de deux filières d’alimentation, l’une « saine et biologique» pour les riches et leurs petits, l’autre notoirement toxique pour la plèbe et ses rejetons promis à l’obésité. L’hyper-bourgeoisie planétaire ne saurait faire passer pour respectable son train de vie si ses derniers caprices n’étaient pas scrupuleusement « respectueux de l’environnement ». Sans l’écologie, rien n’aurait encore assez d’autorité pour faire taire toute objection aux progrès exorbitants du contrôle. Traçabilité, transparence, certification, éco-taxes, excellence environnementale, police de l’eau laissent augurer de l’état d’exception écologique qui s’annonce. Tout est permis à un pouvoir qui s’autorise de la Nature, de la santé et du bien-être. «Une fois que la nouvelle culture économique et comportementale sera passée dans les moeurs, les mesures coercitives tomberont sans doute d’elles-mêmes. » Il faut tout le ridicule aplomb d’un aventurier de plateau télé pour soutenir une perspective aussi glaçante et nous appeler dans un même temps à avoir suffisamment «mal à la planète» pour nous mobiliser et à rester suffisamment anesthésiés pour assister à tout cela avec retenue et civilité. Le nouvel ascétisme bio est le contrôle de soi qui est requis de tous pour négocier l’opération de sauvetage à quoi le système s’est lui-même acculé. C’est au nom de l’écologie qu’il faudra désormais se serrer la ceinture, comme hier au nom de l’économie.

(Comité Invisible, L'insurrection qui vient, 2007)

9 commentaires:

  1. Ce bouquin est une ode à la loi de la jungle, non pas libérale mais primitive... Sacré Coupat, sacré naïf... "Libre" comme dans la pub... Lâché dans la nature... Il serait bien emmerdé avec sa gueule de premier de la classe, ses mains blanches et sa gentille niaiserie terroriste...

    "L’hyper-bourgeoisie planétaire ne saurait faire passer pour respectable son train de vie si ses derniers caprices n’étaient pas scrupuleusement « respectueux de l’environnement ». "

    Tu parles qu'ils s'embarrassent de respectabilité... Les riches feront toujours tout pour ne pas ressembler aux pauvres et bien leur montrer, cette arrogance c'est la base du pouvoir (cf.Louis XIV)... Quand ils étaient gras les pauvres étaient maigres, aujourd'hui c'est l'inverse, et le fils Coupapapa devrait savoir que si on ne fait pas tout ce que le péquin ne peut pas faire... ça ne sert plus à rien d'être un hyper-bourgeois...

    En quoi un agriculteur qui décide de produire bio est-il dans "l'auto-contrôle"; la contrainte ou le productivisme?
    Je ne vois là qu'un très sain retour en arrière, d'ailleurs la plupart des exploitants le font pour retrouver des conditions décentes de travail... faut dire que la salle d'attente du popa ne devait guère ressembler à une cours de ferme... ou de kolkhoze.

    Et entre la "décroissance" et le sabotage de TGV... on va encore reparler du "sérieux" comme mr Grossbite et on risque de se fâcher.

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  2. L'insurrection qui vient... ça sonnera plutôt comme ça:

    http://asset.rue89.com/files/ArnaudAubron/Conti.mp3

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  3. Louis XIV n'était pas arrogant avec les gens du peuple.

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  4. Au CGB, on est réac et bilingue.
    C'est pas un p'tit peu antinomique ça?

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  5. Bilingue pour les plus nuls... Clarence parle 8 langues et 5 dialectes.

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  6. A part avoir manqué le collège et le lycée, je ne vois pas comment on ne peut pas être bilingue.

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  7. "A part avoir manqué le collège et le lycée, je ne vois pas comment on ne peut pas être bilingue."

    Ouais bon d'accord, mais il y a des limites quand même.
    J'suis super bon en anglais :-] mais de là à comprendre tout ce que raconte un présentateur subjectif et yankee dans un journal télévisé qui dure 10 minutes...

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  8. La télé yankee c'est le plus facile (100 mots de vocabulaire à tout casser)... 50 sur Fox news.

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  9. Pour les plus cons il y a "Voice of america", pour les plus intellos il y a la BBC. Si t'es chuper bon en english et que t'es pas foutu de comprendre ce qu'il dit, tu devrais penser a rejauger tes aptitudes a manier la langue de shakespeare ma belle!

    Manel! Zero pointe!

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