9 mai 2009

Unilinguisme



En bonus, un extrait de l'Ordonnance de Villers-Cotterêts, à méditer pour les thuriféraires du Bro gozh ma zadoù.


art. 111.De prononcer et expédier tous actes en langaige françoys

Et pour ce que telles choses sont souventesfoys advenues sur l'intelligence des motz latins contenuz es dictz arretz. Nous voulons que doresenavant tous arretz ensemble toutes aultres procedeures, soient de nous cours souveraines ou aultres subalternes et inferieures, soient de registres, enquestes, contractz, commisions, sentences, testamens et aultres quelzconques actes et exploictz de justice ou qui en dependent, soient prononcez, enregistrez et delivrez aux parties en langage maternel francoys et non aultrement.

9 commentaires:

  1. Euuh... Villers-Cotterêts a plutôt signé la fin du Latin comme langue "vivante" en France et l'a cantonné à la liturgie.
    Ce traité n'est pas à prendre comme l'imposition du Français aux François (ça viendra plus tard ça).

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  2. Deux courants de pensée antagonistes se trouvent objectivement alliées pour faire que l'État se désengage de toute responsabilité quant aux langues/cultures indigènes de son territoire, et prônent l'idée que c'est aux régions seules de s'en occuper :

    1) l'idéologie française régnante, celle du centralisme et de l'unitarisme, qui croit ainsi se débarrasser du problème ; cette idéologie, qui organise et donne ses contenus à la culture française depuis plus de cinq siècles, à tel point qu'on ne la voit plus et qu'on la prend pour la nature des choses, commence à décliner face à la montée du démocratisme et du pluralisme mais, se faisant par ailleurs la championne de valeurs (unité, égalité, laïcité, solidarité) auxquelles sont attachés les Français, elle peut longtemps encore prolonger son règne ;
    2) l'idéologie des militants régionalistes ou nationalitaires, politiques ou culturels, désireux de prendre la France en sandwich entre l'Europe et les régions, voire, pour certains, désireux de constituer des région/états autonomes ; ces régionalistes s'appuient sur un juste constat, celui du multiséculaire mépris de l'idéologie française pour les langues/cultures indigènes de France (et au-delà pour les accents et tout ce qui sort du moule), et défendent des valeurs (démocratie, pluralisme) auxquelles les Français s'attachent de plus en plus.
    Les uns nient, au nom de l'unité nationale, toute pluralité culturelle interne (vantant la « diversité » pour le reste du monde) ; les autres, au nom de la « diversité » culturelle, en viennent à remettre en cause la solidarité nationale. Les uns et les autres ont quelques chose en commun : ils confondent l'ordre culturel et l'ordre politique (« une nation, une langue ») (comme autrefois « un royaume, une religion »), et savent si peu ce que la langue est à la pensée qu'ils placent la culture et les œuvres derrière la langue de communication. Leur débat occupe tout l'espace, comme s'il n'y avait pas d'autre voie.

    Il y a une autre voie : la meilleure. Pour la connaître, il suffit d'écouter le peuple français : il veut l'unité politique, il veut la pluralité culturelle. Et cette volonté – que lui donne son intuition – retrouve l'argumentation des esprits les plus éclairés en ce domaine :

    les langues/cultures indigènes de France ont participé de façon déterminante à la construction de la langue/culture française, de la pensée française, de l'identité française ; sans éducation aux langues/cultures indigènes, on comprend mal la langue/culture française, on ne comprend rien à ce qu'est la pensée et l'identité française.
    non seulement la langue/culture/identité française est, ainsi, mal comprise, mais elle est condamnée au déclin si meurent les langues/cultures indigènes. Car le déclin actuel de la culture française ne vient pas d'attaques extérieures, comme se plaisent à penser les idéologues (« c'est la faute à l'autre »), mais du fait qu'elle a de moins en moins d'affluents intérieurs, parce que le centralisme a toujours essayé – réussissant en partie – d'éradiquer tout esprit d'initiative ou d'entreprise qui ne partent pas de son nombril et, partant, de tuer toute émulation. Sans les langues/cultures indigènes, sans réservoir d'inventions issues d'ailleurs internes, c'est-à-dire sans le peuple dans sa pluralité, la culture française se retrouve, avec ses cocoricos subventionnés (élitisme) et ses mythes cocardiers (populisme, nationalisme), désarmée face au mouvement du monde ;
    inversement, la langue/culture française a marqué indélébilement de ses œuvres, de ses valeurs, toutes les langues/cultures indigènes de France, et on ne comprend rien à leur histoire si on ne connaît pas ce rôle de la langue/culture française ;
    mais il y a plus : sans conscience de la nature de leur relation avec la culture française, sans projet de relation avec elle, ces langues/cultures sont sans avenir : on peut le voir dans les utopies des tenants de la « diversité » et du régionalisme, où ces langues/cultures, coupées de leur histoire qui est à la fois celle de leur négation par l'unitarisme et de leur affirmation (voire leur éclosion) contre ce même unitarisme, se retrouvent sans emploi alors que leur mission essentielle, celle qui les a fait renaître voire naître, celle pour laquelle elles sont les mieux armées (et seules à être armées), est justement de guérir la France de sa maladie centraliste/unitariste, en tournant contre cette maladie les valeurs républicaines que la France leur a apprises et en les re-inventant : décentralisation et pluralisme culturel, pour plus de démocratie et plus de république.
    C'est par leurs œuvres visant à transformer ainsi la France (critique de l'histoire officielle – nationaliste - non pour la remplacer par un petit nationalisme inverse, mais pour servir à la pensée d'une nouvelle épistémologie de la science historique ; critique de la linguistique établie pour servir à une nouvelle pensée de ce qu'est une langue, de ce qu'est le langage, etc. etc.) que ces langues/cultures s'inventeront un avenir. C'est en libérant tous les français du centralisme, c'est en libérant toute la culture française de son carcan unitariste qu'elles se trouveront elles-mêmes.(*)
    Notre proposition de nationalisation des langues/cultures de France sort de ce raisonnement et n'a qu'une ambition : faire que plus personne n'ignore ces mouvements de l'histoire et n'en ignore les enjeux. L'État est donc concerné au premier chef. Sa mission :
    1. organiser une éducation pour tous les Français à toutes les langues/cultures indigènes de France. Ce qui renforcera la solidarité nationale.
    2. organiser, contre la « diversité culturelle » (chacun sa petite langue/culture dans son coin, dans sa « communauté »), l'aventure de la pluralité culturelle (émulation entre les œuvres) qui, libérant toutes les imaginations, mobilisera tous les Français dans l'invention d'un avenir commun.

    (*) Nous n'abordons pas dans cette présentation le problème des langues de France dites « minoritaires » (c'est-à- dire les langues étrangères minorisées ou sans statut dans leur pays d'origine – romani chib, arménien occidental, yiddish, berbères, arabes parlés-) qui, globalement, sont concernés de la même façon. Nous l'aborderons dans la discussion.

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  3. Ah les linguistes... tu as raison Kroulik mais c'est que j'ai vraiment l'impression que l'histoire tourne à l'envers.

    @ Anonyme de 01:40

    Très intéressant.

    Vous utilisez un "nous", à quel mouvement appartenez-vous donc?

    Le centralisme français est pour moi un moindre mal, ce sont surtout les identitarismes et autres narcissismes de clochers qui seront difficiles à combattre.

    Pardonnez-moi mon entêtement mais je ne crois pas à la décentralisation et au pluralisme culturel qui mettent en danger la cohésion nationale.

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  4. Linguiste mention "de pute" Môssieur!

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  5. "Pardonnez-moi mon entêtement mais je ne crois pas à la décentralisation et au pluralisme culturel qui mettent en danger la cohésion nationale."
    En gros, Alan Stivell est plus dangereux que MTV et Skyrock. C'est évident.

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  6. pour mieux comprendre,merci de bien lire ou relire la propsition de nationalisation des langues et cultures de France. vous pouvez vous rendre aussi sur le site suivant:www.nationalisation-langues-de-france.net/

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  7. Y a plus que dans les albums d'Astérix qu'on différencie un Normand d'un Picard.

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  8. Si je ne m'abuse, le texte du dessus sent le Claude Sicre à plein nez.

    J'avais déjà parlé de Sicre et des théories sur la culture de Marcel Felix Castan sur ce blog il y a environ un an, en réponse aussi à un post de René. Comme quoi...

    Ce n'est pas n'importe quel pluralisme culturel : rien à voir avec le multiculturalisme comme on l'entend généralement.

    D'ailleurs à propos des histoires de clochers, le manifeste de Castan s'appelait : "manifeste multi-culturel et anti-regionnaliste" (1984). Tout en ne prônant jamais l'abolition d'une quelconque frontière mais bien la solidarité nationale.

    Il faut lire les occitans pour comprendre la France.

    (Pas les rares régionalistes évidemment, qui sont une minorité chez les auteurs occitans, contrairement aux autres cultures indigènes - basque, corse, etc - chez qui la majorité est régionaliste/nationaliste.)

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  9. tout ce que dit Rastapopoulos est vrai il faut lire Castan pour bien comprendre la France

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