21 août 2008

John Davison Rockfeller : ploutocratie, philanthropie et eugénisme


C’est la teuf chez les Rockfeller ! En effet, Exxon Mobil a encore explosé les bénefs avec un profit net de 11,68 milliards de la monnaie fiduciaire dominante, le dollar, pour l’exercice du second trimestre 2008. Le record mondial était auparavant à 11,66 milliards de dollars et détenu par… tintintintin… Exxon Mobil ! Chez les Rockfeller, on sait ce que ça veut dire le dépassement de soi.
Donc, comme l’occasion si prête, je vous invite à faire un petit tour du propriétaire de la plus grande dynastie financière contemporaine. Dans cet article, on se focalisera uniquement sur le début de l’empire au travers de son fondateur légendaire : John Davison Rockfeller. On attache sa ceinture, on présente son billet au contrôleur… et c’est parti.

William Avery Rockfeller Senior (1810-1906)
Le patriarche. Pas grand-chose à dire sur le zouave, à part que c’était un fermier et un escroc itinérant qui baladait sa roulotte, comme dans les westerns hollywoodiens, et tout et tout, pour vendre aux pauvres cons crédules sa camelote de médicaments miracles (pétrole dilué, huile de serpent). Flambeur invétéré et polygame, il abandonna lâchement sa famille pour faire du pognon sur les routes de l’ouest.

John Davison Rockfeller (1839-1937)
Ici commencent les choses sérieuses. John D. a très peu connu son papounet à cause de sa profession de marchand ambulant, ancêtre du télé-achat. Maman-gâteau, une baptiste fondamentaliste, l’éduqua avec l’idée que le devoir de tout chrétien était de faire des dons à l’église. N’importe quoi, eux ! Là où beaucoup de marmots rêvaient de devenir cow-boys ou shérifs, notre John D. fantasmait, déjà tout petit, sur le métier d’homme d’affaires. Pas normal, le môme. C’est à l’âge de douze ans qu’il a une révélation. Alors qu'il venait de gagner 1 $ après avoir travaillé dur, trois jours durant, pour un voisin à arracher des pommes de terre, il prêta à un fermier du voisinage, moyennant intérêt, son élevage de dindons. Celui-ci lui rapporta 3,5 $ de bénéfice. « Je compris, ce jour-là, qu’il est absurde de travailler pour l’argent : il faut que l’argent travaille pour vous »
En 1860, il se lança, avec un associé, dans le business de l’alimentaire via la création d’une maison de courtage. Très rigoureux dans les affaires et bénéficiant d’une réputation d’homme de confiance, John D. engrangea les pépettes avec brio. N’aimant pas se salir les mains, il déboursa 300 $ pour échapper à la conscription et évita ainsi la guerre civile de 1863. Néanmois, John D. saisit l’occasion pour vendre aux troupes fédérales du whisky à des prix usuriers. Il eut aussi l’idée d’investir ses profits dans des raffineries de kérosène, étant donné qu’une pénurie menaçait le ravitaillement en camphène de toutes les lampes à pétrole des États-Unis qui étaient produites dans le sud. L’argent s’amassa de façon spectaculaire sur le dos des soldats. La guerre offrait toujours de bonnes occasions aux opportunistes sans scrupules.
Un jour, il entendit parler d’Edwin Laurentine Drake, l’homme qui fora le premier puits de pétrole, et se rendit sur place pour examiner ceci de plus près. Visionnaire, il comprit de suite les formidables possibilités de l’exploitation pétrolifère et décida d’investir dans cette activité à l’avenir reluisant. Malheureusement, son associé était réticent, donc il racheta ses parts à hauteur de 72 500 $ et prit un autre camarade de joie, spécialiste des problèmes de pétrole.
En 1865, John D. racheta les parts de tous ses actionnaires et fonda la célèbre Standard Oil Company. Les couts à l'entrée étaient bas et le marché en excès produisant beaucoup de gaspillage. Il sentit l'inefficacité des petites entreprises, qui pour survivre, faisaient baisser les prix en dessous des couts de production et gênaient les plus grosses entreprises comme la sienne. Il inventa le principe de l’intégration verticale. Il s’agit de posséder tous les maillons de la chaine d’une activité : la source, la production, le transport et les autorités. Là où Standard exerçait, tous les gouvernements et entreprises de transports tombaient sous sa coupe. Avec la patience d’un mammouth en hibernation, John D. bâtit son empire brique par brique jusqu’à mettre sous son joug tous les pétroliers des États-Unis. La petite bébête qui monte, qui monte et qui fait guili-guili à coup de millions de dollars en corruption.
En 1880, Standard contrôlait 95 % du pétrole des États-Unis et 70 % du marché de la pieuvre se situait en Europe et en Russie et était le seul producteur de kérosène dans le monde. Ce monopole lui permettait de contrôler les prix et la surproduction. Il ne restait plus qu’à l’ogre d’accaparer les raffineries de pétrole. Ainsi, il organisa la « South improvement Cy », mais le projet sera décrété antidémocratique et John D. dut battre en retraite. Ne s’avouant pas vaincu, il décida de s’y prendre autrement. Il fit pression sur les raffineries pour les racheter contre argent et actions dans sa société. Il commença par les états de New York et de la Pennsylvanie et posséda toutes les raffineries de ces États. Cependant, la législation des États-Unis interdisait aux hommes d’affaires d’exercer des activités en dehors de l’état de leur domicile. Le problème fut résolu aux mains des juges qui réussirent à contourner les lois fédérales. La Standard Oil prospéra et toutes ses possessions furent regroupées en 1882 dans la Standard Oil Trust, qui effectivement était une société géante. Les actionnaires de la Standard Oil Company déléguèrent les activités de l’entreprise aux mains de neuf hommes de confiance, dont Rockfeller Himself. Le siège fut installé à New York.
Après avoir pataugé dans le pétrole, Rockfeller s’attaqua à l’automobile puis à l’aéronautique, multipliant au fil du temps considérablement sa fortune.
En 1902, on évalua que Rockfeller possédait à lui seul les deux tiers de la production mondiale de pétrole, 1/500 de toutes les richesses yankees et 1/2000 de la richesse mondiale. À la suite d’une série de poursuites fédérales concernant la loi antitrust, le monstre de Rockfeller fut démantelé et scindé en 34 parties dont les plus connus sont Conoco, Chevron, Esso et Mobil. La famille Rockfeller conserva tout de même le contrôle de toutes les sociétés de l’empire, ce qui revint au même. Quant au reste du globe, les lois antitrusts n’existaient pas.
Il prit sa retraite en 1896 en étant l’homme le plus riche des États-Unis et l’un des plus puissants du monde. Il est considéré comme l’homme le plus riche de tous les temps avec une fortune de 200 milliards de dollars actuels (pour l’époque c’est considérable, je ne pourrais même pas vous dire avec quel coefficient on pourrait multiplier ce chiffre pour qu’il concorde à 2008).
John D. croyait au bienfait de la démocratie, mais en tant que fable utile pour les bouseux. Il institua une formidable propagande à l’aide de Ivy Ledbetter Lee, le père de l’industrie des relations publiques, puis ensuite d’Edward Louis Bernays, l’homme qui lui donna ses lettres de noblesse, pour promouvoir les fantastiques légendes des bienfaits de l’industrialisation et du mythe du milliardaire philanthrope. Et tout ça, bien sûr selon les contes hollywoodiens, sans aucune corruption, malversation, répression, malhonnêteté ou tricheries de toutes sortes. Ben, non, voyons !
John D. donna environ 600 millions de dollars pour fonder l’université de Chicago, l’institut Rockfeller pour les recherches médicales et la fondation Rockfeller, destinée à promouvoir le progrès scientifique dans le monde. Ainsi qu’à différentes églises, hôpitaux, écoles, etc. Il avait l’habitude de se balader avec des pièces de dix cents qu’il jetait en aumône aux badauds.

Bakou et la Russie tsariste
Bakou est une petite ville au bord de la mer Caspienne, tout prêt de l’Afghanistan. À l’époque de notre intéressé, la moitié du pétrole de la planète provenait des gisements de Bakou.
En 1880, un boom pétrolier se produisit dans cette région, sous l’initiative des frères Nobel de Suède et des Rothschild de la branche française. John D. a déjà des billes, que dis-je, des calots, en Russie. Il fait tout en son pouvoir pour stopper la production et de s’en emparer. Le tsar Nicolas II refusa de céder aux caprices de l’homme d’affaires en restant loyal envers les Nobel et les Rothschild. Les champs de Bakou deviendront la cible d’attentats.
Bakou deviendra rapidement le centre stratégique crucial de la géopolitique de l’époque et appartint en 1913 à la Russie suite au traité de Golestan. La Turquie tenta de s’en emparer en 1914, trouvant sur son passage l’armée russe et l’Arménie. On connait la suite de l’histoire pour les Arméniens. L’empire Rockfeller mettra la main dessus après l’effondrement de la Russie tsariste. D’importants réseaux d’affaires reliaient l’élite de Wall Street à la Russie à la fin du 19 ° siècle. En fait, Rockefeller et ses collègues n’allaient prendre aucun risque. Ils financèrent et armèrent les deux côtés de la révolution bolchévique. Quand la révolution Russe se stabilisera autour de Staline au début des années 20, celui-ci fera cadeau de Bakou à un collègue et partenaire d’affaire de Rockefeller, un certain Averell Harriman, dont une des banques, la Brown Brothers Harriman était présidée par Percy Rockefeller.
Hitler rata l’occasion de s’en emparer alors qu’on la lui offrait sur un plateau d’argent. Ah oui, j’oubliais une petite chose. Pour transporter les ressources extraites de Bakou vers l’Asie, on doit traverser l’Afghanistan !

La petite passion de John Davison
Là où son Alter-ego Lionel Walter Rothschild se passionnait pour la zoologie, en particulier pour la collection d’oiseaux et de papillons, John D. cultivait une passion d’une tout autre nature.
Il acheta une église à son pasteur Baptiste, Thomas Dixon, qui se rendit célèbre par une vingtaine d’ouvrages à la gloire du Ku Klux Klan. En 1902, il finança la création du « General Education Board » qui aura pendant près de quarante ans une très forte et controversée influence raciste sur les institutions scolaires américaines. La même année, John D. et Averell Harriman firent un don de 11 millions de dollars au Cold Spring Harbor Laboratory. Cet institut sera construit sur un terrain appartenant aux frères Dulles (John Foster et Allan, futur créateur de la CIA et propriétaire d’United Fruit), et sera le tout premier laboratoire d’études eugénistes. C’est de là qu’apparaîtront les toutes premières lois de l’hygiène raciale. Enthousiaste, Rockefeller créa ensuite en 1909 un laboratoire d’Eugénisme sur un lopin voisin appartenant à Averell Harriman. Puis, en 1910, il finança et organisa l’Association pour la Recherche Eugénique. Et encore, la même année, l’Office des Données Eugéniques. C’est une passion ! En 1911, son ami et avocat John Foster Dulles résuma ainsi la science eugéniste : « en éliminant les membres plus faibles de la population, une race plus pure pourra être créée ».
C’était de ces instituts eugénistes américains que migreront vers l’Europe les thèses de la pureté de la race. En 1928, Rockefeller fonda en Allemagne l’Institut Kaiser Wilhelm d’Eugénisme, d’Anthropologie et d’étude de l’Hérédité Humaine. Parmi les sommités qui dirigeront les recherches de ce laboratoire, on retrouva les noms de Josef Mengele et Otmar Verschuer.

3 commentaires:

  1. Quel être essski, sinon remember:

    "Le Kaiser Wilhelm institut de Berlin (il y en a un aussi à Munich) est antérieur à 1927, date de l'inauguration de ces nouveaux bâtiments (financés par Rockefeller), en présence de Davenport."

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  2. Nous n'irons plus chez Esso par hasard...

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  3. A quand une jacquerie mondiale ?

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