9 juin 2008

Mondialisme : la privatisation de l'or

Suite au sujet de Zefa, je voulais intervenir à mon tour.
Zeitgeist, j’ai vu ce documentaire et je ne sais pas trop quoi en penser pour les deux premières parties (emprunt transformé des cultes d’origines païennes et égyptiennes du christianisme ; théorie du complot sur le 11/09) qui m’ont l’air d’être de la désinformation. Pour la troisième partie, celle qui nous intéresse dans ce billet et qui m’intéresse depuis quelques années (car là se trouve les fondements du mondialisme sans quoi rien ne peut se faire), le documentaire manque de nuances et de détails sur la troisième partie.


Les gouvernements des banques centrales ont conscience que le processus économique actuel et ses conséquences, en particulier la bulle financière, s’effondrera un jour ou l’autre, car c’était prévu ainsi. Le but de tout ce bordel contrôlé est l’or. Ce processus qu’on subit depuis la fin des accords de Bretton Woods n’est pas une finalité, mais un chamboulement temporaire qui leur sert d’arme économique pour accaparer, dans des mains privées, toutes les richesses naturelles, en particulier les stocks d’or déjà extrait des mines. L’or est aussi exploitable dans la chimie, la joaillerie, la médecine, la décoration, dans le secteur dentaire et dans l’électronique. Les états pour rembourser leurs créanciers (banques centrales et quelques investisseurs étrangers) ne font pas que privatiser les services publics, mais remboursent petit à petit les créanciers par la vente des stocks d’or des nations. À la fin de la Seconde Guerre mondiale, Fort Knox ( département du trésor des États-Unis et très populaire depuis le James Bond « Goldfinger ») abritait en son sein 20 205 tonnes d’or (les remboursements des couts de la Seconde Guerre mondiale), juste au même moment, les accords de Bretton Woods étaient scellés. Ainsi, la valeur du dollar fut étalonnée sur la valeur de l’or et les autres monnaies du globe sur le dollar. Pratique, non ? Quand on détient 80 % de l'or mondial !


Sauf qu’à ces messieurs, ça ne leur suffisait pas, parce que les stocks d’or étaient dans les mains du gouvernement US et pas dans les poches de la FED. Ce système économique fut arrêté en 1971 et entériné officiellement en 1976 pour celui dans lequel on vit actuellement (régimes de changes flottants). Il fallait alors trouver un substitut à l’or pour que ce système tienne le plus longtemps possible. C’est à ce moment-là que naitra la crise pétrolière de 1973 et le terme de pétrodollar (montée artificielle et concertée entre l’OPEP et l’occident du cours du pétrole afin de hausser la valeur du dollar qui était devenu avec Bretton Woods les fonds de réserve des banques centrales puisqu'à cette époque le dollar était l'or). L’or peut désormais aller se faire foutre dans les coffres de la FED qui aujourd'hui abrite dans les profondeurs de ses sous-sols New-yorkais (voir Die Hard 3), la plus grande réserve mondiale d’or (8100 tonnes en 2008 ; Allemagne : 3417 ; FMI : 3217 ; France : 2586 ; Italie : 2451 ; Suisse : 1133 ; Japon : 765 ; Pays-Bas : 761 ; Chine : 600 ; BCE : 563 ; la Grande-Bretagne se contente de 310 tonnes et se classe derrière l’Inde et le Venezuela). Les ventes de Sarkozy, pour rembourser la dette française, atteignent 100 tonnes par an pendant cinq ans suivant les accords du CBGA II (Central Bank Gold Agreement) et s’arrêteront en 2009, il me semble.

Petite anecdote : Napoléon était un gros gros malin. Il créa, en tant que premier consul et avec les fonds des familles françaises les plus riches, la banque de France en 1800. Après être devenu Empereur, il réforma la banque de France (1806) et cassa le comité central pour y établir un système de gouverneur et de sous-gouverneur nommés par l’état donc lui-même. En clair, Napoléon leur fit le message suivant : à partir de maintenant, la fête est finie. Vous mangerez dans ma main et c’est moi qui distribuerai les croquettes.

Pour conclure : le système actuel de changes flottants des monnaies, dont les dommages collatéraux voulus sont la bulle financière et les guerres géopolitiques du pétrole, a pour but de laisser le champ libre au réseau mondial des banques centrales pour accaparer la valeur réelle des monnaies nationales fiduciaires (en temps normal), l’or. Car là demeure la priorité absolue des instances dirigeantes mondialistes. Au fur et à mesure, l’or mondial devient la propriété des banques centrales dont certaines banques d’affaires privées sont les heureux propriétaires. Lorsque tout le processus sera terminé, ça ne m’étonnera pas qu’on en revienne à des accords de Bretton Woods II moins souples que les précédents. Le tour sera joué.



En bonus : Conférence de presse du Général de Gaulle, au Palais de l’Élysée le 4 février 1965.

Q. – M. le Président, en changeant en or une partie de ses avoirs en dollars, la France a provoqué certaines réactions qui ont fait apparaître les défauts du système monétaire actuel. Êtes-vous partisan de réformer ce système, et, si oui, comment ?
Q. – ......
R. - Je vais tâcher d'expliquer ma pensée sur ces points, à mesure que les États de l'Europe occidentale, décimés et ruinés par les guerres, recouvrent leur substance, la situation relative qui avait été la leur par suite de leur affaiblissement apparaît comme inadéquate, voire abusive et dangereuse. Rien, d'ailleurs, dans cette constatation n'implique de leur part et, notamment, de celle de la France quoi que ce soit d'inamical à l'égard d'autres pays, en particulier de l'Amérique. Car, le fait que ces États veuillent, chaque jour davantage, agir par eux-mêmes dans tout domaine des relations internationales procède simplement du mouvement naturel des choses. Il en est ainsi pour ce qui est des rapports monétaires pratiqués dans le monde depuis que les épreuves subies par l'Europe lui firent perdre l'équilibre. Je veux parler - qui ne le comprend? - du système apparu au lendemain de la Première Guerre et qui s'est établi à la suite de la Seconde.
On sait que ce système avait, à partir de la Conférence de Gênes, en 1922, attribué à deux monnaies, la livre et le dollar, le privilège d'être tenu automatiquement comme équivalent à l'or pour tous paiements extérieurs, tandis que les autres ne l'étaient pas. Par la suite, la livre ayant été dévaluée en 1931 et le dollar en 1933, cet insigne avantage avait pu sembler compromis. Mais l'Amérique surmontait sa grande crise. Après quoi, la Deuxième Guerre mondiale ruinait les monnaies de l'Europe en y déchaînant l'inflation. Comme presque toutes les réserves d'or du monde se trouvaient alors détenues par les États-Unis, lesquels, en tant que fournisseurs de l'univers, avaient pu conserver sa valeur à leur propre monnaie, il pouvait paraître naturel que les autres États fissent entrer indistinctement des dollars ou de l'or dans leurs réserves de change et que les balances extérieures des paiements s'établissent par transferts de crédits ou de signes monétaires américains aussi bien que de métal précieux. D'autant plus que l'Amérique n'éprouvait aucun embarras à régler ses dettes en or si cela lui était demandé. Ce système monétaire international, ce « Gold Exchange Standard », a été par conséquent admis pratiquement depuis lors.
Cependant, il ne paraît plus aujourd'hui aussi conforme aux réalités et, du coup, présente des inconvénients qui vont en s'alourdissant. Comme le problème peut être considéré dans les conditions voulues de sérénité et d'objectivité - car la conjoncture actuelle ne comporte rien qui soit, ni très pressant, ni très alarmant - c'est le moment de le faire.
Les conditions qui ont pu, naguère, susciter le « Gold Exchange Standard » se sont modifiées, en effet. Les monnaies des États de l'Europe occidentale sont aujourd'hui restaurées, à tel point que le total des réserves d'or des Six équivaut aujourd'hui à celui des Américains. Il le dépasserait même si les Six décidaient de transformer en métal précieux tous les dollars qu'ils ont à leur compte. C'est dire que la convention qui attribue au dollar une valeur transcendante comme monnaie internationale ne repose plus sur sa base initiale, savoir la possession par l'Amérique de la plus grande partie de l'or du monde. Mais, en outre, le fait que de nombreux États acceptent, par principe, des dollars au même titre que de l'or pour compenser, le cas échéant, les déficits que présente, à leur profit, la balance américaine des paiements, amène les États-Unis à s'endetter gratuitement vis-à-vis de l'étranger. En effet, ce qu'ils lui doivent, ils le lui paient, tout au moins en partie, avec des dollars qu'il ne tient qu'à eux d'émettre, au lieu de les leur payer totalement avec de l'or, dont la valeur est réelle, qu'on ne possède que pour l'avoir gagné et qu'on ne peut transférer à d'autres sans risque et sans sacrifice.
Cette facilité unilatérale qui est attribuée à l'Amérique contribue à faire s'estomper l'idée que le dollar est un signe impartial et international des échanges, alors qu'il est un moyen de crédit approprié à un État.
Évidemment, il y a d'autres conséquences à cette situation.
Il y a en particulier le fait que les États-Unis, faute d'avoir à régler nécessairement en or, tout au moins totalement, leurs différences négatives de paiements suivant la règle d'autrefois qui contraignaient les États à prendre, parfois avec rigueur, les mesures voulues pour remédier à leur déséquilibre, subissent, d'année en année, une balance déficitaire. Non point que le total de leurs échanges commerciaux soit en leur défaveur. Bien au contraire ! Leurs exportations de matières dépassent toujours leurs importations. Mais c'est aussi le cas pour les dollars, dont les sorties l'emportent toujours sur les rentrées. Autrement dit, il se crée en Amérique, par le moyen de ce qu'il faut bien appeler l'inflation, des capitaux, qui, sous forme de prêts en dollars accordés à des États ou à des particuliers, sont exportés au-dehors. Comme, aux États-Unis même, l'accroissement de la circulation fiduciaire qui en résulte par contrecoup rend moins rémunérateurs les placements à l'intérieur, il apparaît chez eux une propension croissante à investir à l'étranger. De là, pour certains pays, une sorte d'expropriation de telles ou telles de leurs entreprises.
Assurément, une telle pratique a grandement facilité et favorise encore, dans une certaine mesure, l'aide multiple et considérable que les États-Unis fournissent à de nombreux pays en vue de leur développement et dont, en d'autres temps, nous avons nous-mêmes largement bénéficie. Mais les circonstances sont telles aujourd'hui qu'on peut même se demander jusqu'où irait le trouble si les États qui détiennent des dollars en venaient, tôt ou tard, à vouloir les convertir en or ? Lors même, d'ailleurs, qu'un mouvement aussi général ne se produirait jamais, le fait est qu'il existe un déséquilibre en quelque sorte fondamental. Pour toutes ces raisons, la France préconise que le système soit changé. On sait qu'elle l'a fait, notamment, lors de la Conférence monétaire de Tokyo. Étant donné la secousse universelle qu'une crise survenant dans ce domaine entraînerait probablement, nous avons en effet toutes raisons de souhaiter que soient pris, à temps, les moyens de l'éviter. Nous tenons donc pour nécessaire que les échanges internationaux s'établissent, comme c'était le cas avant les grands malheurs du monde, sur une base monétaire indiscutable et qui ne porte la marque d'aucun pays en particulier.

Quelle base ? En vérité, on ne voit pas qu'à cet égard qu’il peut y avoir de critère, d'étalon, autres que l'or. Eh ! oui, l'or, qui ne change pas de nature, qui se met, indifféremment, en barres, en lingots ou en pièces, qui n'a pas de nationalité, qui est tenu, éternellement et universellement, comme la valeur inaltérable et fiduciaire par excellence. D'ailleurs, en dépit de tout ce qui a pu s'imaginer, se dire, s’ écrire, se faire, à mesure d'immenses événements, c'est un fait qu'encore aujourd'hui aucune monnaie ne compte, sinon par relation directe ou indirecte, réelle ou supposée, avec l'or. Sans doute, ne peut-on songer à imposer à chaque pays la manière dont il doit se conduire à l'intérieur de lui-même. Mais la loi suprême, la règle d'or - c'est bien le cas de le dire - qu'il faut remettre en vigueur et en honneur dans les relations économiques internationales, c'est l'obligation d'équilibrer, d'une zone monétaire à l'autre, par rentrées et sorties effectives de métal précieux, la balance des paiements résultant de leurs échanges.
Certes, la fin sans rudes secousses du « Gold Exchange Standard », la restauration de l'étalon -or, les mesures de complément et de transition qui pourraient être indispensables, notamment en ce qui concerne l'organisation du crédit international à partir de cette base nouvelle, devront être concertées posément entre les États, notamment ceux auxquels leur capacité économique et financière attribue une responsabilité particulière. D'ailleurs, les cadres existent déjà où de telles études et négociations seraient normalement menées. Le Fonds monétaire international, institué pour assurer, autant que faire se peut, la solidarité des monnaies, offrirait à tous les États un terrain de rencontre approprié, dès lors qu'il s'agirait, non plus de perpétuer le « Gold Exchange Standard », mais bien de le remplacer. Le « Comité des Dix », qui groupe, aux côtés des États-Unis et de l’ Angleterre, d'une part la France, l' Allemagne, l'Italie, les Pays-Bas et la Belgique, d'autre part le Japon, la Suède et le Canada, préparerait les propositions nécessaires. Enfin, il appartiendrait aux Six États qui paraissent en voie de réaliser une Communauté économique européenne d'élaborer entre eux et de faire valoir au-dehors le système solide que recommande le bon sens et qui répond à la puissance renaissante de notre Ancien Continent.
La France, pour sa part, est prête à participer activement à la vaste réforme qui s'impose désormais dans l'intérêt du monde entier.

3 commentaires:

  1. Des précisions utiles.
    Qui ne me semblent pas contredire ce qu'il y avait dans Zeitgeist.
    Un De Gaulle limpide (il nous manque!).

    Aurais-tu des références d'ouvrages qui pour des néophytes comme moi, exposent les ressorts et les enjeux du système monétaire international ? Le fonctionnement et le rôle des organismes internationaux (FMI, OMC, Banque Mondiale..). Et enfin les incidences de l'Euro sur ce système.

    J'ai vu sur Amazon des tas de bouquins sur le sujet mais difficile savoir quels sont les plus abordables et les plus intéressants.

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  2. Concernant mes lectures économiques, je n’ai lu que « la crise du libéralisme » de Marcel Gauchet de la collection « avènement de la démocratie » aux éditions Gallimard et surtout Maurice Allais, prix Nobel de sciences économiques 1988, « La Crise mondiale aujourd’hui » (éd. Clément Juglar 1999). Concernant les structures et organisations du système, ça fait des années que je traîne sur internet et que je cherche d’excellents sites explicatif, mais en séparant toutefois le bon grain de l’ivraie, en clair toutes les théories stupides à tendance X-Filiennes et les coupables désignées et improbables comme les francs maçons et les jésuites, par exemple.

    http://www.eba.be/FR/AAE0.awp D’excellent dossier sur l’or

    http://www.fauxmonnayeurs.org/ Excellent site sur la dette comme moteur économique

    http://pagesperso-orange.fr/aline.dedieguez/mariali/sommaire_textes.html
    Ce site est une petite pépite et explique tout le système sous une plume satirique, mais en étant toutefois très complet et très sérieux. D’ailleurs, l’auteur ferait une excellente recrue au CGB.
    Les dossiers économiques sur Agoravox sont bons pour certains, pour d’autres non, mais la majorité se répète sur des points de détails pas si intéressants que ça.
    Zeitgeist n’est qu’un documentaire vidéo, donc trop vulgarisé. Tu en apprendras bien plus sur internet sur des sites sérieux.

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  3. merci pour ces précieux renseignements.

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