8 février 2008

Plan banlieues : de la thune !


Le plan Banlieues de Nico, lascar cosy, est enfin révélé à la presse, qui fait semblant d’en attendre quelque chose, et qui s’en sert déjà pour vendre du papier. Vous allez voir ce que vous allez voir ! La putain d’tes morts, la banlieue, j’va lui niquer son exclusion ! C’est, en substance, ce que le Pèzident va tenter de nous faire croire.

Diverses mesures sont annoncées, mêlant bons sentiments, fermeté, hypocrisie et symboles jargonnants pour neuneus (intégrer « la diversité » dans le préambule de la Constitution, par exemple). Parmi les mesures visant une meilleure compréhension de la loi fondamentale de la République, il faut tout de même retenir la plus volontariste : constatant que les habitants des banlieues ne sont pas toujours « familiarisés avec la langue française » et que dans certains quartiers, il se parle parfois jusqu’à 120 langues différentes mais pas la nôtre, le petit timonier a décidé de faire traduire la Constitution (ainsi que la déclaration universelle des droits de l’homme) en turc, en russe, en bulgare, en arabe littéraire, en arabe maghrébin, en serbe, en polonais, en vietnamien, en roumain, en lingalais (dialecte congolais), en zimé (Tchad), le mina (Bénin) et soixante autres sabirs imprononcés à neuilly. C’est toute la logique imparable de l’Etoile de l’UMP : on ne peut pas demander à des gens de respecter la loi fondamentale d’un pays s’ils ne peuvent pas au moins la lire ! Voilà une mesure simple, peu coûteuse, qui va méchamment arranger les choses dans le 9-3…

Il y a deux mois, une école primaire de Floride avait permis à Mac Donald’s, moyennant fric, de faire sa pub sur les bulletins scolaires et même d’offrir un menu aux meilleurs élèves. A ceux qui jugent que les élèves les plus méritants n’avaient pas mérité ça, le pèzident a rétorqué qu’il faut encourager l’excellence, « parce qu’on ne peut tout d’même pas encourager la médiocrité, hein ? ». Et pour ne pas laisser l’opposition dire qu’il pond des mesures sans les budgets qui vont avec, le Patron a expliqué qu’il allait sortir ses millions. « Moi, je vous dit qu’il n’est pas nécessaire d’augmenter encore le nombre des professeurs. Avec la sortie de l’école des derniers contingents du baby boom, nous allons même en avoir trop. L’Etat veux bien mettre de l’argent dans des mesures si cet argent sert le plus directement possible. Je veux donner envie aux élèves de gagner de l’argent, parce que l’argent, hein, ce n’est pas honteux, ce n’est pas sale, c’est même très utile et ça peut être un formidable moteur de l’action. Aussi, un budget de 300 millions d’euros sera alloué à une mesure nouvelle : la récompense des bons élèves. Pourquoi voudriez-vous qu’un bon élève continue de travailler si ça ne lui rapporte rien de plus que le mauvais élève ? » Encore une leçon de bon sens, Boss ! Un système de notes assez classique sera couplé à un système d’incitations financières qui l’est moins. Un élève de 5ème ayant cumulé trois A (ou trois notes de 16/20) d’affilé recevra un chèque de 45 euros. Cash ! Ça change des bons points et des images… Un élève moyen aura 15 euros, un pas bon aura 5 euros et un gros nullard recevra 1 euro parce que « même les débiles aiment les bonbons ». Ces barèmes augmenteront en fonction de la classe et de l’âge des élèves notés, mais dans la plus grande rigueur morale : un élève de cinquième qui aurait 18 ans ne serait pas payé plus…

Mieux, mais toujours dans le même principe, le voyage d’initiation. En partenariat avec la SNCF, des billets de TGV en première classe seront offerts chaque trimestre aux meilleurs élèves. L’idée est de leur faire goûter les avantages qu’on peut se payer avec un peu de pognon, et que ni les tocards de seconde classe ni les pingres ne connaîtront jamais. « Il faut réinventer les leçons de choses, nous dit Hubert Laïlaï, conseiller présidentiel à l’éducation. Si un enfant est très tôt mis en situation d’apprécier le confort que l’argent permet d’acheter, il aura à la fois moins de réticence de principe à son égard, et plus envie d’en gagner. »

C’est élitiste ! Que faites-vous pour les moins bons élèves ? glapit soudain Julien De Raie, prêchant pour sa paroisse. « Nous n’allons évidemment pas les récompenser ! répondit l’Elyséen en souriant. Mais ils ne sont pas oubliés ». Toujours dans l’idée de montrer aux élèves ce qui les attend selon qu’ils bossent ou qu’ils glandent, le plan banlieues prévoit en effet pour les cancres des visites d’antennes locales de l’ANPE, des journées découvertes dans certaines prisons, des excursions nocturnes au cœur de banlieues chaudes et la projection de films éducatifs sur les ravages de la drogue.

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