19 octobre 2007

Europa Europa



L'actualité de ces dernières 48h (divorce présidentiel, grève au sujet des régimes spéciaux) ne devrait pas nous faire oublier l'essentiel: Sarkozy vient de nous faire un enfant dans le dos à Lisbonne (admirez la subtilité de la référence).



Alors comme ça, l'Europe avait besoin d'un Traité dit "simplifié" afin d'améliorer son fonctionnement... Nicolas Sarkozy le conquérant avait proclamé que "la France était de retour", et on se retrouve avec quoi? Avec un Traité de 255 pages tout compte fait, on est en face d'une véritable escroquerie.

Le pire c'est que ce "Traité de notes de bas de pages" selon l'ancien premier ministre Belge est proprement illisible, mais que l'on ne s'y trompe pas, comme le dit si bien VGE:

En termes de contenu, les propositions demeurent largement inchangées, elles sont justes présentées de façon différente. La raison de ceci est que le nouveau texte ne devait pas trop ressembler au traité constitutionnel. Les gouvernements européens se sont ainsi mis d'accord sur des changements cosmétiques à la Constitution pour qu'elle soit plus facile à avaler.

De fait, les statuts de la Banque centrale Européenne sont réaffirmés et Trichet continuera à faire des bras d'honneurs à l'ensemble de la population française ou italienne (article 108).

Je ne parlerai pas de cette marotte ridicule qu'est la chasse aux déficits publics avec la discipline budgétaire des Etats (art 104 ) comme de l’Union elle-même (268-1 et 269) et bien sûr l'objectif passéiste de lutte contre l'inflation (article 105).

Et la Charte des droits fondamentaux, me direz-vous? Ah... l'Union européenne aime faire des Chartes, des communications, bref tout ce qui est doux aux oreilles de la soft law... Eh bien, que dalle, nada... Les socialos qui se raccrochaient à une éventuelle "charte contraignante" en auront pour leurs frais et leur flexicurité (l'autre nom de la précarité) aura de beaux jours devant elle.

Et la concurrence libre et non faussée...elle a bien été effacée non? Que nenni, la référence aux traités antérieurs constitutionnalise de fait la doxa libérale.

Mais c'est bien un viol des foules institutionnalisé dont il est question avec ce Traité "réformé": chaque européiste pousse un ouf de soulagement quand un pays n'opte pas pour une ratification par voie référendaire (c'est le cas de la France et de la Hollande), et ce phénomène s'apparente à de la trahison pure comme l'affirme Anne-Marie Le Pourhiet:

Comment qualifier et sanctionner, dès lors, un tel coup d’Etat ? Le texte de la très populaire Constitution de 1793 n’y allait pas de main morte en disposant, dans son article 27 : « Que tout individu qui usurperait la souveraineté soit à l’instant mis à mort par les hommes libres ». La peine de mort étant désormais prohibée par la Constitution française il convient de s’y conformer et de se tourner plutôt vers l’article 35 du texte de 1793 qui affirmait solennellement : « Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est, pour le peuple et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs ». La Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, intégrée au préambule de l’actuelle Constitution, range aussi la résistance à l’oppression parmi les droits naturels et imprescriptibles de l’homme (...)

Malheureusement, une révision des dispositions sur la responsabilité pénale du chef de l’Etat, intervenue en février 2007, a substitué à l’antique et belle formule de haute trahison, l’expression affadie et banale de « manquement à ses devoirs manifestement incompatibles avec l’exercice de son mandat ». Cela manque singulièrement d’allure et de force mais l’on s’en contentera cependant en proposant aux parlementaires, au lieu de commettre eux-mêmes une forfaiture en autorisant la ratification d’un traité rejeté par leurs mandants, de se constituer en Haute Cour pour sanctionner le coupable.

Populisme me répondront les scribes zélés du nouvel ordre européen (comme Jean Quatremer) mais ce qu'a décidé le Peuple seul le Peuple peut le défaire...

L'Europe n'existe pas, elle n'a jamais existé.

Jacques Attali (1981)




6 commentaires:

  1. Enfin un appel à l'insurrection.

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  2. et oui...

    enfin, nous fallait-il être bien naïf pour espérer croire que l'on tiendrait compte du refus des citoyens français.

    sarkozy n'a jamais caché qu'il était partisan de la constitution européenne, il fallait y penser en le plaçant à la tête de l'état!


    je reprend à mon compte cette célèbre maxime: ne vote plus, prépare la révolte!

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  3. MIP: mouvement d'insurrection populaire...

    Vous êtes prêts?

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  4. http://horizons.typepad.fr/accueil/2007/10/le-trait-modifi.html#more

    Un autre point de vue, bigrement intéressant...les perdants juridiques sont les vainqueurs idéologiques.

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  5. on s'en fout d'être prêt. quant faut y aller.

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