21 juillet 2007

Jean-François Lefebvre ou la barre de vivre



Comme toute religion l'athéisme a aussi ses martyrs, comme Le Chevalier de La Barre.


L’ Affaire du Chevalier de La Barre (aka Jean-François Lefebvre) constitue avec l’ Affaire Calas et Sirven (Alfred), l’un des grands évenements amorçant le processus de "déchristianisation" de la France au XVIII e siècle.C’est en août 1765 que les très pieux habitants d’ Abbeville (sic) dans la Somme, constatent qu’un crucifix du Pont-Neuf a été abîmé.

Après quelques atermoiements, on finit par soupçonner un gentilhomme de dix-neuf ans, Jean-François Lefebvre dit le Chevalier de La Barre, déjà inquiété pour des propos impies et pour ne pas avoir accepté de se découvrir lors du passage d’une procession.La condamnation du tribunal d’ Abbeville le 28 février 1766 est sans appel : le Chevalier de La Barre est condamné à avoir un poing coupé, la langue arrachée et à être brûlé vif, après des aveux sous la torture et la découverte du Dictionnaire philosophique du négrier Voltaire et d’autres livres licencieux chez lui (Anna Gavalda, Pascal Sevran, Marc Lévy...et autres ouvrages érotiques)

Le Chevalier de La Barre essaie de se défendre tant bien que mal devant ce procès irrégulier en interjetant devant le Parlement de Paris, qui lui accorde, dans sa grande clémence, d’être décapité avant d’être brûlé le 1er juillet 1766 par quinze voix contre dix. En outre, Voltaire est clairement visé durant le procès par le rapport du conseiller Pasquier (Charles) qui appelle l’autodafé du Dictionnaire philosophique mais aussi l’éradication de son auteur "que Dieu demande en sacrifice".

L’arrestation du philosophe en tant qu’instigateur de cette profanation est donc réclamée , ce dernier se réfugie au pays de Vaud (en Suisse près de Lausanne...bien avant Johnny) puis demande asile auprès du "despote éclairé"(un souverain que l'on voit de loin) Fréderic II le Grand, roi de Prusse.

De son exil, Voltaire tel BHL s’élève contre l’iniquité et la cruauté de ce procès réclamant la révision de ce dernier, comme il l'écrit dans sa lettre à M. Le Comte d’Argental :

L’atrocité de cette aventure me saisit d’horreur, et de colère. Je me repens bien de m’être ruiné à bâtir et à faire du bien dans la lisière d’un pays où l’on commet de sang-froid, en allant diner, des barbaries qui feraient frémir des sauvages ivres. Et c’est là ce peuple si doux, si léger et si gai ! Arlequins anthropophages ! je ne veux plus entendre parler de vous.

Le philosophe ne réussit pourtant pas à faire réviser le jugement, malgré ses protestations et la demande de réhabilitation, dans les cahiers de doléances, du chevalier par la Noblesse de Paris.

En fait, il faut attendre La Convention en 1793 pour que le Chevalier de La Barre soit réhabilité avant d’être élevé à la figure de victime du fanatisme catholique au XIX e siècle. Le mirifique Max Gallo (ah, ah) a également consacré un ouvrage à ce sujet
Que passe la justice du Roi : vie et supplice du chevalier de La Barre, Robert Laffont, 1987.

1 commentaire:

  1. « Je ne savais pas que l’on pouvait mettre à mort un gentilhomme pour si peu de chose. »
    Le chevalier de La Barre lorsqu’il apprit sa sentence.

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