26 mars 2007

Nom de code : Nina

Longtemps je suis passé à coté de Nina Simone. Envouté par ma Lady Day Billie Holiday, échaudé par My Baby just cares for me tube exhumé en 1987 pour les besoins d'une publicité pour parfum pas vraiment bon marché, en rotation lourde sur les playlists des radios et sur le magnétophone familial au point de finir par me faire rejeter cette tentative de greffe forcée. Jusqu'en 2002, grâce à l'album Quality du B.boy made in Rawkus : Talib Kweli et son single so soul Get By. Déjà un morceau citant Lennon et Macca partait forcément avec un a priori favorable de ma part. Puis comme pour tout bon morceau de rap essayons de découvrir qui notre B.Boy a pillé pour faire son beurre. La claque. Cette voix rauque, ce chant habité, c'est Nina Simone. C'est Sinnerman. C'est ça :



Et depuis Nina n'a plus quitté ma platine, à coté de sa grande soeur Billie.

Sinnerman c'est tout Nina Simone en une chanson, la volonté de s'élever, la course vers Dieu qui n'entend pas et le Diable qui lui reste toujours présent, qui attend, qui sait qu'invariablement la dame retombera de son côté, ce qui ne manquera pas d'arriver entre ségrégation, alcool, drogues, maris et producteurs véreux.

La musique des anges et la musique du diable.

C'est qu'elle aurait bien voulu jouer la musique des anges la petite Nina, elle était même programmée depuis sa plus tendre enfance pour ça. Avant de se tourner vers la musique du diable tout simplement pour subsister.

Née Eunice Kathleen Waymon, le 21 février 1933 en Caroline du Nord,Nina Simone est fille de pasteurs méthodistes avec pas moins de 7 frères et soeurs. La petite fille développe rapidement des dons de pianiste prodige, dons encouragés par sa mère qu'elle accompagne au piano à l'église et qui lui fait prendre des leçons dès l'âge de six ans. Un entrainement acharné, de tous les instants avec pour but d'intégrer le prestigieux Curtis Institute de Philadelphie et devenir la première concertiste classique noire en Amérique. Portée par sa prof de piano qui va jusqu'à lever des fonds pour permettre à sa protégée d'atteindre son objectif. Malheureusement à l'heure de la ségrégation, Nina se verra refuser l'intégration de la prestigieuse école de musique blanche. Qu'à cela ne tienne, on l'empêche de devenir concertiste, elle sera pianiste, chanteuse, auteur,compositeur, interprète, écrivain, engagée politiquement,une grande dame du Jazz, du Blues de ce que sa mère appelait la musique du diable et qu'elle appelait la musique classique noire.


Nina69
envoyé par eliewood

3 commentaires:

  1. Moins c'est haineux, mieux c'est!
    Qu'est-ce?

    HF.

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  2. tout juste! et tu pouvais pas trouver mieux que le Sinnerman, de loin la plus hantée de ses compositions. En revanche c'est vrai que Billie Holiday je ne connais pas grand chose de son travail, mais après ton post l'Emule risque de chauffer sévère ce soir... Tu devrais publier plus dans la catégorie musique, sûr que t'as des masses de trucs à nous faire découvrir...

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  3. Je connaissais Four women, mais pas Sinnerman et je dois dire que je suis scié. Merci Gaby pour la découverte, ça rivalise presque en intensité avec le Strange Fruit de Billie (imbattable à ma connaissance).

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