26 février 2007

White Jazz

Les journalistes à ma porte, en train d'engloutir leur repas sur le pouce.
La bagnole garée à l'arrière de la maison, une fenêtre de chambre, je force un peu. Du bruit-les journalistes qui baratinent sur ma petite histoire. N'allume pas, reste dans le noir, entrouvre cette fenêtre, et parle, parle, que la bombe allumée par Meg ne te saute pas à la figure.




D'emblée : je suis boche, pas juif-le blaze de mon vieux s'est retrouvé raccourci à Ellis Island.38-le LAPD; 42-les Marines.Service dans le Pacifique, retour au LAPD en 45. Le chef Horrall démissionne; William Worton le remplace-général de division du Corps des Marines, brillant comme un sou neuf, pas nue tache. Semper Fi, toujours fidèle : il constitue une brigade de casseurs, tous ex-Marines. Esprit de Corps : on brise les grèves, on tabasse les libertés sur parole qui la ramène un peu trop, direction la prison.

Fac de droit, petits boulots en free-lance-la loi sur les GI ne couvre pas les frais de l'USC. Récup d'impayés, collecteur de fonds pour Jack Woods-"le redresseur". Employé de Mickey C. : conflits syndicalistes réglés par la force, à la trique. Hollywood qui m'appelle-je suis grand, je suis beau.

Que dalle, mais ça mène au vrai boulot. Je mets le Hola à une arnaque sur Liberace-deux bougnoules bien montés, chantage avec clichés à la clé. J'ai mes entrées-Hollywood, Mickey C. Je réussis le Bureau, je passe sergent. Je réussis le barreau, je passe lieutenant.

Sans Charres. Tout est vrai.

J'ai fait mes 20 ans le mois dernier-vrai. Ma part Redresseur m'a payé mes taudis-vrai. J'ai été au pieu avec Anita Ekberg-Faux. Les conneries ont pris le relais du baratin; la discussion est passée à Chavez Ravine. Fermer la fenêtre, essayer de dormir.

Meg qui dit non, pas question.

Soulever le chassis de la fenêtre-pasde journalistes. La télé : que des mires de réglage, rien d'autre. Eteindre la caisse, reprendre le fil, depuis le début, dormir peut-être.

Toujours là, présent, mal, mal à faire peur-nous nous sommes touchés l'un l'autre trop longtemps pour le dire. Grâce à moi les poings du vieux ne l'ont pas touchée; c'est grâce à elle que je ne l'ai pas tué. A l'université ensemble, la guerre, les lettres. D'autres hommes, d'autres femmes, foirage sur toute la ligne.

Années bagarre-"le Redresseur". Meg-un pote, une amie et une associée pour les récup d'impayés. UNe passade avec Jack Woods-j'ai laissé filer. Les études qui me bouffaient tout mon temps-et Meg qui s'éclatait en solo. Pour finir par tomber sur deux truands : Tony Trombino, Tony Brancato.

Juin 51-mort de nos parents-accident de voiture.

Les tripes, la volonté...

Une chambre d'hôtel-Franz et Hilda Klein enterrés de frais. Nus, rien que pour voir. L'un sur l'autre-à se gouter, à mi-recul à chaque fois.

C'est Meg qui a coupé court-sans finir, rien. A tatons : vêtements, paroles, extinction des lumières.

Moi je voulais toujours.

Pas elle.

Elle est devenue dingue avec Trombino/Brancato.

Jack DRagna m'a montré une photo : Meg-bleus sur le corps, marques, suçons-confirmation pour Trombino/Brancato.

Confirmation-ils avaient braqué un clandé de la pègre, une partie de dés.
Cinq bâtons-tu les effaces-j'ai dit oui.

J'ai monté le coup-prêts pour un nouveau braquage-on se fait le clandé de paris sur canassons. 6 août, 1648 N. Ogden-les deux Tony dans une Dodge 49. Se faufiler en douce sur la banquette arrière, avant de leur faire sauter la cervelle.

GUERRE DES GANGS à la une-la première gâchette de Jack DRagna embarquée vite fait. Son alibi : le prêtre de la paroisse de Jack D. Un non-résolu chez les truands-que tous ces putains de ritals se massacrent les uns les autres.

Réglé-cinq bâtons-avec en prime, un enregistrement : un mec qui gueule en furie contre les raclures qui ont fait du mal à sa soeur. La voix de DRagna - complètement effacée. La mienne : "Putain, mais je vais les tuer. Je vais te les tuer gratis".

Mickey Cohen m'a appelé. Jack a dit que je devais à l'Organisation-ma dette passerait casher en échange de quelques petits services. Jack appellerait, je serais payé-les affaires, c'est les affaires.

Coincé, pris à l'hamecon.

Coup de fil :
2 juin 53 : efface un chimiste préparateur de came.
26 mars 55 : efface deux bougnoules qui ont violé la femme d'un truand.
Septembre 56 : rumeur, Jack D.- malade du coeur, en piteux état.
Coup de fil au bonhomme.
Jack D. : - viens me voir.

Motel en bord de plage - le baisoir rêvé, tout pour le dernier voyage - gnôle, porno, putes dans la piaule d'à côté.

A le supplier : annule ma dette.

Jack : - Les putes font des machins lezbo.

Arrêter de le supplier - pour l'étouffer sous l'oreiller.

Verdict du coroner : crise cardiaque.

Sam Giancana - mon nouveau correspondant. Avec Mickey C. pour homme de paille : et en échange, petits services, petits boulots d'effacement.

Meg a senti quelque chose. Lui étouffer son rôle dans l'histoire, à force de mensonges, endosser toute la culpabilité.

James Ellroy, White Jazz, quatrième tome du Quatuor de Los Angeles

5 commentaires:

  1. Sept mois pour avoir ce post ! yeah !

    RépondreSupprimer
  2. Big up!!! Fouquy!
    Tu devrais essayer "La Famille Royale" de William T. Vollmann, ici on en rêve encore.

    un lien parmi d'autre mais crois moi tu peux y'aller les yeux fermés.

    http://www.fluctuat.net/1886-Dans-la-hotte-de-Myosotis-Livres

    RépondreSupprimer
  3. ah le brave Antiph !
    pas trop serrée la camisole ?

    RépondreSupprimer
  4. T'as plus que ça à foutre Gaby ? Recopier du Ellroy ?

    RépondreSupprimer