14 octobre 2006

Mohamed a tout compris au capitalisme !


En 1983, lorsque Mohamed Yunus fonda Grameen, sa banque de microcrédits pour les pauvres de son pays, le Bangladesh, tout le monde s’est foutu de sa gueule et lui présidait une banqueroute dans les deux années à suivre. Vingt quatre ans après son entreprise est deux fois plus rentable que les établissements bancaires traditionnels, ses petits prêts ont sortis des millions de femmes de la misère et on vient de lui décerner, ainsi qu’à sa banque, le Prix Nobel de la Paix.
C’est qui l’patron ?




Il a trente ans, lors de la terrible famine qui ravagea le Bangladesh en 1976, Mohamed se trouvait dans le petit village de Jobra et il fut touché par une femme qui, pour vivre, fabriquait des tabourets en bambou. Elle lui expliqua que comme elle n’avait aucun bien, la banque locale lui avait refusé un prêt et qu’elle s’était tournée vers des usuriers dont les exorbitants taux d’intérêts de remboursement mangeaient tous ses bénéfices. Mohamed Yunus, alors professeur d’économie rurale à l’université de Chittagong, lui prêta 27$ de sa poche.

Ce jour là, il en fit de même pour d’autres villageois, leur permettant ainsi d’acheter des outils et autres matériaux. Il fut surpris de découvrir que ses emprunteurs, principalement des femmes, remboursaient leurs dettes dans leur intégralité et à temps.



Durant des années il alla de village en village proposer ses petits prêts puis, en 1983, il fonda la Grameen Bank et révolutionnait les codes bancaires en ne prêtant qu’aux gens les plus pauvres, principalement des femmes, sans bien ou garantie. Ce fut un succès immédiat, aussi bien humain que financier.



Aujourd’hui, sa banque compte six millions six cent dix mille emprunteurs (dont 97% de femmes) et a un taux de recouvrement de 98.5% alors que le taux des banques traditionnelles va de 45 à 50% seulement. L’établissement Grameen a fait 15 millions de dollars de bénéfices l’année dernière mais plus qu’un succès bancaire, c’est une véritable victoire de l’émancipation des femmes car, en 25 ans, ses prêts ont permis à près de cent millions d’entre elles d’avoir accès à la santé et à l’éducation mais également à une indépendance qui leur était jusqu’alors inconnue.



C’est la première fois qu’un citoyen du Bangladesh reçoit un prix Nobel. La prime de un million quatre cent mille dollars ira pour moitié à Mohamed, pour l’autre à l’établissement bancaire ce qui lui permettra d’aller encore plus loin dans sa révolution capitaliste. Ce fils d’orfèvre au grand cœur, né dans le Bengale Oriental en 1940, a récemment déclaré :
Un jour, nos petits enfants iront dans les musées pour voir ce qu’était la pauvreté.
Et pourquoi pas ?


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