2 août 2006

Dead Can Dance by Céji l’ancien.


J'ai trouvé ce manuscrit loin du côté de la mer morte.
Une chronique de concert d'un groupe trop rare. Dead Can Dance le temps d'une reformation ça ne se refuse pas.




Soirée évènement au Palais des Congrès lundi 14 mars, ceux qui font danser les morts on stage : Dead Can Dance, le mythe culte de la world music...

Salle comble pour cet événement. Quelque looks gothiques, peu de jésuites, ou en civil… Peu de folklore, malgré une grosse proportion de perfectos... Côté scène, l’indicible.

Lisa Gérard, ange blanc de lumière, dès les premiers sons de sa messe transperce les âmes spectatrices. Réverbe au max pour une déification de son incroyable voix qu’elle lâche dans son langage à elle, véritable idiome cabalistique, secrètement et directement branchée sur les cœurs et les têtes. Impossible d’échapper à la foule d’émotions suscitées : chamboulant. Brendan Perry de sa voix sereine, minérale, préserve les spectateurs des crises mystiques hystériques, des transes suggérées par Lisa la rousse et sa voix ange-et-démoniaque. Dead can dance : un équilibre harmonique des voix, une diphonie de papes pop, de ces chamans rocks, ces néo-druides.



La musique, impeccable, implacable, rythmiques tribales, sonorités celtiques, arabisantes, obscures, célestes, gothiques, médiévales, macabres, lugubres, luminescentes, satanistes, divines, de l’homme… Formidable synthèse sonore, minutieuse, métissée. Un voyage dans l’espace et le temps… Alternance des chansons profondes, inquiétantes, mystérieuses, avec les plus lumineuses, véritables épopées, pour des imaginations qui chevauchent, cavalcadent… Larmes de joie dans les consciences, « and the past is now your future… ».

Le groupe après chaque performance, impose un silence de cathédrale au palais impie de son congrès, sa prédication, ses complaintes, ses cris d’amour brisé, ses prières pour la vie et les morts... Tension des attentions, palpables dévotions, méditations, toute la salle towards the within, recueillie… Qui est arrivé le premier ? L’œuf ou le serpent ?








Les chansons des Deads, une liturgie multi-monothéiste, bouddhiste, animiste, ensorcelante, des célébrations de l’espoir, la tristesse, la joie, le feu, l’ombre, les brumes, le feu dans l’ombre des brumes… Une présence incandescente qui plane, les spectres soudain denses, les danses intenses de nos morts en vie...

Moments forts, avec « The wind that shakes the barley », a capella Lisa sur des mots de l’emblématique poète irlandais Joyce, « The ubiquitious Mr Lovegrave », Yulunga morceau imposant avec envolée aérienne gérardienne, un deep impact, et pour clore, Lisa, sans artifice, qui s’est faite douce, maman de tous, pour une ultime berceuse « don’t be afraid, close your eyes ». Ouf ! Mot de la fin qui nous sauve du vertige, de l’appel du vide : « Sleep ». Emouvant… Eclatant. Merci.

Un groupe magique, impressionnant. Un groupe à se faire brûler pour sorcellerie, empreint d’une piété, d’une ferveur divine universalisante : la peur amoureuse de Dieu. Vertigineux, à couper le souffle d’une trop haute altitude, aux confins des profondeurs de chaque intérieur. Dead can die d’amour.



2 commentaires:

  1. Ce groupe est d'une qualité et d'une originalité exceptionnelle ce qui est bien rare à notre époque où la médiocrité artistique est devenue monnaie courante.

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  2. euh comment dire ? ce texte m'a réellement donné des frissons...

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