13 mai 2006

De l'utilité de la guillotine

"L'une des grandes victoires de la Révolution, reprend Couthon, c'est l'égalité absolue de tous les citoyens de la République devant la mort.

La révolution a mis fin à l'arbitraire de la monarchie où certains Français treminaient leur vie sur la potence, d'autres sur le billot, d'autres encore sur la roue. A présent, tous les républicains sont égaux face à la mort. Aucun privilège, on ne meurt que par la guillotine. La guillotine a mis fin au vandalisme des tyrans. Elle est devenu un symbole effrayant, mais sacré, de l'unité de la patrie, un signe du consensus social pour la mise à éxécution du verdict. Elle a rendu le supplice uniquement public, car la Révolution ne tue pas ses ennemis dans la vile obscurité. Elle a remplacé la trivialité du jugement et la vulgarité des avocats par l'unanimité de la Convention et confronte les ennemis du peuple a son mortel éclat."
[...]
"Enfin, conclut Couthon, le vulgaire couteau du boucher ne fait qu'achever l'homme. IL ne tue pas l'idée. Tandis que la guillotine, elle, ne fait que détruire les idées, le tribunal révolutionnaire ne s'intéresse pas à l'homme. Qui dira que la Convention tue? La Convention ne fait qu'éloigner ce qui peut faire obstacle à l'idéal du salut public. Si j'envoie un seul homme à l'échafaud, qu'on m'arrête immédiatement comme ennemi de la patrie, qu'on me condamne à mort. J'accueillerai le verdict en disant : vive la Révolution!".

Extrait de "La tête de Gogol" de Anatoli Koroliov. Chez Calmann_Lévy.

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